ALBERTVILLE (AFP) - L'équipe cycliste danoise CSC a élaboré un fichier sur les journalistes, démarche qui a provoqué la colère du président de l'Association internationale des journalistes de cyclisme, Gilles Le Roc'h, présent sur le Critérium du Dauphiné Libéré, samedi à Albertville (centre-est).

Le nouveau responsable de l'AIJC a tenu ces informations de l'intérieur même de la formation scandinave dirigée par Bjarne Riis, l'ancien vainqueur du Tour de France 1996.

"Ce dernier a mis en place un fichier sur les journalistes, photos à l'appui, de manière à permettre à l'ensemble de l'équipe de savoir si l'on a affaire à un journaliste ami, compatissant, embêtant ou dangereux", a expliqué Gilles Le Roc'h.

"Il s'agit là d'une sélection arbitraire, à l'encontre de la loi française qui interdit les fichiers dans un cadre professionnel. Cette méthode opaque est inadmissible, surtout de la part d'un homme donnant des leçons à tout le monde", a-t-il ajouté.

Le journaliste en a informé, par téléphone, le président de l'Union cycliste internationale (UCI), Hein Verbrugghen, il y a trois jours, lequel s'est emparé de cette affaire, tendant à pénaliser, en particulier, les médias faisant la part belle au dopage dans leurs colonnes.

Cette nouvelle a quelque peu secoué le milieu de la bicyclette au départ de l'épreuve ProTour organisée par Thierry Cazeneuve, président de la Ligue française du cyclisme professionnel (LNCP) et lui-même... journaliste au quotidien régional Dauphiné Libéré (Paris-Roubaix, Tour de France et championnat du monde).

"C'est une méthode surprenante qui mérite entretien et enquête, a souligné celui-ci. J'en suis, à première vue, atterré. La profession doit opposer un front de refus de cette pratique".

Côté directeurs sportifs, les commentaires étaient plutôt critiques. "Bjarne Riis est un garçon organisé mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne publicité pour l'employeur" (le Français Marc Madiot, de la Française des Jeux) ou "c'est une stratégie de communication maison, dommageable, que je n'approuve pas. Elle n'engage que lui (le Français Vincent Lavenu, d'AG2R)".