SAINT-GALMIER, France - Le Belge Philippe Gilbert a signé un grand numéro dans la 2e étape du Critérium du Dauphiné Libéré cycliste, mardi entre Bourgoin-Jallieu et Saint-Galmier (Loire), en endossant le maillot de leader sur une étape qu'il a dominé de la tête et des épaules.

Le coureur de 23 ans de la Française des Jeux a été impérial tout au long d'une journée plutôt ensoleillée empruntant des routes valonnées. Il n'aura finalement manqué d'efficacité qu'une fois la ligne passée, 5 minutes 19 secondes avant le Français Samuel Dumoulin (2e).

Ce Wallon d'un commerce pourtant agréable a en effet connu des problèmes pour uriner dans le camping-car de contrôle anti-dopage. Un comble dans une station thermale!

Mais, il était tout de même écrit que tous les éléments seraient réunis pour que Philippe Gilbert, grand espoir du cyclisme mondial, parvienne à ses fins à 414 mètres d'altitude. La banderole n'était-elle pas tendue près d'un bistro se recommandant: "restaurant Belge... au Manneken-Pis... Chez Gilbert".

Toutefois, la cavale s'est produite par le plus pur des hasards. Marc Madiot avait flairé l'occasion favorable après une heure de course.

Alerté par oreillette, Sébastien Joly, musardant alors en milieu de peloton, a, sur le champ, décidé au 44km de se porter aux avant-postes, entraînant Gilbert dans sa roue.

Colère de Madiot

Le vainqueur du Het Volk n'était pas programmé pour le début de course. Son rôle consistait plutôt à s'employer sur la fin où les deux côtes de Brioude (718m) et de Duerne (811m) devaient servir de juge de paix.

Joly a remonté à vitesse grand "V" et s'est dit qu'il y avait peut-être un coup à jouer, "à cinq ou six", s'il poursuivait son effort. Seuls son leader, magnifiquement calé, et Cédric Vasseur, un temps capitaine de route eu égard à son expérience, ont pu suivre.

L'Ardéchois a alors formidablement payé de sa personne pour creuser un écart maximal à 7 minutes 40 avant de constater qu'il serait un peu juste. De ce fait, il a proposé à ses deux compagnons de "rouler à fond pendant 30 kilomètres avant de "les laisser", pour assurer le succès de l'entreprise.

A sa grande stupéfaction, Vasseur le Nordiste, ancien maillot jaune du Tour de France, n'a pu suivre le rythme dans la montée de Brioude (km 150). Ayant magnifiquement rempli son contrat, Joly devait lâcher prise dans l'ultime bosse (km 174), laissant s'envoler Philippe Gilbert vers son 2e succès de la saison, le 11e en 2006 pour l'équipe au Trèfle à Quatre Feuilles.

"Je suis cuit", a lancé, ivre de bonheur, le lauréat en direction de son mentor Marc Madiot, déjà aux anges. Mais, l'allégresse stoppait nette dès lors qu'un journaliste lui demandait son sentiment sur le nouveau scandale, espagnol, secouant le cyclisme.

Le double vainqueur de Paris-Roubaix s'est alors emporté. "On s'en fout. Ce qui m'intéresse, c'est la victoire. Vous n'allez pas commencer à me bouffer mon plaisir à cause de cons, fuminait-il. On est là pour faire du vélo et le réglement est le même pour tout le monde".
"Laisser-nous le plaisir de boire le champagne quand on gagne, s'emportait-il. On veut profiter du moment. Cela n'arrive pas si souvent..."