MORZINE (AFP) - Seul un prénom suffit à donner des couleurs aux aficionados français, sportifs de tous bords, dès l'instant où il convient de faire vibrer la corde patriotique: Richard, par moment aussi célèbre, aimé et adulé que peut l'être Zinédine Zidane, l'autre vedette nationale.

L'un, "Zizou", s'exprime surtout pendant l'année, ballon rond au pied. L'autre, l'été venu. Richard Virenque, pétillant tempérament d'1,79 m pour 65 kg, est en effet toujours présent au rendez-vous de la chaleur, une exactitude qui peut constituer un comble pour un homme n'ayant pas une attirance particulière pour l'épreuve contre-la-montre.

Mais il peut également surgir lorsqu'on ne l'attend pas. Qui a oublié son éblouissant morceau de bravoure dans Paris-Tours, en octobre 2001, au terme d'une échappée au long cours avec le peloton chauffé à blanc lui brûlant les fesses?

Les premiers rayons du soleil pour complice, il apporte donc un bonheur aussi réconfortant que ce premier brin de muguet au printemps que l'on tend aux mamans. Le Tour de France est son violon d'Ingres, la montagne son élément, et les spectateurs, de toute condition et de tout âge, son moteur.

Les pois rouges

Grâce à une incommensurable popularité due à ses succès à Morzine ou au Mont-Ventoux, sur ce chaudron des sorcières qu'il avait domestiqué l'an dernier, Richard Virenque empourpre le bord des routes où se dressent à l'annonce de son passage une nouvelle variété de fleurs: les pois rouges.

Le Français qui, un temps, s'était expatrié en Suisse, les collectionne sur les maillots. Cinq tuniques pigmentées, récompensant le meilleur grimpeur (en tous les cas le plus régulier), trônent dans sa villa au côté de ce maillot jaune qu'il avait brièvement revêtu, il y a déjà onze ans, du temps où il était chez RMO avec Christian Rumeau qu'il voit toujours.

Car la fidélité est aussi un credo chez Virenque (33 ans) qui n'a pas hésité à suivre Patrick Lefévère de Domo à Quick Step, parce que le Belge lui avait fait confiance à un tumultueux tournant de vie où il eut besoin d'un peu de chaleur au coeur après que les affres de l'affaire Festina de 1998 l'eurent poursuivi chez Polti.

Virenque peut bien jouer les figurants - un rôle qu'il n'aime pas tenir eu égard à son tempérament fougueux le propulsant souvent en milieu de scène -, comme lors du dernier Critérium du Dauphiné, il resterait quand-même "Richard", que rien ne saurait déboulonner de sa stèle.

C'est sans doute pour cela que le champion a toujours un sourire à offrir et une petite seconde pour griffonner affectueusement: "à vous, amicalement".