ANS, Belgique (AFP) - L'attaque a payé en faveur du Kazakh Alexandre Vinokourov, qui a renversé dimanche la "Doyenne" des classiques cyclistes, Liège-Bastogne-Liège, au bout de 260 kilomètres.

Pour son premier succès dans un "monument", le deuxième dans une classique après l'Amstel Gold Race 2003, "Vino" a trouvé l'aide nécessaire auprès du plus grand baroudeur du peloton, l'inépuisable coureur allemand Jens Voigt.

Dans la côte de la Vecquée, à quelque 55 kilomètres de l'arrivée, Voigt a pris les devants à l'occasion de l'un des nombreux mouvements offensifs d'une course très animée. Trois kilomètres plus loin, il a été rejoint par Vinokourov, trop heureux de pouvoir s'appuyer sur un pareil compagnon.

"Il est incroyable. C'est un Boeing quand il roule devant !", a applaudi Vinokourov après l'arrivée, tant Voigt s'est montré généreux et surtout efficace dans l'effort.

Dans sa progression, le duo n'a jamais compté un avantage supérieur à 1 min 20 sec. Mais il a toujours cru en ses chances même quand le premier groupe de poursuite s'est rapproché à moins d'une trentaine de secondes au sommet de la côte de la Redoute, à 32 kilomètres d'Ans, sur une accélération de l'Espagnol Miguel Angel Martin Perdiguero.

Un autre podium pour Boogerd

Bien en a pris aux deux attaquans puisque la temporisation prévisible dans ce petit peloton leur a permis de creuser de nouveau l'écart. Avec plus d'une minute d'avance au pied de Saint-Nicolas, où la route s'élève à travers le quartier italien de Liège (Little Italy), le plus dur était fait et la réaction de l'Australien Cadel Evans et du Néerlandais Michael Boogerd trop tardive.

Boogerd s'est dégagé ensuite dans la large rue montant par paliers jusqu'à l'arrivée pour assurer sa place sur le podium, comme à l'habitude (2e en 2004, 3e en 2003 et 2005). A l'avant, les deux échappées ont eu le temps toutefois de se disputer la victoire après une tentative sans lendemain de Vinokourov de décramponner Voigt dans Saint-Nicolas.

Habilement, le Kazakh s'est placé dans le sillage de son compagnon pour aborder à la corde le dernier virage. Il a lancé aussitôt le sprint aux 220 mètres et a tenu bon jusqu'à la ligne pour signer la première victoire de l'équipe T-Mobile depuis le début de l'année.

"J'ai attendu longtemps cette victoire", a reconnu "Vino" en racontant que son soigneur de l'époque lui avait annoncé, lors de sa première participation (sous le maillot de l'équipe française de Vincent Lavenu), qu'il gagnerait un jour la "Doyenne".

Di Luca en retrait

A 31 ans, le Kazakh, établi à Monte-Carlo, est devenu un personnage de premier plan du peloton, l'un des candidats à la victoire dans les classiques mais aussi dans les grands tours. Si "Vino" a dérogé cette année à ses habitudes, en restant sur la réserve en début de saison, c'est d'ailleurs pour préserver des forces dans l'optique du Tour de France, une course qu'il avoue avoir constamment en tête.

La "Doyenne", qui vient en conclusion des classiques du printemps, est apparue régénérée par la réintégration de la côte de la Haute-Levée après plusieurs années d'absence. Sur cette dure pente, l'Italien Danilo Di Luca, l'irrésistible vainqueur des deux courses précédentes (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne), a donné des premiers signes de faiblesse, confirmés ensuite dans la côte de la Redoute où il a souffert de crampes. Avant de terminer à la 27e place, à plus de trois minutes.

"J'ai senti tout de suite que je n'étais pas dans un bon jour", a expliqué Di Luca, le grand favori au départ. Maigre consolation, il a gardé le maillot blanc de leader du ProTour qu'il escompte bien arborer pendant le Giro, à partir du 7 mai.