VALLOIRE (France) - Les Italiens Giovanni Visconti et Vincenzo Nibali, tous deux Siciliens, se sont partagés les honneurs dans les champs de neige du Galibier où est arrivée dimanche la 15e étape du Giro.

Visconti, originaire de Palerme, s'est adjugé un prestigieux succès d'étape, tout près de la stèle dédiée au grimpeur italien Marco Pantani, qui avait attaqué à cet endroit, à 4,2 kilomètres du sommet du col, pour s'en aller gagner le Tour de France 1998, celui de l'affaire Festina.

Nibali, natif de Messine, a assuré un peu plus le maillot rose qu'il porte depuis la 8e étape. Le « Squale » a supporté le froid, la neige tombant sur les derniers kilomètres, sans rien céder à ses adversaires qui... ne l'ont pas attaqué dans la montée du légendaire col des Alpes françaises.

L'étape, raccourcie la veille de ses 4 derniers kilomètres, a toutefois donné lieu à une course éprouvante à cause du mauvais temps. Épuisé à l'arrivée, Visconti a mis de longues minutes pour récupérer de l'effort total qui lui a permis de préserver une quarantaine de secondes sur le Colombien Carlos Betancur, deuxième pour la troisième fois (!) depuis le départ du Giro.

À l'arrivée, le triple champion d'Italie a évoqué sa dernière année très difficile. En proie à un blocage psychologique après avoir connu une défaillance dans une étape du Giro, il avait dû se reconstruire dans l'attente de renouer avec les succès auxquels il s'était habitué les saisons précédentes (32 victoires depuis ses débuts en 2005).

Nibali de plus en plus rose

« Aujourd'hui, j'ai pensé à ma famille, à mes enfants, qui sont ma vie, mon oxygène. Si j'ai gagné, c'est grâce à eux », a déclaré le coureur de l'équipe Movistar, la formation espagnole qu'il a rejointe en 2012. « Dans ce Giro, je voulais me retrouver dans une échappée pour gagner une étape mythique ».

Visconti a souligné aussi être né le même jour (13 janvier) que Pantani, dont la légende de grimpeur ailé reste très vivace dans le cyclisme italien malgré sa déchéance (toxicomanie) et son tragique décès, le 14 février 2004.

Nibali lui aussi a évoqué le défunt Pirate. Le porteur du maillot rose a dressé aussi et surtout le « bon bilan » d'une journée qui a marqué un peu plus les organismes déjà mis à l'épreuve la veille par la pluie, le froid et la neige.

Deux de ses coéquipiers, les Italiens Valerio Agnoli et Fabio Aru (rétabli de ses problèmes de santé), ont dicté l'allure dans le Galibier que Visconti avait abordé avec près de trois minutes d'avance après avoir distancé ses compagnons sur les pentes du Télégraphe, à 23 kilomètres de l'arrivée.

Nibali a même accéléré aux 1900 mètres sans parvenir à distancer ses rivaux, l'Australien Cadel Evans et le Colombien Rigoberto Uran, qui ont franchi la ligne dans son sillage. « J'ai préféré contrôler », a commenté l'Italien qui, avec un avantage intact sur ses adversaires (1 min 26 sec sur Evans et 2 min 46 sec sur Uran), se sent de plus en plus rose.