VALENCE - Pendant que les 11 challengeurs s'empoignent dans les éliminatoires de la Coupe Louis Vuitton, Alinghi, qui remettra en jeu sa Coupe de l'America à partir du 23 juin à Valence (est), continue, malgré le vent faible, à développer ses bateaux et à garder son équipe navigante sous pression.

"D'ici au 23 juin, nous avons un triple objectif: effectuer des tests sur nos deux bateaux SUI 91 et SUI 100, maintenir sous pression l'équipe navigante et suivre les adversaires potentiels sur la Coupe Louis Vuitton": Pierre-Yves Jorand, le coach de l'équipe suisse, n'a donc pas le temps de s'ennuyer.

Ancien skieur professionnel -avec un record à 225 km/h au kilomètre lancé- puis voilier de formation, Pierre-Yves Jorand a rejoint Alinghi en 2001.

"Mon travail varie en fonction des phases dans lesquelles on se trouve. En période de test, comme en ce moment, je passe mon temps à lire les informations sur le chase-boat, à essayer d'unifier les réglages, trouver des réglages optimums en suivant les deux bateaux. Je suis un peu l'oeil extérieur par rapport à l'équipe navigante", explique ce "passionné de vitesse".

Mais le vent qui fait des siennes depuis le début de la Coupe Louis Vuitton (seulement deux jours de régates depuis une semaine), contrarie aussi l'équipe d'Ernesto Bertarelli.

Quille mobile

"On a un programme de développement à mener. Ne pas pouvoir naviguer dans des conditions proches de la compétition est embêtant, mais ça l'est bien plus pour les challengeurs", souligne-t-il.

Il reste exactement deux mois à la formation helvétique pour d'abord choisir le voilier chargé de défendre la coupe remportée à Auckland en 2003. "Le choix du bateau est encore complètement en balance. Nous disposons de deux très bons voiliers construits sur la base d'une excellente plate-forme, SUI 64 sur lequel nous avons remporté la Coupe en 2003. SUI 100, le dernier né est encore un peu plus abouti. Mais il n'a que quelques jours de mer dans le ventre, il est important pour nous de le tester dans différentes conditions et configurations", confie M. Jorand.

Parmi les tests que mènerait Alinghi, les rumeurs de pontons évoquent une quille mobile qui oscillerait de quelques degrés pour un net gain de vitesse. Mais le règlement prévoit que les appendices majeurs doivent rester fixes. Une interprétation du texte n'est cependant pas exclue. C'est dans ce sens que les jaugeurs de la compétition ont été saisis de plusieurs questions (dont les auteurs doivent rester anonymes) sur l'interprétation de l'article 22 du règlement, relatif à la jauge.

"Un moteur de V8 sur une Mini"

Certains observateurs ont cru voir un espace masqué à l'endroit où le voile de quille rejoint la coque sous SUI 100. Mais selon d'autres, SUI 100 serait en fait le bateau expérimental d'Alinghi. Selon la Tribune de Genève qui cite un designer néo-zélandais, cette quille mobile serait une hérésie: "Une quille à déplacement latéral, c'est comme mettre un moteur de V8 sur une Mini".

"Il y a effectivement des développements encore en cours sur les deux mois qui nous restent, notamment sur les appendices et les voiles", confirme M. Jorand, sans en dire plus.

L'autre grande interrogation reste le nom du barreur d'Alinghi, qui depuis 2003 s'est séparé de son barreur mythique, le Néo-Zélandais Russell Coutts. Un peu comme si la France avait écarté Zidane de la finale de Coupe du monde 2006.

Deux hommes restent en course pour tenir la barre: l'Américain Ed Baird et Peter Holmberg (Iles Vierges américaines). "Nous avons ce luxe de disposer de 35 marins d'exception et même pendant la Coupe, nous ferons des changements. Nous allons cependant organiser de nouvelles régates de sélection dans les jours à venir et figer notre équipe définitive avant le mois de juin", assure encore le coach.