J’ai 48 ans et je cours maintenant depuis plus d’une vingtaine d’années. La découverte de la course à pied fut une véritable révélation pour moi. Au-delà de la satisfaction de me mettre en forme, je joignais également une nouvelle famille, celle des coureurs. Pratiquement à chaque fin de semaine, je m’inscrivais à une course organisée pour tenter d’améliorer mon meilleur temps sur une distance donnée. Ma progression était fulgurante lors des premiers mois. Mes entraînements semblaient efficaces puisque mes chronos étaient de plus en plus rapides et mes distances de plus en plus longues.

Il en fut ainsi pendant quelques années. Puis, vint un moment où mes accomplissements commencèrent à stagner. Je devais vraiment travailler très fort pour être rapide. À la mi-trentaine, impossible de reproduire mes temps enregistrés une dizaine d’années plus tôt. Je me questionnai alors beaucoup et remis en doute mon mode de vie. Est-ce que je dormais assez? Qu’en était-il de mon alimentation? Mes chaussures me désavantageaient-elles?

En fait, rien de tout cela. Je percevais simplement les effets du pire ennemi de la vitesse chez un coureur : le vieillissement!

J’ai longtemps refusé de me l’avouer, mais c’était la simple vérité. Et pas juste la mienne. Je dois vous confier que ce fut un moment pénible. J’ai vécu une courte période de découragement qui s’est rapidement estompée après avoir lu quelques bouquins et études sur l’effet du vieillissement chez les coureurs.

Pour garder cela simple, plus un coureur perd en jeunesse, plus il ralentit. C’est frustrant, mais c’est ainsi! Ses capacités physiques diminuent. Ses pulsations cardiaques ralentissent et sa masse musculaire fond. Ses cellules, son cartilage, et ses tendons vieillissent et ont tous besoin de plus de temps pour se régénérer. Passé l’âge de 35 ans, le déclin est enclenché et ira en s’accélérant avec les années.

Entre l’âge de 35 et 40 ans, un coureur perdrait d’un à deux pour cent de sa vitesse. Par la suite, c’est serait un pour cent par année. Un calcul rapide nous permet donc de constater qu’à 60 ans, un coureur effectuant les mêmes entraînements qu’à 40 ans serait tout de même 20 pour cent plus lent.  Passé l’âge de 70 ans, le déclin est encore plus évident à raison d’un et demi pour cent par année.

Bien qu’il soit difficile d’accepter cette baisse inévitable de la vitesse, les coureurs peuvent tout de même se conforter dans le fait que ce qu’ils perdent en rapidité, ils le gagnent en endurance ou résistance à l’effort. Ce n’est pas un hasard si certains des meilleurs marathoniens de la planète sont dans la mi-trentaine. Ils arrivent au point de bascule où leur vitesse et leur endurance sont à leur paroxysme. Et jetez un coup d’œil aux résultats par groupe d’âge de n’importe quel marathon, la moyenne tourne autour de 40 ans.

Le bon côté de vieillir pour un coureur, c’est qu’il acquiert de l’expérience et qu’il est psychologiquement plus fort qu’un jeune qui débute. Il comprend l’importance de l’entraînement et prend soin de son corps. Il est plus résistant à la douleur et est moins sujet à céder au découragement lors d’une course de longue haleine. Par exemple, plus jeune, lorsque je participais à un demi-marathon, je voyais dans ma tête tous ces kilomètres qu’il me restait à courir avant l’arrivée et je trouvais cela énorme. Je me présentais au 15e kilomètre, déjà fatigué, et paniquais à l’idée d’être incapable de parcourir les six kilomètres restants. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus calme grâce à mon expérience. Je sais ce que représentent six kilomètres, je connais mon corps et je sais comment réagir intelligemment en course pour me rendre jusqu’au bout.

S’il y a une chose que j’ai bien comprise en vieillissant, c’est qu’il est inutile de se comparer au coureur que j’ai déjà été. Je ne pourrai plus jamais terminer un 10 kilomètres en 40 minutes ou un demi-marathon en une heure et demie! Je dois plutôt me comparer à des coureurs du même groupe d’âge. C’est à la fois rassurant et motivant. Et si je tiens vraiment à m’évaluer par rapport aux plus jeunes, il existe une multitude de tables de cotation comparatives permettant de le faire.

J’ai l’intention de courir encore longtemps. Très longtemps même. Un peu comme mon grand-père maternel, décédé nonagénaire, et qui a couru et marché presque jusqu’à la fin de sa vie. Il n’allait pas vite, mais il avançait. J’ai de lui en tête des images rassurantes qui me disent que vieillir et courir, malgré les ravages du premier sur le second, peuvent aller de pair.

Et vous, chers amis coureurs, craignez-vous l’effet du vieillissement sur vos résultats?