Lors d’une récente réunion entre amis, la nouvelle conjointe d’un de ceux-ci m’a lancé la phrase suivante : « Vous les accros à la course à pied, on dirait qu’il y a juste ça dans la vie. "Get a life"! »

Après avoir éclaté d’un petit rire nerveux en croyant qu’elle blaguait, j’ai réalisé assez rapidement que ce n’était pas le cas. Il est vrai que la plupart des amis avec moi ce jour-là étaient tous des amoureux de course à pied et que nos discussions tournaient pas mal autour de nos derniers marathons, entraînements et expériences de joggings. Ça devait, effectivement, être inintéressant pour cette dame.

Tout de même, avant de répliquer à cette nouvelle venue dans notre groupe, je me suis demandé si c’était vrai. Si elle avait raison de dire que j’étais accro à la course à pied. Et vous savez quoi? Je crois qu’elle n’avait pas tort. J’aime la course à pied plus que tout autre sport et c’est un peu beaucoup devenu ce qui dicte mon rythme de vie.

Voici des signes qui ne mentent pas. Si vous vous reconnaissez parfois, alors vous êtes aussi accro à la course à pied que moi. Et un connaisseur!

Vous avez du mal à marcher les lundis matins parce que vous êtes encore courbaturé de votre longue sortie du dimanche. Vous connaissez par leurs vrais noms tous les muscles et tendons de vos jambes : biceps fémoral, tendon d’Achille, vaste externe et tendon du tibia postérieur sont des noms familiers!

Vous portez une montre intelligente au poignet et vous y jetez régulièrement des coups d’œil en course, mais aussi pour consulter votre nombre de pas et la quantité de calories brûlées dans votre journée. Lorsque vous revenez de votre sortie de course, vous adorez la revivre en consultant les statistiques colligées et le parcours affiché par cette même montre.

Votre vocabulaire contient des mots ou expressions comme VO2Max, Fartlek, intervalles, VMA, et seuil lactique. Et vous avez une idée assez précise du nombre de kilomètres que vous devez courir pour brûler un millier de calories.  

Vous connaissez par cœur, au dixième de kilomètre, les distances des parcours que vous empruntez pour courir dans votre quartier. L’aller-retour jusqu’à l’école de vos enfants? 6,4 km. L’aller-retour jusqu’à l’épicerie? 5,3 km. Le tour de votre pâté de maisons? 620 mètres!

Courir une quinzaine de kilomètres en entraînement est une simple formalité.  Vous êtes bien loin de vos débuts lorsque votre objectif était de réussir à en enfiler cinq de suite sans prendre des pauses pour marcher.

Vous avez un mur chez vous qui est réservé à vos photos de courses joliment encadrées et où vos plus belles médailles de participation sont accrochées. Un grand cahier vous sert à coller vos dossards (scrapbooking)  et à y inscrire les faits saillants de vos courses.

La fin de semaine, vous portez les chandails remis lors de vos inscriptions à une course. Personnellement, j’adore passer la tondeuse avec mon t-shirt du Marathon de Rome ou celui de Paris. Ça impose le respect dans le voisinage!

Vous dépensez beaucoup d’argent juste pour courir. Vous ne voyez aucun problème à payer quelques centaines de dollars pour vous inscrire à un marathon prestigieux avec tous les frais de déplacement et d’hébergement que cela implique. Vous vous dites que c’est pour votre santé!

Lorsque vous planifiez vos vacances, vous vérifiez s’il y a de beaux parcours de course dans le coin à visiter. Vous allez même jusqu’à planifier vos vacances pour pouvoir participer au demi-marathon ou marathon de l’endroit. Ça s’appelle joindre l’utile à l’agréable.  

Vous savez toujours quoi répondre à ceux qui vous posent des questions ou vous demandent des conseils sur la course à pied. Vous puisez dans votre vaste expérience de coureur pour distiller votre sagesse.

Vous vous sentez maussade et irritable si vous êtes incapable d’aller courir une journée où vous deviez pourtant le faire. Un contretemps vous empêche de le faire, mais ce n’est pas grave. Vous essayez vainement de trouver un moment pour remettre le tout.

La grasse matinée est un concept que vous ne connaissez pas. Même les fins de semaine. Vous avez juste hâte de vous lever à l’aurore et d’enfiler vos chaussures pour vous délier les jambes et lancer votre journée.

Il pleut dehors ou il neige? Il fait froid ou une canicule règne sur la ville? Pas grave. Vous vous habillez en conséquence et vous allez courir. Jamais Dame Nature n’aura le meilleur sur vous.

Et surtout, surtout, vous êtes heureux et vous vous sentez bien lorsque vous courez. Un sentiment de liberté vous habite et vous avez le sourire fendu jusqu’aux oreilles lorsque vous terminez votre course.

Puis, lorsqu’on vous dit que vous êtes accro à la course, vous répondez que c’est vrai et que c’est bien ainsi.