Le triathlon est un sport qui est en vogue depuis quelques années et trop souvent les triathlètes doivent gérer des blessures ce qui ralenti leur progression. Ces blessures peuvent même forcer l’athlète à l’abandon complet de sa saison de compétition. Comme vous le savez, en tant qu’athlète, rien n’est plus difficile que de devoir faire l’impasse sur notre entrainement ou bien sur des objectifs de compétitions qui sont d’une importance cruciale pour nous. C’est pourquoi dans cet article j’ai décidé de parler avec deux spécialistes aguerris de quelques points qui pourraient aider à éviter les blessures en triathlon.

Voici ce que Francis Sarrasin-Larochelle, coordonnateur des programmes de développement et de performance chez Triathlon Québec ainsi que Kyla Rollinson, entraineuse de l’équipe nationale de triathlon de Hong Kong et entraineuse-chef chez Tri-O-lacs avaient à nous dire sur ce sujet.

Sommeil :

Je ne vous apprends rien en vous disant que le triathlon est un sport d’endurance qui est excessivement exigeant sur le corps en raison des trois sports qui le compose en l’occurrence, la natation, le vélo et la course à pied. Il faut y investir de nombreuses heures pour atteindre la performance et selon Francis Sarrasin-Larochelle, le sommeil est un élément capital de la formule,Francis Sarrasin Larochelle puisque dormir plus de huit heures par nuit diminueraient de 61% le risque de blessures*. Un chiffre qui est peu banal n’est-ce pas? « Cette étude a été fait sur une clientèle d’adolescent qui pratique un sport de haut niveau, donc c’est quand même révélateur. Bien entendu cela est aussi en lien avec le stress de la vie, tout le monde a une vie autre que l’entrainement et il faut être en mesure de maximiser le sommeil dans cette équation. » dit-il.

Nutrition :

Toujours en gardant en tête que les triathlètes ont des journées d’entrainement difficiles qui coûtent excessivement chères en énergie, il est évident que la nutrition est un facteur important. Bien manger et donner au corps ce dont il a besoin aide grandement à la récupération et par le fait même diminue les risques de blessure. Nous savons tous que ce sont des principes de base avoir un régime équilibré et adapté avant, pendant et surtout après l’entrainement pour que le corps ait les glucides et les protéines nécessaires, mais parfois l’impact de la nutrition peut être sous-estimé. Francis explique que : « Chez les élites, il y a un dosage très minutieux qui se fait, car un léger excédent de poids peut causer un grand stress sur les structures du corps et occasionner des douleurs. Il faut à tout prix éviter ça en ayant un poids adéquat. De l’autre côté, ils doivent être très vigilants afin d’éviter d’être sous-alimenté, car cela peut amener une fragilisation des os qui s’en suit de blessures tenaces dans le temps. »

Logistique des compétitions :

Selon Kyla Rollinson, il faut tout d’abord reconnaître que la plus grande partie des blessures en triathlon provient du calendrier extrêmement chargé. « Il y a une quantité énorme de voyages, d’heures d’entrainement et de compétitions. La plupart des athlètes doivent constamment être au sommet de leur forme pour se qualifier dans de grands événements tels que les Coupes du Monde et les Jeux Olympiques. Il faut absolument organiser la logistique de la saison pour garder l’athlète en santé, c’est un des plus gros facteurs. » Sans aucun doute, le défi est de s’assurer que l’athlète garde un niveau de motivation élevé et un niveau d’énergie adéquat. « Si nous réussissons à bien mettre en place le calendrier de l’athlète selon ses capacités à encaisser la charge, nous diminuons constamment les possibilités de blessure. » d’ajouter Kyla Rollison.

Suivi quotidien (monitoring) :

Il est facile de dire qu’il faut dormir beaucoup, manger suffisamment, éviter d’avoir un calendrier trop chargé, mais la ligne est mince entre le bon ratio et celui qui peut s’avérer être néfaste. Tous les triathlètes ont comme objectif d’être optimal sur toutes ces variantes, mais comment s’y prendre pour garder le contrôle et avoir la bonne dose? Les entraîneurs travaillent en collaboration Kyla Rollinsonavec toute une équipe de soutien intégré : Physiothérapeutes, Massothérapeutes, Médecins sportifs, Préparateur physique et mental, etc. Toutes ces données sont comptabilisées minutieusement au sein des différents intervenants, mais selon Kyla Rollinson, la meilleure chose est de parler avec son athlète chaque jour via facetime. « Je vois mes athlètes quotidiennement même si je suis dans un autre pays, car un entraîneur qui connait bien ses athlètes saura exactement quels seront les signes de fatigue ou de démotivation avant un entrainement ou une compétition, ce qui fait en sorte que le dosage sera extrêmement précis. » Par exemple, si un triathlète est toujours le premier dans la piscine, prêt à s’exercer, mais qu’un matin quelconque il est plus lent que la normale, elle saura qu’il est fatigué. Cela lui permettra d’ajuster sa charge de travail et ainsi ne pas créer de surutilisation, ce qui pourrait se traduire par des blessures potentielles.

« Oui l’entraineur doit absolument être conscient de ces subtilités, mais l’athlète a un grand rôle à jouer dans la collecte des données en étant le plus rigoureux possible dans la soumission de ses sensations physiques et mentales. » Kyla explique également que le danger est que l’athlète est parfois confronté à des critères de sélection ce qui fait en sorte qu’il n’avouera pas qu’il a une douleur ou encore qu’il ait manqué de sommeil pour ne pas se faire mettre de côté. C’est donc une grosse responsabilité pour l’athlète de donner l’heure juste. De son côté l’entraîneur prendra un pas de recul si jamais il y a une limitation et reprendra la charge plus élevée par la suite afin d’aller chercher des gains. « Il n’y a aucun logiciel qui peut égaler un suivi rigoureux et une communication adéquate entre l’athlète et l’entraîneur. » dit Kyla Rollison avec conviction.

Progression :

C’est ce qui nous amène au dernier point et non le moindre de ce texte. Tel que mentionné dans le paragraphe précédent, il est possible de prendre un pas de recul dans la progression de l’athlète selon les variantes qui affectent l’état de celui-ci. Progresser de façon constante et non de façon démesurée est un point très important. Le triathlon est en vogue et il y a plusieurs personnes qui commencent le triathlon sans nécessairement avoir un passé de sportif. Francis Sarrasin-Larochelle explique qu’il est crucial de ne pas sauter d’étape. « Certaines personnes veulent faire un Ironman, mais n’ont pratiquement jamais fait de course à pied de leur vie et c’est un problème. C’est très important que l’entraîneur fasse un diagnostic de l’état de l’athlète afin de savoir quelles sont les charges de volume et d’intensité qu’il est en mesure d’encaisser et par la suite il faut y aller avec une progression logique et graduelle. » Il ajoute aussi que pour les jeunes, une approche qu’il préconise davantage est de faire leur course à pied un peu plus souvent à raison de quatre à cinq fois par semaine, mais avec des séances plus courtes afin d’habituer la mécanique du corps et renforcer les structures. Le fait de développer sa base en ayant le moins de fatigue possible aura un impact direct sur la prévention des blessures.

Sur ce, je vous dis bonne préparation pour vos triathlons respectifs et si vous suivez ces quelques points essentiels je suis convaincue que vous serez en mesure d’être performants et constants dans votre route vers l’atteinte de vos objectifs tant convoités!

*Source sur le sommeil-statistique : https://www.insquebec.org/dormir-pour-performer/