Contrairement à une automobile, le corps humain n’est pas équipé d’une jauge ou d’instruments qui servent à mesurer précisément son niveau de carburant. Ce serait tellement pratique. Imaginez, d’un simple coup d’œil, on saurait qu’il nous reste assez d’énergie pour parcourir un nombre précis de kilomètres à la course.

C’est en regardant le tableau de bord de ma voiture électrique que l’idée de cette chronique m’est venue. Je voyais que l’énergie contenue dans la batterie de mon véhicule me permettait de rouler encore 131 kilomètres. Après cela, c’était la panne assurée. C’est tellement pratique et vital comme information.

S’il est impossible de prédire le moment où le corps humain a épuisé ses ressources, il est cependant étonnant de constater à quel point il nous en reste dans le réservoir même quand nous croyons ne plus pouvoir avancer.

Mes années de course à pied m’ont permis de comprendre la puissance de notre cerveau et de la motivation. Très souvent, j’ai accompagné des coureurs me disant être exténués et devoir s’arrêter, car ils n’en pouvaient plus. C’était impossible pour eux de faire un seul pas de plus.

Pourtant, lorsque je leur disais que nous étions sur le point de rejoindre l’arrivée et que je pouvais entendre les cris des spectateurs et la musique crachée par les caisses de son, ces coureurs retrouvaient soudainement l’énergie leur permettant de terminer dignement l’épreuve. Parfois avec une redoutable accélération.

Plusieurs experts s’étant penchés sur le sujet croient que notre cerveau nous protège en nous envoyant des signaux de fatigue extrême pour éviter des blessures. Pour nous dire qu’il serait dangereux de continuer, car nos muscles et nos poumons sont incapables de maintenir la puissance et la forme souhaitées. Pourtant, notre corps conserve tout de même une certaine énergie.

J’ai tendance à croire, et je ne suis pas le seul, que notre cerveau est le grand responsable de nos limites physiques. Une sorte de cran de sûreté inconscient qui s’actionne pour éviter de trop souffrir et de se blesser. C’est ce même cerveau qui nous fait commencer une course plus lentement par temps de canicule. Il perçoit une menace et nous ralentit pour éviter une hausse subite et dangereuse de notre température corporelle.

Il existe des moyens pour déjouer ces signaux de fatigue. Ça s’appelle la motivation. La nôtre et celle venant des autres.

La fameuse force du mental « mental toughness » n’est pas une invention du personnage de Marc Messier dans le film « Les Boys ». C’est un fait. Chers amis coureurs, parlez-vous pour vous motiver. Trouvez des trucs mentaux pour oublier la douleur lorsque vous courrez.

Personnellement, lorsque je fais une course importante, je me rappelle les sacrifices que j’ai dû faire pour y participer, je visualise le repas festif ou la bière que je m’offrirai ensuite pour célébrer, je me convaincs que je suis dans mon élément. « Envoye mon grand, l’abandon n’est pas une option! »

Je peux aussi subdiviser le parcours. Plutôt que de courir 15 kilomètres, je cours cinq kilomètres à trois reprises. Lorsque je sens un découragement, je me dis que je cours 500 pas avant de prendre une décision. Ce comptage mental me permet de penser à autre chose et de faire disparaître les pensées noires.

Si je participe à une course organisée importante, un marathon par exemple, j’écoute et me gave des cris et encouragements des spectateurs. J’ai déjà consulté des études qui avaient prouvé les bienfaits des encouragements. L’une d’elles vérifiait l’effet des encouragements chez deux groupes témoins.

Le premier de ces groupes, composé d’une dizaine de personnes, devait courir sur un parcours sans spectateurs et en silence. Ses membres devaient également éviter toutes pensées positives.

La seconde cohorte s’exécutait sur un tracé bordé d’amateurs ne lésinant pas sur les encouragements. Avant le départ, ils avaient eu droit à un discours de motivation de la part d’un entraîneur spécialisé qui leur avait donné quelques phrases à se répéter, tel un mantra, pendant leur course. Enfin, des amis et membres de leurs familles avaient judicieusement été postés à une centaine de mètres de l’arrivée pour leur insuffler une dose supplémentaire d’énergie avant d’amorcer le sprint final.

Le lendemain de ces courses, on a inversé les groupes témoins pour refaire la même expérience et corroborer les résultats obtenus. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les encouragements, les pensées positives et la présence inspirante d’amis et de familles auront permis aux participants d’obtenir de meilleurs résultats et de ressentir une moins grande impression de fatigue.

Évidemment, il est impossible de demander à des gens de toujours se poster le long de vos parcours de course pour vous motiver. Cela n’arrive qu’à de très rares occasions dans des événements organisés importants.

Toutefois, rien ne vous empêche de vous parler pour vous rappeler « que vous êtes bon, que vous êtes beau et que vous êtes capable ». C’est à vous de trouver la meilleure manière de vous motiver pendant vos courses. Aux premiers signaux de fatigue ou de découragement, aux premières pensées négatives vous laissant croire que vous n’y arriverez pas et que c’est trop difficile, dites-vous que vous êtes une superbe machine de course et qu’il vous reste encore plein d’énergie. Ne soyez pas votre pire ennemi. Croyez en vous et parlez-vous!

Bonne course!