Je suis tombé tout à fait par hasard sur un article qui dressait la liste des 25 chansons préférées des coureurs en 2021. L’outil de recherche Whistle Out a analysé au-delà de 7 000 heures d’écoutes musicales et près de mille listes de chansons (playlists) avant d’annoncer que le titre Blinding Lights de l’artiste canadien The Weeknd se retrouvait tout en haut du classement d’écoute. L’amorce lente et atmosphérique de cette chanson serait parfaite pour l’échauffement avant de commencer à courir sur l’apparition des premiers coups de batteries et du synthétiseur.

 

Bon, il s’agit bien sûr d’une liste qui ne comprend que des pièces anglophones et il y a fort à parier que quelques oeuvres dans d’autres langues, notamment le français, auraient mérité leurs places dans ce classement.  On remarque surtout que les coureurs écoutent des pièces nouvelles. Je ne connaissais pas Head & Heart de Joel Corry en deuxième place ou The Business de Tiesto.

 

En fait, la seule exception se retrouve en septième position avec l’incontournable Eye of the Tiger de Survivor. Une pièce utilisée par tous ceux qui aiment courir en écoutant de la musique depuis sa sortie en 1982. Déjà 39 ans! 

 

Cela m’amène à vous parler de la musique et de la course à pied.  Il y a deux types de coureurs: ceux qui pratiquent leur sport en écoutant de la musique et ceux qui préfèrent le bruit de la nature ou de la ville. Et dans les deux cas, ils sont convaincus du fondement et de la justesse de leurs décisions. C’est un sujet émotif et sensible.

 

De plus en plus de compétitions de course à pied dans le monde interdisent, pour des raisons de sécurité, le port d’écouteurs. J’ai personnellement pris part à des marathons ou demi-marathons lors desquels il était strictement interdit d’écouter de la musique sous peine de se faire saisir son appareil.

 

Les organisateurs invoquent que les coureurs qui le font pourraient ne pas entendre les autres compétiteurs. Un coureur qui chute au départ d’un marathon au milieu de 40 000 inscrits pourraient se faire piétiner si les coureurs près de lui ne l’entendent pas crier pour signaler sa présence au sol.

Les coureurs amateurs de musique vous diront que cela les aide à se concentrer et à courir plus vite. Ils ont raison. En effet, selon plusieurs études sérieuses, il a été démontré que d’écouter de la musique rythmée en courant peut améliorer sa performance sportive jusqu’à 15 %.

 

Cela est encore plus vrai pour les coureurs amateurs comme vous et moi. La musique réduirait la perception de l’effort et bloquerait les signaux des muscles et organes internes vers le cerveau pour lui dire que la fatigue s’installe.

 

La musique augmenterait également l’impression de joie, de bonheur et de bien-être ressentie lorsqu’on court. C’est la raison pour laquelle plusieurs athlètes écoutent de la musique avant une compétition importante. Cela leur permet de réduire leur niveau de stress.

 

Mais attention, il est important de choisir la bonne musique, celle avec le rythme idéal. Ces mêmes études qui avancent les bénéfices de courir avec des écouteurs sur les oreilles démontrent que si le tempo est mal choisi, la musique aura l’effet inverse.

 

Personnellement, je cours très rarement avec de la musique. J’ai réalisé que je terminais mes courses sans les avoir vraiment vécues. Je ne m’entendais plus respirer. Lorsque je retirais mes écouteurs, j’étais fasciné par le bruit rythmé de mes semelles frappant le sol. J’étais plus conscient de l’environnement dans lequel je courais.

 

La musique me faisait mal gérer mes courses. Plutôt que d’attaquer prudemment une côte, j’y allais à fond de train en suivant le rythme. Je ne réalisais pas que je gâchais ainsi le reste de ma sortie. Et je ne vous parle pas de mes pauvres tympans que j’ai malmenés à répétition en raison du volume trop élevé!

 

Je suis certain que les études démontrant les bienfaits de la musique sur les performances sont exactes. Toutefois, je préfère être à l’écoute de mon corps et courir un tout petit peu plus lentement, mais avoir le plaisir d’écouter le chant des oiseaux, le bruit de la pluie et le cri des enfants. 

 

Je veux entendre la foule qui m’encourage à la fin d’une course organisée comme celle que j’ai vécue avec ma conjointe le 25 septembre dernier lors de la Classique Émilie Mondor à Mascouche. Ça, c’est la plus belle des musiques! 

 

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