Il n’existe aucune explication valable sinon que le hasard semble bien faire les choses cet automne en course à pied d’endurance chez les hommes. D’importants records ont été battus depuis la mi-septembre sur les scènes canadienne et internationale. Ce qui fera dire à certains qu’il n’y a donc pas que les feuilles qui tombent en automne, les records également! En voici quelques-uns.

Le Kényan Eliud Kipchoge a lancé le bal lors du marathon de Berlin du 16 septembre en fracassant le prestigieux record du marathon. Les nombreux spectateurs ont retenu leur souffle lorsqu’ils ont vu le meilleur marathonien de l’histoire franchir le fil d’arrivée en 2:01:39. Il s’agissait d’une amélioration énorme puisque le précédent record était à 2:02:57. Si personne ne doutait des prétentions de Kipchoge de battre le record, peu d’observateurs l’imaginaient descendre sous la barre des 2 heures et 2 minutes. Cette marque tiendra certainement longtemps. Kipchoge est un des dix finalistes au titre d’athlète masculin de l’année de la Fédération internationale d’athlétisme. Il a mon vote, car n’oublions pas qu’il a également remporté le prestigieux marathon de Londres.

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Bjorn Tore Taranger, mais il mérite d’être connu. Ce Norvégien possède une très grande endurance, c’est le moins qu’on puisse dire. Les 11 et 12 octobre, l’homme de 39 ans a grimpé sur un tapis roulant et couru pendant 24 heures sans s’arrêter. Il a ainsi franchi 264,5 kilomètres, soit trois kilomètres de mieux que le précédent record de l’Australien Luca Turrini. Si vous réalisez un calcul rapide, cela signifie que Taranger a gardé un rythme de 5:26 par km... pendant 24 heures! Quel exploit.

Cam LevinsSi le record du marathon masculin a été amélioré à 8 reprises au cours des 15 dernières années, celui du Canada résistait à l’envahisseur depuis 43 ans comme la plus solide des fortifications. Mais le 21 octobre, Cam Levins, 29 ans et originaire de Black Creek en Colombie-Britannique, a effectué des débuts mémorables sur la distance lors du Marathon Waterfront de Toronto. En terminant en 2:09:22, il reléguait aux oubliettes le plus ancien record de l’athlétisme canadien, celui de Jerome Drayton (2:10:09). Ce dernier avait établi cette marque en décembre 1975 à Fukuoka, au Japon.

Levins était un spécialiste du 5000 mètres et 10 000 mètres avant de se blesser sérieusement et de rater pratiquement deux années de compétitions. Après avoir participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012, il avait remporté une belle médaille de bronze sur 10 000 mètres aux Jeux du Commonwealth de 2014. Son titre de nouveau monarque canadien au marathon lui a valu une bourse de 43 000 dollars, soit mille dollars pour chaque année d’attente!

Enfin, le dernier record automnal en lice est également très impressionnant. Courir un marathon est exigeant. Mais n’allez pas croire que de participer à un demi-marathon est plus facile. La distance est plus courte de moitié, mais l’intensité et le rythme sont plus élevés. Si un marathonien élite doit gérer sa course en dosant ses énergies, le coureur élite participant à une course de 21,1 kilomètres doit pratiquement frôler le seuil anaérobique en tout temps!

Abraham KiptumLe 28 octobre, le Kényan Abraham Kiptum a inscrit son nom dans le livre des records en arrêtant le chrono à 58:18 lors du demi-marathon de Valence, en Espagne, sur un parcours très roulant. C’est cinq secondes plus rapide que l’ancienne marque de l’Erythréen Zersene Tadesse en 2010. Les temps de passage de Kiptum donnent presque le vertige. Il est d’abord passé au cinquième kilomètre en 13:56, s’est pointé au dixième en 28:02 (21,40 km/h) et au quinzième en 41:40. Il accusait alors un retard de sept secondes sur le record de Tadesse.

Le nouveau recordman du demi-marathon est parvenu à augmenter le rythme à 2:44/min (21,95 km/h) pour se pointer au vingtième kilomètre en 55:18 et terminer sa course trois minutes plus tard. Kiptum est âgé de 29 ans et on devra retenir son nom puisque le marathon l’intéresse grandement, lui qui a déjà réalisé un excellent 2:05:26 l’année dernière. Le potentiel est là!

Alors! Est-ce que le hasard a juste vraiment bien fait les choses? Peut-être. Mais s’il y a une saison propice aux bons chronos, c’est bien celle-ci. Les températures sont fraîches et les coureurs sont au sommet de leur forme après un été truffé d’entraînements ciblés. Tout de même, pour les amateurs d’athlétisme, c’est un bonheur de suivre ces athlètes repousser leurs limites.

On dit que tous les records seront battus un jour.

Je ne sais pas en quelle année, mais ce sera possiblement en automne.