Cet exploit aurait dû obtenir beaucoup plus de visibilité! Le 16 janvier dernier, la coureuse britannique Jasmin Paris est devenue la première femme de l’histoire à remporter la prestigieuse et très difficile Montane Spine Race. Il s’agit d’un ultramarathon de 430 kilomètres présenté dans les montagnes séparant l’Angleterre de l’Écosse et qui cumule un dénivelé total de plus de 11 000 mètres.

Paris a devancé tous les participants, incluant les hommes, en terminant l’éreintant parcours, considéré comme l’un des plus difficiles au monde, en 83 heures et 12 minutes. Au passage, elle pulvérisait par plus de douze heures l’ancien record appartenant à l’Irlandais Eoin Keith. Imaginez, le premier homme est arrivé quinze heures après Paris alors que la deuxième femme a terminé 45 heures plus tard qu’elle!

Non seulement Paris a-t-elle devancé les hommes et battu leur record, mais elle l’a fait en étant une jeune maman allaitant toujours son bébé de 14 mois. Elle avait tiré son lait avant le départ et a dû le faire à quatre reprises pendant l’épreuve pour éviter une mastite.

L’utilisation du mot exploit est justifiée ici. Pourtant, ceux qui s’y connaissent en courses extrêmes n’ont sourcillé qu’à moitié. C’est que ce n’était pas la première fois qu’une femme devançait un peloton masculin dans ce genre d’épreuves d’endurance.

Pas plus tard qu’en octobre dernier, l’Américaine Courtney Dauwalter avait terminé au premier rang du Moab 200, ultramarathon de 383 kilomètres en Utah. Elle avait surclassé par dix heures le premier homme!Courtney Dauwalter

Il semble bien qu’un nivellement des genres s’opère au fur et à mesure que la distance augmente. Ça ne fera peut-être pas plaisir à bien des hommes de lire cela, mais les femmes sont mieux adaptées qu’eux aux courses de longue haleine. Et il existe plusieurs raisons pour cela.

Des aptitudes physiques et mentales

Lorsqu’on observe attentivement les résultats d’ultramarathons, on constate que le taux d’abandon des femmes est singulièrement moins élevé que chez les hommes. Psychologiquement, il semble bien que les femmes s’inscrivent à ce genre de compétitions uniquement lorsqu’elles se sentent absolument prêtes. De leur côté, les hommes auraient tendance à surestimer leur préparation et leur forme physique. Cet aspect psychologique, ou mental, démontre une meilleure préparation des femmes, une attention à tous les détails du parcours et aux ravitaillements, qui procure un léger avantage.

En moyenne, les femmes sont plus petites et plus légères que les hommes.  Le ratio poids/surface corporelle est supérieur chez les femmes, ce qui leur permet d’évacuer plus facilement la chaleur lors d’une course d’endurance.  Elles seraient donc mieux adaptées que les hommes pour courir lorsqu’il fait chaud et moins sujettes à la déshydratation.

Avoir des jambes, toujours en moyenne, moins longues que les hommes serait également un avantage lors d’ultramarathons se déroulant sur des parcours accidentés au dénivelé important.  Cet avantage serait notable dans les descentes où, en raison d’un centre de gravité plus bas, les changements de direction sont plus faciles et rapides. Les risques de blessures aux muscles des jambes s’en trouvent diminués. Les femmes pourraient ainsi courir longtemps avec moins de douleurs aux jambes.

L’idée que pour être en forme, on doit pouvoir compter sur un faible taux de masse graisseuse n’est pas toujours vraie. Le gras du corps humain est un carburant utile qui se dissipe lentement pour fournir de l’énergie sur une longue période. Selon certaines études, les femmes brûlent davantage de gras que les hommes lors d’un sport d’endurance. Jusqu’à 75% de plus! Cela signifie qu’elles évitent plus facilement le fameux « mur ». Bref, si on compare le processus avec lequel les femmes et les hommes brûlent leur graisse corporelle, celui des femmes est plus efficace.

Les femmes gèreraient mieux l’effort lors d’une longue course. Une étude du site RunRepeat colligeant près de deux millions de résultats au marathon sur une période de cinq ans, a conclu que les femmes seraient meilleures que les hommes pour conserver un rythme constant. Elles ralentiraient 18,6% moins que les hommes dans la seconde partie de l’épreuve. Cela laisserait sous-entendre que les hommes amorceraient trop rapidement leurs courses et surestimeraient leur forme.  Bien doser ses énergies et la clé en course d’endurance. Ainsi, plus longue sera la course, meilleures seront les chances des femmes de bien paraître. La fable du lièvre et de la tortue ça vous dit quelque chose?

En conclusion, des victoires en ultra-marathon face aux hommes comme celles de Jasmin Paris ou  Courtney Dauwalter vont toujours demeurer des événements rares et de véritables exploits. Néanmoins, des prédispositions efficaces pour préparer et gérer une course d’endurance tout en bénéficiant de propriétés physiques avantageuses pour ce genre d’épreuves nous laissent croire que d’autres femmes continueront encore de nous surprendre à l’avenir.