Le marathon de Gareau, un documentaire exceptionnel
En forme mardi, 22 sept. 2020. 11:54 jeudi, 12 déc. 2024. 14:57Nul besoin d’être un passionné de course à pied pour apprécier le nouvel épisode de la série documentaire 25 ANS D’ÉMOTIONS mettant en vedette la marathonienne Jacqueline Gareau et qui sera présenté en première le jeudi 24 septembre à 19h sur RDS et RDS Direct. Il s’agit d’un survol inédit de la vie d’une battante et pionnière de la course à pied au Québec. De grands noms du marathon, comme Bill Rodgers, quadruple vainqueur du marathon de Boston, et Joan Benoit Samuelson, gagnante du premier marathon olympique féminin, viendront témoigner tout le respect et l’amour qu’ils ont pour la coureuse québécoise.
D’une durée de 60 minutes, « Le marathon de Gareau » met en lumière le parcours inspirant de la première canadienne à avoir remporté les honneurs du marathon de Boston, en 1980. Quarante ans déjà!
Personne n’a encore oublié les circonstances dramatiques entourant cette victoire puisque la Québécoise, alors une des meilleures marathoniennes de la planète, s’était fait voler le triomphe auquel elle avait droit par Rosie Ruiz. Cela demeure encore à ce jour un des pires exemples de tricherie sportive.
Le vol du Marathon de Boston
21 avril 1980, alors que Gareau complète les derniers kilomètres de la course mythique, elle y va d’une dernière accélération pour terminer la course en 2h 34:28. Elle sait qu’il n’y a personne devant elle et qu’elle est la gagnante.
Pourtant, les organisateurs lui signalent qu’une certaine Rosie Ruiz a franchi le fil d’arrivée quelques minutes plus tôt. Timide, Gareau n’ose pas trop poser de questions, même si elle se doute que cette victoire est attribuable à de la triche. Le temps lui donnera raison.
Ce sont des journalistes qui parviendront à démasquer l’affaire après une minutieuse enquête de quelques jours. Ils réalisent que le récit de Ruiz est plein d’incohérence. On découvrira finalement qu’elle souhaitait impressionner son entourage et qu’il ne s’agissait pas de son premier stratagème mensonger. Elle avait réussi à se qualifier pour Boston en enregistrant un excellent chrono au marathon de New York où elle avait également triché en empruntant le métro pour court-circuiter le parcours.
Cette fois, à Boston, elle s’était cachée dans un hôtel près de la ligne d’arrivée, attendant le moment propice pour se glisser à travers la foule. Elle terminera la course en s’étant bien assurée de s’asperger le visage d’eau pour donner une impression de transpiration intense.
Gareau fut donc privée des festivités entourant la victoire qui lui revenait à titre de nouvelle championne et détentrice du record du parcours. Tout de même, deux semaines après cette fin décevante, la ville de Boston fit revenir Gareau pour lui offrir les honneurs qui lui étaient dus.
Une carrière fabuleuse
Cet incident malheureux ne doit pas définir la formidable carrière de Jacqueline Gareau qui fut intronisée au temple de la renommée d’Athlétisme Canada en juillet 2019. Elle avait déjà été intronisée au Temple de la renommée de la course sur route du Canada, du Panthéon des sports du Québec et du temple de la renommée de la course sur route du Mont Washington. En 2000, elle a été nommée marathonienne par excellence du 20e siècle. Elle a accompli ce qu’aucune autre athlète féminine n’a fait en l’espace de quelques années (1979 à 1984) alors qu’elle était une des meilleures coureuses de fond de la planète.
Lors de cette période faste de cinq ans, elle a participé à plusieurs marathons prestigieux, en remportant neuf, dont celui de Boston en 1980. Pendant de longues années, le record canadien au marathon fut sa propriété.
Elle n’a pas seulement excellé sur la distance du marathon au début des années 80. Elle a également réédité de nombreux records canadiens, dont ceux du demi-marathon, du 20 kilomètres, du 15 kilomètres, du 10 miles et du 10 kilomètres.
En 1979, Gareau gagne le marathon d’Ottawa (2h 47:58). Sa carrière était lancée. Dans les mois qui suivent, on la voit au marathon de Montréal (médaille d’or) et au marathon de New York (médaille d’argent). À chaque fois, elle améliore son chrono.
Gareau est retournée à quatre reprises à Boston pour participer au marathon, enregistrant la deuxième place en 1982 et 1983. Lors de cette dernière année, elle termina en cinquième position des Championnats mondiaux d’athlétisme (2h 32:25), puis remporta en 1984 la médaille d’or au marathon de Los Angeles à l’endroit même où se déroulerait le marathon des Jeux olympiques. Encore aujourd’hui, elle définit cette performance comme la meilleure de sa carrière. Une médaille olympique était donc dans les plans. Malheureusement, une blessure est venue contrecarrer les aspirations de la Québécoise.
Imaginez, Jacqueline Gareau est parvenue dix fois à terminer un marathon en moins de 2 h 35, dont deux fois en moins de 2 h 30 (2 h 29:28 à Boston en 1983 et 2 h 29:32 à Houston en 1985).
Je sais que plusieurs de ceux qui lisent mes chroniques sont des adeptes de course à pied. Je ne peux que vous recommander de regarder cet épisode de la série documentaire 25 ANS d’ÉMOTIONS consacré à Jacqueline Gareau.
Celle qui avait commencé à courir, car elle voulait simplement arrêter de fumer est devenue la plus grande marathonienne de l’histoire du Canada. Découvrez son histoire fascinante.