J’ai été bouleversé par la tragédie survenue à une femme le 29 mars dernier à Potton, en Estrie. Ce jour-là, la quinquagénaire s’est fait violemment attaquer par trois chiens alors qu’elle faisait son jogging sur un chemin de la petite municipalité de moins de 2000 habitants. Les bêtes n’étaient pas attachées et avaient échappé à l’attention de leur maitre. Les premiers répondants arrivés sur les lieux de l’agression ont utilisé le terme « massacre » pour décrire la scène.

 

Sans surprise, la Société protectrice des animaux a recommandé d’euthanasier les bêtes, ce à quoi le propriétaire ne s’est pas opposé.

 

Je précise tout de suite que j’adore les chiens. Je suis moi-même propriétaire d’un chien et j’ai récemment écrit le plaisir que j’avais eu à découvrir le canicross en sa compagnie. Je suis celui qui a toujours des petites gourmandises pour chiens dans mes poches de manteaux et qui s’arrête pour caresser le pelage des chiens que je croise. Je sais que l’immense majorité des chiens ne représentent aucun danger réel.

 

Mais la triste aventure de la coureuse à Potton m’a rappelé que ça aurait très bien pu être moi. Ou n’importe quel autre coureur.

 

En plus de vingt ans de course, j’ai souvent été poursuivi par des chiens. La plupart du temps, il s’agissait de petits chiens qui somnolaient sur la pelouse alors que leurs maitres s’adonnaient au sarclage des plates-bandes. Leurs petits jappements courroucés me faisaient autant rire que la course de leurs propriétaires qui  tentaient de les rattraper dans la rue.

 

Mais lorsque je quittais les milieux urbains et que je me retrouvais sur des petits chemins de campagne, les chiens changeaient souvent de gabarits et de comportements. Ils veillaient sur de vastes terrains et étaient rarement attachés.

 

Des rencontres traumatisantes

 

Quelques mauvaises expériences me reviennent en tête. Il y a quatre ans, en Abitibi, sur un chemin de rang à La Corne, j’avais décidé d’aller rejoindre des amis à un lac en empruntant une route de terre peu utilisée. En passant devant une résidence, j’ai tout de suite vu les oreilles du berger allemand se dresser. Il était devant sa niche et s’est mis à courir après moi en jappant bruyamment. Lorsque j’ai réalisé qu’aucune chaîne ne le retenait, j’ai compris que j’étais dans le trouble. Et quand il a sauté par-dessus le petit ruisseau qui bordait la route pour me bloquer le chemin, j’ai figé. Par réflexe, j’ai réussi à éviter ses crocs et les morsures qu’il me destinait. Par miracle, son maitre s’est pointé sur le terrain et l’a rappelé en me blâmant d’avoir surpris son chien. J’étais le coupable. J’ai terminé ma course en tremblant.

 

Il y a deux ans, en Normandie, trois Rotweilers s’étaient rapidement déplacés à la limite de leur terrain en jappant et bavant pour me pourchasser. J’avais tout de même poursuivi ma course. Lors de mon retour, les trois mêmes chiens m’attendaient, mais cette fois sur le bord de la route. J’avais dû faire un large détour par un champ pour m’éloigner d’eux. Je sentais bien qu’ils ne blaguaient pas.

 

Statistiquement, ce sont les petits chiens qui causent le plus de blessures. Mais les dommages des plus gros peuvent être dramatiques.

 

Je suis persuadé ne pas être le seul coureur à s’être fait attaquer par des chiens. Alors comment doit-on réagir lorsque cela survient?  Après avoir discuté avec quelques éleveurs canins, je me permets bien humblement de vous transmettre les conseils que j’ai glanés.

 

Gardez votre calme

 

Si le chien est près de vous et vous semble menaçant, la première chose à faire, même si ce n’est pas évident, est de rester calme et ne pas paniquer. Ne tentez pas de vous sauver en courant, vous ne gagnerez pas. Vous n’êtes pas Usain Bolt et un chien court beaucoup plus vite que vous. Ralentissez plutôt et marchez lentement pour vous éloigner du molosse sans lui tourner le dos. Gardez les bras le long de votre corps en montrant vos paumes. Il doit comprendre que vous ne voulez pas empiéter sur son territoire.

 

N’allez surtout pas crier ou menacer le chien, ça ne fera que l’exciter encore plus. Prenez plutôt un ton ferme pour lui dire « non »  et lui démontrer que vous êtes le maître. Ne le regardez pas dans les yeux, ce qui pourrait être perçu comme une provocation. Si vous portez une casquette ou des lunettes fumées, retirez-les. Le chien doit réaliser que vous êtes un simple humain!

 

Si le chien vous attaque, vous devez essayer de minimiser les dégâts. Je sais, plus facile à dire qu’à faire. Protégez vos organes vitaux et votre visage en lui sacrifiant un de vos bras. S’il le mord, ne tirez pas pour lui faire lâcher prise. Poussez plutôt pour éviter qu’il ne déchire la peau. Tentez de l’agripper par le collier ou la peau du cou pour le soulever et le forcer à vous lâcher. Couchez-vous ensuite au sol et roulez-vous en boule en protégeant bien votre tête. C’est le moment de crier à plein poumon pour obtenir de l’aide.

 

Un coureur doit constamment être aux aguets lorsqu’il pratique son sport. Il doit se méfier, par exemple,  des conditions climatiques et des automobilistes. Les chiens font également partie de la liste. À tous ceux qui me diront qu’il n’y a pas de mauvais chiens, mais juste des mauvais maîtres, je vous répondrai que ce débat est loin d’être une priorité lorsqu’on est victime d’une attaque canine.

 

Je vous le répète, je suis un grand amoureux des chiens. J’aime lorsqu’un chien court à mes côtés, pas lorsqu’il me pourchasse. Ainsi, même s’ils se nomment Choupette, Fido, Caramel ou Popy, il est toujours bon de savoir comment réagir en cas de rencontre malheureuse.

 

Amis coureurs, ne vous gênez surtout pas si vous souhaitez partager vos conseils ou une histoire vécue.