Surenchère chronométrique au demi-marathon féminin canadien
Course à pied dimanche, 9 févr. 2020. 10:21 dimanche, 15 déc. 2024. 01:49Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a une certaine surenchère chronométrique actuellement au demi-marathon féminin canadien. Le record sur la distance a été amélioré à trois reprises lors des sept dernières semaines. C’est beaucoup! La plus récente marque appartient à Andrea Seccafien, une coureuse qui a de bonnes chances de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques... sur 10 000 mètres. J’y reviendrai.
Un mot d’abord sur l’évolution rapide et soudaine de ce record du demi féminin canadien. Le 15 décembre dernier, Rachel Cliff, de Vancouver, a amélioré de deux secondes la marque qu’elle détenait déjà lors de l’épreuve d’Okayama, au Japon, arrêtant le chrono à 1h10:06.
Seulement un mois plus tard, le 19 janvier, Natash Wodak, également de Vancouver, devenait la première Canadienne à descendre sous les 70 minutes (1h09:41) à une course de 21,1 kilomètres lors du demi-marathon de Houston. Son exploit est cependant passé sous le radar puisque sa compatriote, Malindi Elmore, profitait du même événement et de la même journée pour fracasser le record féminin canadien du marathon (2h24:50).
Malheureusement pour Wodak, elle n’aura pu profiter de son titre de reine du demi-marathon canadien bien longtemps puisqu’il y a quelques jours à peine, le 2 février, la Torontoise Andrea Seccafien, portait la référence à 1h09:38 grâce à sa 17e position au demi-marathon de Marugame, au Japon.
Cliff, Wodak et Seccafien sont toutes d’excellentes coureuses de fond qui se tailleront probablement une place sur l’équipe canadienne d’athlétisme des Jeux de Tokyo dans six mois. Une chose est cependant certaine, ce ne sera pas au demi-marathon puisque cette distance n’est pas à l’horaire du calendrier olympique.
Des trois, c’est Seccafien qui devrait obtenir les meilleurs résultats. Du moins, si on tient compte de son parcours intelligent et de sa progression fulgurante. La jeune femme de 29 ans a beaucoup bougé lors des cinq dernières années. Toujours pour progresser en course à pied.
Après des études à l’Université de Guelph, elle décide de s’installer à Toronto pour travailler sous la supervision des entraîneurs d’athlétisme de l’Université locale. Une décision judicieuse puisqu’elle se qualifiera pour le 5000 mètres des Jeux olympiques de Rio en 2016.
Après les Championnats du monde d’athlétisme de Londres en 2017, elle prend une décision audacieuse en quittant le pays pour l’Australie, où elle rejoint le prestigieux club de Melbourne. Encore une fois, ses bons résultats viennent confirmer la justesse de ce déménagement au pays des kangourous. En 2018, elle termine son premier demi-marathon en 1h13:19. Aux Mondiaux du Qatar, l’année dernière, Seccafien participe à la finale du 5000 mètres et termine avec une belle 13e position. Elle en profite pour descendre sous les 15 minutes pour la première fois en carrière.
Son objectif est maintenant clair, se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo. Sa présence au demi-marathon de Marugame faisait partie de son plan d’entraînement pour atteindre la meilleure forme possible et réussir prochainement le standard olympique au 10 000 mètres, une distance nouvelle pour cette spécialiste du 5000 mètres. Lors de son demi-marathon record, elle voulait maintenir un rythme de 3:18/km pour terminer en 1h09:30. Elle y sera parvenue grâce, notamment, à un passage au 10 km en 32:39.
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Mais pourquoi opter pour le 10 000 mètres alors qu’elle a déjà réalisé le standard du 5000 mètres (15:10) lui assurant une place sur la délégation olympique canadienne? C’est que son record personnel au 5000 mètres la place au 27e rang mondial. Seccafien croit qu’elle a des chances de mieux se classer au 10 000 mètres. Mais la tâche s’annonce ardue, puisque le standard sur la distance est de 31:25 ce qui constituerait un record canadien si elle y parvenait.
La coureuse d’à peine 5 pieds et 100 livres a d’autres projets. Après les Jeux de Tokyo, elle souhaite abandonner la piste et passer au marathon. Elle a dans sa mire le record d’Elmore.
Bien que ce ne soit pas une distance olympique, le demi-marathon est un bon indicateur de la vitalité de nos athlètes canadiens qui s’y essaient pour tester leur forme. Avec le record canadien rudement mis à l’épreuve chez les femmes, tous les indicateurs sont maintenant au vert pour espérer de bons résultats en athlétisme à Tokyo dès le 24 juillet prochain.