Tout le monde en parle et on me pose beaucoup de questions sur le dernier documentaire alimentaire The Game Changers qui traite d’alimentation végétale et de performances sportives à travers le regard du combattant de MMA James Wilks. Comme dans tout, il y a du bon et du mauvais, voire très mauvais… Certains messages sont néanmoins importants à retenir et à mon sens, le documentaire est une suite aux débats concernant la viande rouge.

 

Mise au point !

Peu importe le type d’alimentation choisie (végé, végan, omni, paléo, kéto, jeûne ou autre), peu importe si votre choix se fait en fonction de votre culture, vos croyances ou votre type de travail (actif, sédentaire, quarts de travail), l’important est qu’il fonctionne pour vous sans mettre votre santé physique et mentale en péril. Mon problème vient surtout de la pression exercée dans le but de convertir les gens avec des arguments plus ou moins vrais au nom de la science. J’ai également un problème avec les scénarios de peur ou les titres sensationnalistes du genre « Si vous mangez ces 5 aliments, vous allez mourir! », ce qui rend les gens très anxieux et nous « mélange comme un jeu de cartes », comme le disait @greglactot dans notre balado.

 

 

Végé et athlète d’élite

Il est bien démontré qu’il n’est pas nécessaire de manger de la viande pour être un athlète d’élite, et ce, peu importe le sport. Plusieurs athlètes en sont d’ailleurs la preuve vivante. Pas non plus besoin de consommer des protéines issues de la viande pour avoir des gains en masse musculaire. Par contre, il est faux de prétendre que toutes les protéines sont équivalentes, ne serait-ce que du point de vue de l’absorption et de l’impact sur la masse maigre (références et études à l’appui). Ce n’est pas que les protéines végétales ne contiennent pas les bons acides aminés, mais il faut savoir de quel genre de protéine il est question et de la facilité à les consommer. Par exemple, nous savons maintenant que la leucine est l’acide aminé responsable du signal qui enclenche la synthèse de protéines après un effort. Les aliments qui sont riches en leucine proviennent surtout des produits laitiers et de la viande. Bien sûr, il y a aussi de la leucine dans les légumineuses, mais personnellement, je préfère manger ¾ de tasse de yogourt grec plutôt que plus de 2 tasses de lentilles pour obtenir mes 2 g de leucine!

 

 

Glucides et plantes : un autre bémol

Tout au long du documentaire, on ne précise jamais de quel type d’alimentation il s’agit, seulement que c’est « plant base »… Mais c’est quoi « plant base » ? Si on prend la diète méditerranéenne, on peut facilement dire qu’elle est basée sur les légumes et légumineuses, mais elle n’exclut pas les poissons, fruits de mer et l’occasionnelle portion de viande et volaille. Est-ce que ça en fait une alimentation « plant base »?  Je le crois bien.

Malgré tout, un fait demeure indéniable : davantage de végétaux dans l’alimentation d’une personne est bénéfique pour sa santé et donc sa performance, que ce soit au travail ou dans le sport.

 

 

Inflammation, anti-oxydants, érections et tralala ....

Si on se penche sur la science du documentaire et des arguments présentés, je vous assure que n’importe quel chercheur lèvera les yeux au ciel au bout de cinq secondes. Ça a d’ailleurs été mon cas en entendant parler de la laitue iceberg qui contient plus d’antioxydants que le poisson ou les œufs, des éprouvettes de sang brumeux dues aux gras présents dans le repas (ce qui est en fait tout à fait normal après un repas), jusqu’à la présentation hors contexte des effets du jus de betterave sur la performance. Et que dire de l’explication de l’influence de l’alimentation sur les érections de trois jeunes hommes pour lesquels on ne sait absolument rien des habitudes alimentaires, sportives, de sommeil et surtout, des rêves lors des nuits « étudiées »... ils n’ont que 20 ans !!!

 

En conclusion

Il est très facile de faire dire à la science ce qu’on veut qu’elle dise. Il y a cinq ans, on clamait que l’homme paléo mangeait principalement de la viande et on en faisait la promotion. Maintenant le gladiateur est végé ( « plant base »)!

Voyez la référence ci-bas qui vous montrera à quel point il est facile de tirer de mauvaises conclusions avec la science. Et surtout, rappelez-vous que si une façon de s’alimenter donne du succès à un athlète, ça ne veut pas dire que cela fonctionnera pour un autre. L’alimentation n’est jamais responsable à 100 % d’une performance sportive.

 

Vivons à notre époque, consommons localement, cuisinons allègrement, ajoutons davantage de légumes et surtout, évitons les produits trop transformés, sucrés ou salés, qu’ils soient végés ou non.

 

Je termine en remerciant toutefois Netflix, car toute controverse et tout sujet abordé sont matières à réflexion et favorisent des discussions qui peuvent nous amener à voir les choses autrement. Si vous aimez les documentaires sur l’alimentation, je vous suggère la très belle série Cooked de Micheal Polland dans laquelle on aborde les traditions et les aliments pour la survie. Et vous, y a-t-il quelque chose qui vous dissuade de consommer plus de légumes, de légumineuses ou autres produits végés ? Un petit changement qui tient longtemps vaut mieux que des grands qui foutent le camp !

 

Références :

 

The game changers :

https://www.netflix.com/ca/title/80022456

 

 

Protéines :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19589961

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26224750

 

Pseudoscience :

https://www.cmaj.ca/content/182/18/E867

 

Cooked :

https://www.netflix.com/ca/title/80022456