Encore une fois cette année la métropole accueillait la crème de l’élite dans le Vieux-Port de Montréal pour nous présenter des compétitions d’envergures. Tant du côté féminin que masculin, les épreuves étaient de 1,5 kilomètres de nage, 40 kilomètres de vélo et 10 kilomètres de course à pied, donc la distance que nous retrouverons lors des prochains Jeux Olympiques qui se tiendront à Tokyo en 2020.

Samedi, les femmes étaient en action et elles nous ont fait vibrer jusqu’aux dernier mètres de la course à pied puisqu’elles s’interchangeaient les positions mètres après mètres. Je vais me permettre un peu de favoritisme ici et je vais parler de la seule Canadienne inscrite sur ce triathlon de Montréal, Joanna Brown qui pour une deuxième Triathlon Brownannée consécutive, a fait l’exploit de percer le top cinq sur le circuit des séries mondiales. Elle a terminé au quatrième rang en 2017 et encore cette année le quatrième rang! Est-ce la position la plus déchirante?

La particularité d’un ou d’une athlète de haut niveau, c’est la difficulté d’être satisfait, car ces athlètes veulent toujours mieux performer et sont à la recherche du « gros » résultat qui leur permettra de vivre cette euphorie totale. En mon sens à moi, Joanna Brown est une des athlètes qui s’est le plus amélioré dans le peloton depuis les dernières années et nous allons risquer de la voir faire belle figure lors des Jeux Olympiques de Tokyo, je vous le garanti. Cette quatrième place n’est peut-être pas une place sur le podium, mais bien un signe qu’elle est proche d’être de plus en plus constante dans ses performances sur le circuit de la série mondiale, ce qui est un « gros » exploit en soi!

La gagnante du jour, Vicky Holland, a fait preuve de calme, de sang-froid et d’expérience, car sa journée de travail avait bien mal commencé. Elle a eu une hésitation qu’on voit peu dans le monde du triathlon lors du départ. Elle est plongée à l’eau au moins cinq secondes plus tard que la première, ce qui fait en sorte qu’une panique peut facilement s’installer quand on accuse du retard comme ça dès le début de l’épreuve. Par la suite, elle s’est mise dans une zone d’effort complètement au-dessus de ce qu’elle aurait dû faire, la mettant alors dans un état de souffrance beaucoup plus tôt que désiré. Elle a donc perdu contact avec les quatre athlètes qui se sont détachées à la nage, en l’occurrence Jessica Learmonth (Grande-Bretagne), Summer Cook (États-Unis), Katie Zaferes (États-Unis) et Maya Kingma (Pays-Bas).

Difficile pour elle, Holland s’est retrouvée intercalée entre deux groupes se faisant ainsi déporter par le courant. Le courant était tellement fort, qu’elle a perdu sa ligne de course et elle s’est retrouvée à nager plusieurs mètres supplémentaires, croyant ainsi que sa compétition était détruite pour le reste de la journée. Une fois de plus son expérience lui a servie, puisqu’elle a pris le temps de reprendre ses énergies dans la portion vélo et dès qu’elle a enfilé ses chaussures de course à pied, elle a gardé la pôle position jusqu’à la célébration de sa victoire. Comment a-t-elle pu être aussi rapide, efficace, confiante et concentrée après un début d’épreuve aussi chaotique?

Elle savait qu’elle pouvait se rapprocher du titre mondial et c’est ce qu’elle a exécuté avec brio en comblant l’écart Triathlon Zafaresface à Katie Zaferes qui mène maintenant avec seulement 34 points d’avance et ce, avant la grande finale qui aura lieu du 12 au 16 septembre à Gold Coast en Australie. Vous pouvez être certains que je serai rivée à mes écrans pour savoir si elle remportera!Mario Mola

 

Peu importe la façon, difficile de battre l’Espagnol Mario Mola!

Du côté masculin, c’est encore une fois celui qu’on attendait, Mario Mola, qui est allé chercher la victoire et ce, à la toute fin. On a eu droit à un scénario enlevant, puisque dans la portion vélo, les deux Norvégiens, Kirstian Blummentfelt et Casper Stornes ont alliés leurs forces dans le groupe d’échappé pour creuser un écart significatif avant de faire la transition pour le vélo. Dans ce groupe d’échappé, le Québécois Charles Paquet, 21 ans, qui en était à son premier départ sur le circuit de la série mondiale a prouvé qu’il était audacieux. Il s’est joint au groupe d’échappé et a dû prendre des relais pour collaborer à maintenir l’avance sur le peloton principal ce qui lui a sans doute couter cher en énergie pendant sa course à pied.

Lorsque ce groupe d’échappé a pris d’assaut la course à pied, ils avaient une minute d’avance sur les coureurs les plus rapides, notamment Mario Mola (Espagne), Richard Murray (Afrique du Sud) et Jacob Birtwhislte (Australie). Tout juste derrière eux, le Canadien Tyler Mislawchuk a tenté de s’accrocher dès les premiers kilomètres à la course à pied, pour percer le top 10 ce qu’il a réussi à faire avec une belle huitième place.

Le but de Kristin Blummenfelt en essayant de prendre du temps sur Mola dans la portion vélo était de réussir à avoir assez d’avance pour potentiellement être en mesure de devancer le double champion du monde au fil d’arrivée. Nous avons tous pensé qu’une minute pouvait être une avance considérable pour pouvoir penser le détrôner et lui compris, mais aussi crève-cœur que le sport peut être parfois, nous avons eu droit à un Mario Mola tellement constant dans la course à pied qu’à la mi-course, il ne lui restait que seulement 10 secondes d’écart à combler.

Bien entendu, le piège dans lequel s’est retrouvé Blummenfelt, c’est qu’il a tellement dépensé d’énergie pendant les 40 kilomètres à vélo comparativement à Mola qui est resté bien cambré dans le peloton principal prenant quelques relais ici et là, qu’il a souffert énormément et a malheureusement dû se contenter de la deuxième position. Il semblait visiblement très déçu après l’épreuve, mais quel courage de décider d’être aussi agressif et de prendre des risques de la sorte. Il y croyait et Mola lui aussi y croyait, puisque que ça s’est joué dans le dernier kilomètre de course à pied. C’est là que le Norvégien s’est fait dépasser et distancer. Crève-cœur, mais mémorable, car je suis persuadée qu’il l’aura cette victoire contre Mario Mola et d’avoir essayer de cette façon, j’admire ce geste!

Du côté du Québécois d’Alexis Lepage, il a eu une excellente nage et il était bien confortable au sein du peloton principal jusqu’à ce qu’il joue de malchance en ayant une crevaison. Très fâcheuse situation, la chaussée étant mouillée, il avait décidé d’être sur freins à disque, ce qui a fait en sorte que dans la station dépannage, il n’y avait pas de roue munie de freins à disque pour lui, donc il a dû lui-même remettre de l’air dans son pneu. Comment voulez-vous revenir sur le groupe de tête après une telle situation? C’est très dommage, car il s’était entrainé tellement fort pour avoir un bon niveau de forme ici à Montréal devant les siens.

C’est encore une fois une fin de semaine inoubliable qui se termine dans le cadre de ce Triathlon International de Montréal, certains athlètes vivent des moments euphoriques, certains athlètes doivent composer avec des situations incontrôlables qui parfois les empêche même de prendre le départ. C’était le cas d’Amélie Kretz la Québécoise qui s’était tordu la cheville la semaine dernière devant ainsi mettre une croix sur cette épreuve qu’elle convoitait tant.

Ce qui va en ressortir, ce sera leur force de caractère. Une Amélie Kretz qui va rebondir et revenir plus forte, un Alexis Lepage qui voudra encore plus une performance à la hauteur de son potentiel et un Kristian Blummenfelt qui réussira un jour à vaincre l’imbattable Mario!