Vaincre la douleur avec la force mentale
En forme jeudi, 22 oct. 2020. 08:10 mardi, 19 nov. 2024. 08:45Quand l’aspect psychologique devient plus fort que l’inconfort et le mal ressenti, il y a quelque chose qui se passe. C’est ce que le cycliste professionnel Adam Roberge a vécu lors du Défi Bonneville alors qu’il avait le désir de battre le record sur la distance de 404 kilomètres. Record qui n’avait même pas été près d’être égalé depuis les deux dernières années. Ayant flirté avec le désir de tout abandonner pendant l’épreuve, Adam a accepté de nous raconter comment il a réussi à inscrire le nouveau meilleur temps grâce à sa force mentale.
11 heures 48 minutes et 42 secondes, c’est près de 12 heures de souffrance, seul avec lui-même. Adam confirme qu’il a exploré sa limite. « J’étais dans l’inconnu. La plus longue sortie que j’avais fait dans ma vie, c’était 250 kilomètres. Je ne connaissais pas les sensations qui se trouvaient au-delà de cette distance. » Il a donc décidé d’appeler James McNaughton, l’ancien détenteur du record pour tenter d’en savoir davantage.
Celui-ci lui a dit cette phrase frappante qu’Adam s’est répété à maintes reprises : « Quand tu vas avoir des moments difficiles et ardus, tu dois prendre conscience à quel point tu es chanceux de toucher cette limite et te dire que peu de gens ont la possibilité de se rendre aussi loin mentalement et physiquement. » J’ai donc voulu savoir qu’est-ce que c’est cette fameuse limite, à quoi ça ressemble? « Vision embrouillée, acide lactique dans les jambes, amorphe mentalement, difficulté à garder la trajectoire et peine à s’abreuver. Malgré cette fatigue générale, quelque chose nous pousse à aller encore plus loin. » Voilà comment Adam la décrit.
7h15 Am, le départ est donné. Adam est loin de se douter qu’il va vivre un de ses plus beaux moment sur le vélo. 270 kilomètres plus tard, il est 16h00. Le soleil commence à s’incliner et le triple champion canadien espoir du contre-la-montre individuel raconte que c’est là où le mental a fait la différence pour lui. « Ça faisait plus de 8 heures et demi que je pédalais et les batteries ont complètement sautées. Je me demandais comment j’allais faire pour finir. J’essayais de me convaincre qu’il me restait juste 130 kilomètres, mais mon cerveau n’achetait pas cette idée. C’était trop long. J’ai donc changé l’objectif. Mon prochain but était de me rendre au ravitaillement qui était à 30 kilomètres. Ça aussi, mon cerveau ne l’a pas gobé! »
Adam s’est alors souvenu d’une pensée provenant de Georges St-Pierre et c’est là que sa perception a changée dit-il. « Je me suis détaché de la situation. Oui c’était un moment désagréable et douloureux. Par contre, je savais une chose. Cet inconfort était temporaire et dans quelques heures, cette douleur allait être inexistante pour le reste de ma vie. » Il s’est alors dit qu’il était chanceux de pouvoir faire le Défi Bonneville pour soutenir les athlètes d’excellence du Québec dans leurs études et leur développement. Une cause qui lui tient à cœur.
Adam explique que mentalement, ça a débloqué une limite psychologique chez lui. « J’ai réussi à me concentrer seulement sur ce que j’avais à faire et non sur ce qui faisait mal. Ma position aérodynamique, ma respiration et ma concentration étaient au centre de mes pensées. Rien d’autre. Un kilomètre à la fois, c’est tout. Je me suis mis à me sentir de mieux en mieux sans vraiment comprendre comment c’était possible physiologiquement. Avec cette expérience, j’ai compris que si je frappe un mur dans une compétition cycliste d’envergure, je sais qu’en continuant à me battre, mon énergie va revenir un kilomètre à la fois et je repousserai à nouveau ma limite. Une expérience qui va me servir dans plusieurs sphères de ma vie. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi ça m’inspire! Cet aspect mental devient un atout excessivement important qui peut faire la différence et Adam en sait quelque chose. « Mon but, c’est d’être un cycliste professionnel performant et une bonne partie de ma journée est consacrée à l’entraînement physique. Je passe également 2 heures par jour à lire sur la psychologie du sport. Je sais que ça peut m’aider à atteindre l’excellence, à vivre une vie optimale et à grandir en tant qu’individu. » À défaut de passer autant de temps à améliorer son mental, il a donc décidé d’essayer d’aider les autres en partageant des capsules à cet effet sur sa chaîne YouTube.
Voilà, c’est ça qui se produit quand l’aspect psychologique devient plus fort que l’inconfort et le mal ressenti! Pour les curieux, voici la vidéo récapitulative de son Défi.