League of Legends : Riot affranchit l’Europe
eSports / Jeux vidéo vendredi, 6 avr. 2018. 12:16 dimanche, 15 déc. 2024. 12:50Un texte d'Alban Quénoi
C’était un secret de polichinelle, la zone européenne des League of Legends Championship Series fera à son tour le grand saut en 2019, après l’Amérique du Nord et la Chine. Le format du championnat européen sera lui aussi désormais sous une structure de franchises, afin de stabiliser économiquement sa scène compétitive.
Riot a donc révélé les grandes lignes de son plan pour les LCS EU la semaine passée. À l’image de la zone nord-américaine qui a franchit le cap en 2018, les principales caractéristiques du processus seront les mêmes pour l’Europe.
Tout d’abord, le coût d’entrée pour les organisations prétendantes à une place dans l’élite devrait être similaire, à savoir 8 millions d’euros (environ 12,5 millions CAD) pour les équipes actuellement présentes en LCS EU, et 10,5 millions d’euros (16,5 millions CAD) pour les nouvelles structures. Ces chiffres auraient été confirmés par des sources officielles selon The Esports Observer, et correspondent directement aux sommes payées par les franchises nord-américaines en 2017.
Second point crucial, le partage des revenus générés par la ligue, à savoir les droits de rediffusion, ainsi que les ventes de billets, produits dérivés et contrats de partenariat a été détaillé. Il suivra exactement le même découpage que pour les LCS NA : les joueurs auront la plus grande part du gâteau avec 35%, tandis que Riot et les équipes se partageront à hauteur égale les 65% restants. C’est donc une promesse bien plus substantielle que le bonus d’audience accordé cette année aux équipes indexé sur les cotes d’écoute générées durant les matchs. Au passage, le salaire minimum des joueurs fera un impressionnant bond, passant de 24,000€ à 60,000€ par an.
Autre changement significatif, l’évidente disparition des relégations et promotions de fin de saison : Riot avait déjà fait sauter la valse de mi-saison pour 2018, et le passage aux franchises y mettra donc un terme définitif. Cependant, des pénalités sanctionnant de trop faibles performances seront tout de même appliquées.
Le processus d’application pour les prétendants à cette nouvelle formule des LCS EU ne changera pas non plus, avec un calendrier en trois phases avant l’annonce finale en novembre des heureux élus.
La fin du franc schisme dans les LCS
Riot complète donc sa transition entamée la saison passée. À l’instar de Blizzard avec l’Overwatch League, l’accent est mis sur la stabilisation de sa scène compétitive, avec des garanties financières données aux équipes, la menace de la relégation ayant tendance à refroidir les portefeuilles des potentiels investisseurs.
Cependant, c’est un virage bien plus délicat à opérer en Europe : le système de franchises repose sur des atouts bien connus en Amérique du Nord, mais est bien moins naturel sur le Vieux Continent, plus habitué aux ligues à étages avec promotions et relégations en fin de saison. C’est pourquoi Riot a donc pris le risque de créer cet écart entre ses deux principales régions durant une année pleine, et qui aura ébranlé les LCS EU durant la dernière intersaison : exode des talents vers l’Amérique du Nord, application de grandes équipes européennes dans la ligue NA, et surtout de nombreuses plaintes d’organisations comme H2K, Unicorns of Love ou encore le Paris Saint-Germain, protestant sur le partage des revenus insuffisant pour qu’une équipe puisse subsister financièrement dans le circuit.
Il fallait donc pour Riot trouver une solution adaptée à la région Europe, dont la principale spécificité est l’immense diversité de population. Ayant envisagé pendant un temps un découpage régional par pays, le concept aura finalement été abandonné, les LCS EU étant certainement devenu bien trop symboliques pour les amateurs pour y mettre fin.
C’est donc une réelle mise à niveau qui sera faite, mais avec une exigence toute particulière quant aux futures applications pour ces LCS EU nouvelle formule. Alors que l’accent était mis principalement sur le développement des joueurs professionnels lors de la transformation des LCS NA, les candidats à l’Europe devront afficher une identité régionale claire. La question est explicitement affichée sur le communiqué de Riot : “Quels sont vos projets pour entrer au contact des fans à l'échelle locale et paneuropéenne ?”, “Comment allez-vous faire pour vous adresser aux fans qui ne parlent pas anglais ?”. Un attachement géographique qui n’est pas sans rappeler le concept de l’Overwatch League de Blizzard, et l’association de chacune de ses équipes à une métropole.
Reste à voir quelles seront les équipes qui passeront le grand oral de Riot. Si l’Amérique du Nord est culturellement plus encline à investir des sommes colossales dans des projets ambitieux, c’est bien moins le cas en Europe. On peut s’attendre à des opérations séduction des grands clubs européens, certains ayant déjà franchi le pas par le passé comme le FC Schalke 04, et bien évidemment le Paris Saint-Germain. On se souvient des quelques mauvaises surprises lors du dévoilement des dix organisations retenues pour les LCS NA, avec notamment l’écartement de Immortals ou encore Dignitas, autant de mises en gardes pour les prétendants européens.