MONTRÉAL – Si la situation le permet, le camp d’entraînement des Alouettes de Montréal prendra son envol dans deux mois et le Québécois Alexandre Gagné risque d’attirer l’attention grâce à ses différents atouts.   

 

Dans la Ligue canadienne de football, on entend souvent les dirigeants d’équipes répéter que la polyvalence, les habiletés sur les unités spéciales et le talent canadien, ça ne s’achète pas pour entourer les athlètes les plus talentueux. Le Québécois Alexandre Gagné répond justement à ces critères et ça explique pourquoi il n’a pas eu besoin de s’inquiéter à l’approche du marché des joueurs autonomes.

 

Convoité d’un océan à l’autre – le dicton s’appliquera véritablement sous peu dans la LCF – Gagné a cependant affiché ses couleurs à ceux qui le convoitaient. Après trois saisons dans le vert des Roughriders de la Saskatchewan, c’était dans le nouvel uniforme des Alouettes qu’il désirait poursuivre sa carrière.

 

« Mon agent a reçu plusieurs appels et on me demandait de considérer leur ville. Mais on a cherché le plus intéressant vers la vision qu’on avait. C’est sûr que de revenir à la maison et de pouvoir profiter de l’aventure dans la LCF, d’en bénéficier à 100 % en étant à la maison avec ma famille et mes amis, c’est extraordinaire », a-t-il raconté au RDS.ca.

 

L’expérience n’est tout simplement pas aussi complète quand on doit s’éloigner de son domicile pour toucher des salaires qui ne rendent personne, ou presque, millionnaire.

 

« Je n’ai rien à redire contre mes trois années en Saskatchewan, mais c’est différent de partir pendant six mois et mettre ta vie sur pause pour cette carrière. D’avoir la possibilité de joindre tout ensemble, ça fait en sorte que c’est excitant, je ne peux rien demander de plus », a ajouté l’athlète de 28 ans.

 

En plus d’être un pilier sur les unités spéciales (23 plaqués en 2018 et 19 en 2019), Gagné possède plusieurs cordes à son arc comme spécialiste des remises sur les placements, remplaçant pour les longues remises et botteur d’urgence ! Celui qui détient une maîtrise en Finances jouissait ainsi d’un petit levier dans les négociations même si Danny Maciocia a rappelé à maintes reprises le contexte corsé du plafond salarial.

 

« C’est vrai qu’il doit composer avec un plafond salarial et de nombreux joueurs, je ne doute pas une seconde que ça doit être complexe pour lui.  De l’autre côté, mon jeu sur le terrain et mes statistiques sont là pour parler. Il ne restait qu’à s’entendre et les deux parties voulaient que ça se fasse. On a réussi à trouver un terrain d’entente pour que tout le monde soit satisfait et qu’on puisse bénéficier mutuellement de l’accord », a répondu l’ancien secondeur du Vert & Or de l’Université Sherbrooke. 

 

Alexandre GagnéÀ la suite de sa saison recrue, les Riders ont jugé bon de le transformer en centre-arrière. Aux dernières nouvelles, les Alouettes ont cependant l’intention de le replacer à position naturelle.

 

« Je n’ai pas demandé à personne pour le plan. Je pensais me présenter au camp et me battre pour un poste peu importe la position. Même sur les unités spéciales, je n’ai pas demandé un mandat particulier, mais c’est sûr que je serais content de revenir en défense », a évoqué le joueur de Saint-Hubert.

 

Comme c’est parfois le cas, Gagné n’a pas compris immédiatement la valeur de pouvoir effectuer les remises. Aujourd’hui, il est reconnaissant envers un entraîneur en particulier pour cette raison.

 

« J’ai eu un entraîneur au secondaire qui me disait que j’étais bon pour les remises et il me forçait à le faire. Au secondaire, ce n’est pas la tâche la plus sexy, tu ne joues pas au foot pour snapper quand tu es jeune surtout quand tu te débrouilles bien à d’autres positions. C’est rendu à l’université que j’ai réalisé que ça pouvait être intéressant pour prolonger ma carrière, un bel outil à mon arc. J’ai décidé de me spécialiser et j’ai pris des cours dans ce sens », a confié Gagné qui a joué au soccer jusqu’à 18 ans ce qui explique son savoir-faire pour les bottés.

 

Trop passionné du football pour y renoncer à moyen terme

 

Prêt à disputer sa quatrième saison dans le circuit canadien, Gagné n’est pas prêt à renoncer à cette passion.

 

« N’importe quel joueur de football te dira que tu dois repenser chaque année si tu repars pour une autre saison. Mais, jouer au football, je ne le vois pas comme un travail. Oui, je le prends au sérieux comme un travail, mais je m’en vais jouer au ballon. Ce n’est pas difficile pour moi de me lever pour me rendre au terrain. Tant que mon corps et ma tête me le permettront, je vais continuer dans cet environnement. J’ai la chance d’avoir Desjardins qui sont compréhensifs envers mes deux carrières et ça fait en sorte que je peux jumeler les deux », a indiqué le conseiller en gestion de patrimoine qui arrêtera cet emploi pendant la saison.

 

À la blague, on lui a suggéré que Desjardins aurait pu lui proposer un poste dans les nouveaux bureaux de la tour du Stade olympique. Il n’aurait eu qu’à marcher pour se rendre aux entraînements des Alouettes, mais il préfère se concentrer sur le football entièrement.

 

À tout le moins, Gagné n’a pas à composer avec la pression selon laquelle le football constitue l’unique option pour subvenir à ses besoins.

 

« C’est sûr que c’est un avantage de jouer avec une pression de moins, mais ça reste que l’esprit compétitif ne part jamais. Même si je me dis que j’ai un excellent plan B, le plan A demeure ma priorité pendant la saison. Le milieu du sport professionnel est très compétitif, il y a toujours des joueurs qui arrivent pour voler ton poste. Je ne tiens jamais ce rôle pour acquis et je ne le ferai jamais. J’aime trop ce sport pour faire ça, mon côté compétitif ne l’accepterait jamais », a-t-il statué.

 

Justement, question de ne pas accuser de retard, il a déniché un compromis pour s’entraîner adéquatement pendant la crise de la COVID-19.

 

« J’ai réussi à trouver une solution pour rester protégé tout en demeurant en forme. Je vais dans un centre d’entraînement fermé où je suis le seul à avoir accès. Je peux laver mes machines en arrivant et en sortant », a dévoilé celui qui portera le numéro 34.

 

Il ne peut que souhaiter que cette pandémie ne retardera pas la saison puisqu’il a hâte de participer à la renaissance des Alouettes sous les ordres de Khari Jones avec d'autres acquisitions québécoises comme David Ménard, Junior Luke et Frédéric Chagnon. 

 

« Même quand j’étais avec les Riders, je regardais l’ensemble de ce qui se passait dans la LCF, mais en suivant de plus près la situation à Montréal. Ils ont connu une superbe dernière année avec une ascension malgré tous les changements. C’est évident que ça rend l’ambiance à Montréal excitante autour du club et dans le vestiaire. Montréal redevient une place de choix dans la LCF », a conclu Gagné qui a connu l’effervescence autour des Roughriders.