Le temps presse et Tyrell Sutton souhaiterait que la LCF se décide
Alouettes vendredi, 12 juin 2020. 17:06 vendredi, 13 déc. 2024. 12:22MONTRÉAL - Tyrell Sutton ressent une certaine urgence et il aimerait bien que la Ligue canadienne de football prenne une décision.
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À 33 ans, le demi offensif des Alouettes de Montréal sait très bien qu'il est plus près de la fin de sa carrière que de son début. Et sans dire que 2020 aurait été sa dernière campagne, celui qui est le papa d'un petit garçon depuis quelques semaines aimerait planifier la suite des choses en toute connaissance de cause.
« On doit savoir ce qui se passe. On doit savoir ce qu'on va faire de nos vies dans les prochains mois, a-t-il dit vendredi au cours d'une vidéoconférence. On ne peut pas passer notre temps à s'entraîner sans savoir ce qui s'en vient. Je pense que le plus important, ce qu'on demande en premier, c'est de la transparence et de faire partie des discussions. Sans nous, il n'y a pas de ligue ou de saison. On veut juste être informés. D'être laissés sans savoir est ce qui est le pire pour nous. La ligue a de l'info; elle sait ce qui se passe. De ne passer aucune ou que des bribes d'information est néfaste.
« Je ne dis pas que ça aurait été ma dernière saison, mais ça aurait été un bon moment pour trouver de quelle façon je mettrai fin à ma carrière, a ajouté le vétéran de sept saisons dans la LCF. (...) Je suis fier de mes 10 ans dans le football, dont sept au Canada. Je sais que la fin approche, mais j'aimerais m'y préparer à mes conditions. »
Et de façon plus prosaïque, il y a une question monétaire à régler. Sutton est de ceux qui devront se trouver du boulot s'il ne joue pas au football cette saison.
« Je ne suis pas un gars qui a eu la chance de profiter de six contrats de plusieurs saisons au cours de mes 10 ans de carrière. Je suis aussi dans une situation unique: mon visa de travail vient à échéance le 30 juin. J'ai tenté d'obtenir un permis de travail ouvert (qui n'est pas lié à un travail spécifique) de la part des Alouettes, mais je ne sais pas combien de joueurs en ont profité jusqu'ici. La ligue nous les a rendus disponibles récemment. J'ai tenté d'en obtenir un de trois équipes au cours de la dernière année et je n'ai pas été capable. Dans les faits, ils pourraient me renvoyer aux États-Unis s'il n'y a pas de saison, ce qui n'arrivera pas, car j'ai une femme et un bébé à m'occuper. »
Sutton estime également que le temps presse pour la ligue.
« Je ne sais pas quelle est la date butoir pour la LCF, mais je sais que de jouer une Coupe Grey au Canada en décembre n'est pas une perspective qui m'enchante. À moins qu'on ne joue en Colombie-Britannique, je ne pense pas que ce soit une bonne idée!
« C'est certain que la ligue perd du temps précieux, mais en même temps, je comprends qu'elle ne veuille pas précipiter les choses et qu'elle doive les faire correctement. Les frontières ne sont même pas rouvertes encore. On doit négocier avec diverses agences gouvernementales indépendantes qui ont toutes leur mot à dire avant que la ligue ne puisse prendre sa décision.
« Peu importe la décision qui sera prise, elle devra être approuvée par le gouvernement. Mais nous ne savons pas ce qui se passe. Je crois que les équipes communiquent avec leurs médecins, mais pas des épidémiologistes.
« Une fois que nous aurons le feu vert, il faut déterminer toute la logistique: serons-nous réunis dans des pôles? Y aura-t-il une quarantaine de deux semaines pour les joueurs provenant de l'étranger? Demeurerons-nous dans des hôtels? Comment viendrons-nous et quitterons-nous le travail? Serons-nous testés tous les jours? Il y a tant de questions. »
Et une fois ce feu vert obtenu par la LCF, les joueurs voudront-ils jouer au salaire qui leur sera proposé?
« C'est difficile de répondre à cela, car c'est une question personnelle. Si vous vous appelez Mike Reilly, Bo Levi Mitchell ou Vernon Adams, vous allez recevoir un bon salaire, près de 200 000 $, même en cas de saison écourtée. Un autre joueur pourrait ne toucher que 30 000 $. Il faudra donc se demander jusqu'à quel point ce 30 000 $ vaut la peine de quitter votre famille. En plus, si vous avez un visa de travail comme moi, ces 30 000 $ n'en vaudront que 17 ou 18 000 à la fin. Les décisions prises par chaque individu feront en sorte que cette ligue aura une saison ou non en 2020. »
Sans vouloir parler au nom de tous les joueurs du circuit, Sutton croit qu'il y a du ressentiment à l'endroit du commissaire Randy Ambrosie et de son manque de transparence dans ce dossier.
« C'est parce que nous ne sommes pas impliqués. La ligue a demandé des fonds au secteur privé sans nous impliquer. Elle est allée voir le gouvernement fédéral sans nous consulter. Ça fait un moment que c'est comme ça, depuis la ratification de cette convention collective en fait, en 2018, alors qu'ils avaient refusé de payer les bonis aux joueurs.
« Nous ne sommes pas dans une relation de confiance, car on ne nous donne pas l'information ou les outils afin qu'on surmonte cette situation ensemble. »