MONTRÉAL – Après être plutôt passé dans l’ombre à sa première saison avec les Alouettes, Vernon Adams fils a pris son envol en menant le club montréalais à l’une de ses rares victoires, samedi.

Acquis à gros prix, contre le choix de première ronde au repêchage de 2017, Adams fils a rassuré certains partisans en aidant les Alouettes (5-11) à goûter à la victoire pour la cinquième fois de la saison.

Certes, la prestation de l’ancien des Ducks d’Oregon était loin d’être parfaite, mais les conditions météorologiques n’étaient pas parfaites non plus. Sous une pluie battante, Adams fils a eu à sauver sa vie à quelques reprises alors que la pression fuyait de partout.

Cependant, l’Américain a été quelque peu responsable de son sort.

« Il regardait aux bons endroits par rapport à ses lectures ce qui est bien. Mais, à l’occasion, il était peut-être un peu en retard pour décocher ses passes. Évidemment, le jeu se déroule plus vite dans les matchs que dans les entraînements », a statué l’entraîneur Jacques Chapdelaine.  

« Mais j’ai admiré le fait que quand il sortait de la pochette, il était capable de garder ses yeux vers ses cibles et il parvenait à compléter des jeux ainsi », a ajouté celui qui a encadré une multitude de quarts. 

Au final, le quart de 23 ans a complété uniquement 11 de ses 24 passes (45,8%) pour 177 verges, une passe de touché et une interception. Ce pourcentage est bien en deçà de sa moyenne au niveau universitaire de 64,9% avec Oregon et Eastern Washington.  

« Je sais tout simplement que j’ai manqué plusieurs passes que je peux compléter. Je veux corriger ça et envoyer le ballon plus rapidement dans les mains de nos fabricants de jeux. J’ai encaissé trop de sacs pour cette raison », a analysé Adams fils, quatre jours à la suite du gain contre les Roughriders.

« Je dois lancer le ballon plus rapidement, ils m’ont accordé assez de temps », a-t-il poursuivi en parlant de ses gros protecteurs.

Afin de se démarquer dans la Ligue canadienne de football, un circuit axé sur la passe, il devra démontrer qu’il peut – à cinq pieds onze pouces - connaître du succès en décochant des passes au cœur de sa pochette protectrice.

« Quand tu mises sur un jeune comme ça, son niveau de confort va parfois l’influencer à sortir de la pochette où il se sent plus à l’aise, présentement, en début de carrière. Je l’ai vu se débrouiller à l’université, il était un bon quart dans la pochette et à l’extérieur de celle-ci. C’est un niveau de confort qui viendra avec le temps et la progression. On le verra exécuter plus de jeux derrière sa ligne », a prédit Chapdelaine.

Heureux de la victoire, Adams fils est demeuré très critique de sa prestation. S’il a admis que la pluie a miné l’adhérence sur le ballon pour effectuer ses passes, il a retenu un seul point positif de son premier départ.

« Tout simplement que nous ayons pu gagner », a-t-il relevé.

Un tempérament aux antipodes de celui de Cato

Tout comme Rakeem Cato, Adams fils déborde de passion. Par contre, Cato a éprouvé des ennuis à maîtriser ses émotions si bien qu’il s’est emporté trop souvent même si les agissements de Duron Carter et Kenny Stafford étaient déplorables.

L’échantillon demeure minime, mais Adams fils a impressionné ses coéquipiers par son contrôle.

« Pour son premier départ, il a bien joué, il a beaucoup de talent. Comme on l’a vu, il a été capable d’éviter la pression à plusieurs reprises. Il était confiant et t’as besoin de ça de la part de ton quart-arrière. Je pense qu’il va avoir une belle carrière », a jugé le joueur de ligne offensive, Kristian Matte.

Le receveur Samuel Giguère a dirigé la conversation vers les mêmes qualités.

« Pour un jeune quart-arrière qui en était à son premier départ, il a démontré beaucoup de confiance et un bon leadership dans le caucus et sur le terrain. On a aussi vu une grande dose de résilience de sa part », a-t-il souligné.

« Il a subi beaucoup de pression du front défensif des Riders, qui est un bon front. Il a démontré de belles choses dans des conditions difficiles, il mouillait à siaux durant tout le match et le ballon était lourd parce qu’il était plein d’eau. Ce n’est définitivement pas des conditions qu’on souhaite pour un premier départ professionnel. Malgré tout ça, il a bien fait et je lui lève mon chapeau », a exprimé Giguère qui n’est pas du style à perdre sa concentration.

Très discret depuis qu’il a perdu son poste d’entraîneur-chef, le directeur général Jim Popp se sentirait certainement mieux si Adams fils était en mesure de s’établir en tant que partant pour les Alouettes.

Le sacrifice d’un choix de première ronde n’aurait pas été un gaspillage. Adams fils imagine la suite de sa carrière avec optimisme puisqu’il sent une dynamique prometteuse avec son entraîneur.

« Je pense qu’on développe une belle relation, je vois souvent les mêmes choses que lui. Je trouve qu’on est sur la même longueur d’onde pour la plupart des aspects. Quand ça se produit, ça devrait bien se passer sur le terrain. Je comprends bien ce qu’il souhaite voir comme système », a conclu Adams fils.

Ignoré au repêchage de la NFL en 2016, le Californien n’a pas convaincu les Seahawks et les Redskins lors d’essais avec eux. Chose certaine, les Alouettes auront plus de patience avec lui et ça lui appartiendra de ne pas rater sa cible, celle d’une carrière professionnelle.