MONTRÉAL – John Bowman est passé par toute la gamme des émotions au cours de la dernière année. Heureusement pour lui – et tous ses coéquipiers – ce tour de montagnes russes s’est terminé en beauté avec le pacte l’associant aux Alouettes jusqu’à la fin de la saison 2017.

Certes, le sourire de Bowman brillait autant que sa boucle d’oreille typique, mais ce sentiment était aussi partagé par ses partenaires, mercredi, dans le vestiaire des Alouettes. 

Bowman rencontrait les médias pour la première fois depuis la signature d’une prolongation de contrat d'une saison. Cette entente, qui a été dévoilée mardi, a été accueillie avec joie par cette force de la nature qui excelle encore à 34 ans.

Pourtant, il y a un an, Tom Higgins – l’entraîneur de l’époque – avait préféré le clouer sur les lignes de côté. Cette gestion malhabile du personnel avait notamment causé la perte de Higgins.

De retour sur le terrain, où il trouve toujours une manière de s’illustrer, Bowman avait confirmé l’évaluation erronée de Higgins en ajoutant plusieurs quarts-arrières à son tableau de chasse.

Vers la fin du calendrier 2015, Bowman avait été envahi par son côté émotif après avoir traversé autant de hauts et de bas en quelques mois. Il était incapable de dire s’il allait poursuivre sa carrière et il parlait de la possibilité d'accrocher ses crampons. 

Force est d’admettre qu’il a pris une décision judicieuse en entamant une 11e saison dans sa ligue d’adoption. Son rendement concluant a incité les Alouettes à lui proposer d’ajouter une 12e année à son palmarès.

« On m’a dit qu’on voulait me ravoir pour une autre saison, c’est une belle marque de reconnaissance de leur part. Je n’ai pas besoin de prendre ma retraite, ils veulent encore conserver mes services », a confié Bowman avec ouverture.

« John m’avait dit plus tôt cette année que c’était sa dernière saison. Avec le début qu’il a connu, je lui ai dit que j’étais certain qu’il me mentait », a raconté le maraudeur, Marc-Olivier Brouillette, en riant.

Cette nouvelle n’avait pas été anticipée à ce moment de l’année. Il faut dire que les négociations n’ont pas traîné entre les deux clans.

« On m’a demandé si je pensais continuer de jouer. J’ai répondu que je n’étais pas certain et ils ont répliqué en me proposant cette entente. Ils voulaient me faire savoir que mes services étaient appréciés », a exposé Bowman avec modestie.

Selon les informations récoltées par le collègue Didier Orméjuste, cette décision de Jim Popp a forcé la restructuration du contrat de Vaughn Martin, notamment. Le directeur général et entraîneur-chef était déterminé à récompenser Bowman qui avait révélé vouloir être payé à la hauteur de ses statistiques il y a quelques mois.  

« Il a fini la dernière saison en force et il se demandait jusqu’à quand il allait jouer. J’ai été très clair avec lui qu’on voulait le garder ici. Je lui ai proposé de régler le tout et d’ajouter une année à son contrat », a mentionné Popp.

« Tous les individus sont différents, mais ça procure de la sécurité même si aucune garantie n’existe dans le football. Il n’a pas besoin de se poser des questions, ça enlève une source de stress », a-t-il ajouté sur la date hâtive de ce geste administratif.

Si Bowman constitue la pièce maîtresse de la ligne défensive des Alouettes, Alan-Michael Cash et Gabriel Knapton s'avèrent également des rouages de premier plan. Ça semble encore plus vrai cette année alors que le coordonnateur défensif Noel Thorpe déploie souvent un système 3-4 (trois joueurs de ligne défensive et quatre secondeurs). Cash et Knapton - qui occupent des casiers peu lointains de Bowman dans le vestiaire – ont salué l’annonce chacun à leur manière.

John BowmanPendant que Cash s’amusait à jouer au journaliste pour écouter les commentaires de Bowman, Knapton ne ménageait pas les louanges envers celui-ci.

« J’étais si content, j’adore jouer avec lui et je suis excité de pouvoir continuer à ses côtés. J’ai beaucoup grandi grâce à lui, il m’apprend continuellement des choses. Je le regarde aller et ça m’aide dans mon rendement », a remercié Knapton.

Aux yeux de ce dernier, Bowman ne reçoit pas assez de mérite pour son intelligence sur le terrain.  

« Il est très fort pour reconnaître les schémas de blocs de l’adversaire. À mon avis, c’est une chose qu’on ne remarque pas assez de sa part. Il comprend bien les nuances et il est capable de déterminer ce que l’adversaire lui offre comme possibilité », a étalé Knapton.

Plus blagueur, Cash a saisi le micro d’un collègue pour demander à Bowman si son réservoir n’était pas à sec.

« Il y a encore de l’essence, de l’essence suprême », a répondu l’interviewé qui affiche un tatouage de lion sur le bras gauche.

Bowman ne cache pas que la présence de Cash au centre de la ligne défensive lui facilite la vie.  

« Je peux seulement devenir meilleur à ses côtés. Très souvent, il accapare deux joueurs et je me retrouve à un contre un. C’est tout un joueur, je suis reconnaissant de l’avoir comme coéquipier », a insisté l’Américain qui a grandi à Brooklyn.

Un leader incontesté

En 2016, les Alouettes essaient de freiner un creux qui perdure depuis trois saisons. Depuis la perte d’Anthony Calvillo comme meneur de l’attaque, le club montréalais a peiné à se démarquer.

L’organisation a eu besoin de quelques piliers pour traverser les tempêtes et Bowman se situe parmi ce groupe. Sans lui, le navire aurait vacillé davantage.

« C’est important pour nous, il ne fait pas seulement partie de notre noyau défensif, mais du cœur de notre organisation. Il a donné beaucoup aux Alouettes et à la ville de Montréal », a souligné Brouillette qui a encensé sa longévité.

John BowmanÀ ce sujet, en tant que meneur inspirant, Bowman préfère retenir le positif. Voilà pourquoi il s’empresse d’écarter les mauvais souvenirs de la saison passée.  

« Je n’y pense pas trop parce que ça empêche de regarder vers l’avant. Je suis surtout content qu’on m’ait accordé la chance de continuer à jouer », a indiqué Bowman.

Le meneur de tous les temps pour les sacs chez les Alouettes – et le neuvième dans l’histoire de la LCF – s’attarde à replacer son équipe dans le bon chemin.

« On sent qu’on devient une équipe victorieuse, la clé est de bâtir de la constance. On veut pousser dans ce sens et envoyer une équipe gagnante sur le terrain, un club que la ville de Montréal aimera », a tenu à dire Bowman avec fierté.

Par une heureuse coïncidence, Popp a également fait référence à l’attachement de Bowman avec la métropole québécoise durant son point de presse.  

« Il est à l'aise ici, il a confiance en nous, il a une maison avec les Alouettes », a conclu Popp qui n’a jamais caché son appréciation de Bowman.