MONTRÉAL - Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jim Popp en a vu d’autres au cours de sa longue carrière, mais plusieurs dirigeants pourraient être effrayés par la liste des 20 joueurs autonomes potentiels au sein de son organisation.

Au fur et à mesure qu’on défile cette liste, les athlètes de premier plan s’accumulent en commençant par des piliers défensifs comme Chip Cox, Bear Woods, Jerald Brown et des armes offensives de grande qualité comme S.J. Green, Tyrell Sutton et Duron Carter.

Ce dernier mérite qu’on s’attarde à sa situation étant donné que plusieurs formations de la NFL s’intéressent attentivement à lui. Le fils de Cris, l’ancienne grande vedette des Vikings du Minnesota, ne voulait pas sauter les étapes devant les médias lundi, mais il n’a jamais caché qu’il rêvait de poursuivre son développement dans le circuit Goodell.

« Vous en savez autant ou même plus que moi, je devrai parler à mon agent. Je n’ai aucune attente pour la suite, j’ai appris à aborder la vie comme elle se présente à moi », a déclaré Carter, avec son grand sourire, en soulignant qu’il a adoré évoluer à Montréal.

Son complice Brandon London a d’ailleurs confié que Carter lui parlait souvent, durant les nombreuses parties à des jeux vidéos, qu’il lorgnait vers la NFL.

« Je joue souvent à FIFA avec Duron et il me parle tout le temps de son souhait d’accéder à la NFL. C’est difficile et étrange de penser qu’on sera sûrement séparé, mais c’est la réalité du sport », a reconnu London en se croisant les doigts pour que Green ne quitte pas lui aussi.

C’est finalement Jim Popp qui a été le plus lucide sur le sujet.

« En se fiant sur l’intérêt de certaines équipes et l’évaluation que nous faisons de son talent, on s’attend à ce qu’il puisse choisir où il voudra signer et qu’il participera à un camp de la NFL. Si ça ne fonctionne pas pour lui, la porte sera ouverte pour qu’il puisse revenir et il le sait », a confié Popp.

En plus de ces 20 joueurs qui peuvent tester le marché de l’autonomie, Popp devra s’attarder à une multitude d’autres cas parmi les employés de l’organisation. Au cumulatif, le directeur général étudiera près de 50 contrats. En admettant qu’il s’agit de l’une de ses périodes les plus exigeantes de l’année, Popp a souligné que c’était commun de devoir renégocier avec 15 à 20 joueurs durant la saison morte.

« Certains noms sur cette liste, comme les partants et les joueurs canadiens, s’avèrent des priorités. On avait commencé des négociations avec quelques-uns avant la fin de la saison régulière et nous allons recommencer bientôt », a-t-il indiqué.

« Jim a parlé aux joueurs à propos des aspects contractuels et j’ai pu m’adresser à eux ensuite. J’ai été directeur général auparavant et tu vois parfois les joueurs comme des signes de dollars quand tu occupes les deux fonctions. Nous allons en signer plusieurs parmi eux, mais on aura aussi à prendre des décisions financières et certains voudront aller jouer ailleurs », a renchéri l’entraîneur Tom Higgins.

ContentId(3.1107772):Les Alouettes plaqués à Hamilton
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Sans trop cacher son jeu comme il pourrait le faire, Popp a pris le temps de spécifier que Green et Cox représentaient des priorités à ses yeux. Selon lui, il devrait être en mesure de retenir Cox à Montréal puisque ce dernier a adopté l’endroit.

« Je m’attends à ce qu’il poursuive sa carrière avec nous. C’est probablement le meilleur joueur défensif depuis cinq ans et il est la colonne vertébrale de notre défensif. C’est impératif de le signer de nouveau », a-t-il admis.

En ce qui concerne Woods, qui a été élu le joueur défensif par excellence dans l’Est, il ne renonce pas à la NFL et il a affirmé qu’il devait considérer le football comme du business.

« Je suis un Alouette. Jim Popp m’a trouvé dans le sud de la Georgie et il m’a fait venir ici. J’aimerais demeurer avec l’organisation, mais je suis un mari et père de bientôt deux enfants donc c’est la première fois que je vais regarder le football comme un business », a-t-il dit.

À ce propos, Popp a sauté sur l’occasion qu’on lui tendait pour mentionner qu’il avait retenu Woods (photo) au sein de son organisation depuis 2011 en lui payant le salaire qu’il méritait malgré quelques longues blessures.

« Il a gagné en notoriété et le cours de ses actions a pris de la valeur. Des gens ont essayé de le conseiller et nous avons remarqué cela, mais nous l’avons payé pendant plus de deux ans alors qu’il ne jouait pas beaucoup. J’espère que nous allons obtenir quelque chose en retour de cet investissement », a rappelé Popp sur un ton ferme.

Bear WoodsQuelques noms méritent aussi une grande considération comme Geoff Tisdale, Winston Venable, Nicolas Boulay, Scott Paxson, Aaron Lavarias et même Éric Deslauriers puisque l’entraîneur Tom Higgins a insisté sur le fait que la profondeur au niveau du talent canadien était cruciale.

En raison de sa personnalité unique et son passé dans la NFL, plusieurs amateurs se demandent quel sort attend Chad Johnson. Le divertissant personnage a expliqué que son souhait était de revenir à Montréal où son implication a été limitée notamment en raison de deux blessures : une commotion cérébrale et une blessure à l’aine qui pourrait nécessiter une opération.

« Il a été fantastique à partir du camp. Ceci dit, plusieurs personnes s’attendaient à ce qu’il brille avec sa réputation d’Ochocinco, mais il arrivait au sein de notre groupe offensif bien rempli. Le ballon ne peut pas se retrouver dans les mains de tous les joueurs », a dit Popp.

Thorpe serait de retour, mais à quand un coordonnateur des unités spéciales ?

Les dirigeants des Alouettes ne le nient pas, ils s’attendent également à des changements parmi le groupe d’entraîneurs comme ça se produit année après année. C’est pourquoi Popp ne tardera pas à s’asseoir avec Higgins pour découvrir ses intentions.

Les deux hommes d’expérience devront identifier la meilleure recette en vue de la saison 2015 et plusieurs scénarios se présentent à eux. Au chapitre des bonnes nouvelles, tout indique que Noel Thorpe poursuivra son association avec les Oiseaux même si certaines rumeurs l'envoient diriger les Lions de la Colombie-Britannique. Popp a été on ne peut plus clair que Thorpe était lié à l'organisation pour une autre année de contrat.

« Il est encore sous contrat pour une autre saison ce qui fait qu’il doit revenir avec l’organisation », a lancé Popp avec conviction tout en disant que Thorpe mérite cette reconnaissance.

Au niveau offensif, Popp et Higgins pourraient décider de laisser la mission de coordonnateur à l’inexpérimenté Ryan Dinwiddie, mais ce dernier s’est attiré plusieurs critiques pour avoir répété les mêmes erreurs avec des plans de match trop axés sur la passe.

À première vue, Anthony Calvillo, qui souhaite joindre le groupe d’entraîneurs, pourrait aspirer à ce poste, mais un apprentissage plus progressif serait sans doute souhaitable. Turk Schonert, qui est venu ajouter son savoir-faire en pleine saison, constitue donc un candidat intéressant si on veut procéder à un changement. Il ne faudrait pas oublier Jeff Garcia qui s’est attiré des éloges depuis son arrivée à Montréal, mais il pourrait aussi se rapprocher de la Californie où grandit sa jeune famille.

Les unités spéciales flanchent encore

« Jeff a fait le sacrifice ultime en laissant sa jeune famille à San Diego. Il voulait une expérience d’entraîneur et nous lui avons fourni cela. Ce poste est venu combler un vide chez lui et il a réalisé que c’était pratiquement aussi excitant que jouer, mais parfois plus stressant et moins dur sur le corps », a expliqué Higgins.

« C’était un contrat d’une saison et c’est fort possible qu’il puisse aller travailler comme entraîneur ailleurs. Son aide a été significative surtout pour nos jeunes quarts. Je considère qu’une bonne partie du succès de Jonathan est lié à l’influence de Jeff », a-t-il enchaîné.

Popp et Higgins devront trancher à ce sujet, mais Garcia s’est permis une touche d’humour sur cette question.

« On aura une compétition de passes et le gagnant sera l’entraîneur ! », a-t-il suggéré en riant. « On a joué contre à l’université et j’ai un énorme respect pour lui. Je ne ferme aucune porte pour la suite et je devrai parler à mon agent, ma femme, pour déterminer mon avenir. »

Mais le scénario le plus probable demeure que les Alouettes embauchent un spécialiste des unités spéciales pour corriger les nombreuses bévues sur cette dimension déterminante au football canadien.

Les unités spéciales ont causé la perte des Alouettes face aux Tiger-Cats et cette responsabilité revenait à Higgins avec l’aide de certains adjoints comme Jean-Vincent Posy-Audette. Selon Popp, Higgins voulait s’occuper de ce mandat quand il est devenu l’entraîneur, mais ce dernier a plutôt laissé croire qu’il a accepté cette mission un peu par dépit.

« C’était sa décision, il voulait s’en occuper. Ce sera à lui de déterminer comment il voudra bâtir la structure de son groupe d’entraîneurs. C’était son bébé », a pointé Popp.

Bilan des Alouettes: les joueurs
Bilan des Alouettes: la direction