MONTRÉAL – Le monde sportif ne manque jamais d’histoires fascinantes. Comme celle du quart-arrière Trevor Harris qui aboutit dans le vestiaire des Alouettes de Montréal seulement deux mois après avoir été la cible de railleries de la part d’Almondo Sewell, son ancien coéquipier à Edmonton. 

Sewell avait beau jeu de vouloir déranger Harris en vue de l’affrontement entre les Alouettes et les Elks au mois d’août. Il avait mentionné que le vétéran quart perdait son aplomb quand il se faisait frapper tôt dans le match. Même si les insultes de ce style surviennent régulièrement dans ce milieu, les commentaires de Sewell s’ajoutent aux critiques quelques fois associées à Harris selon lesquelles il ne serait pas le meilleur coéquipier. 

Maintenant que Sewell et Harris porteront de nouveau le même uniforme, Sewell préfère en rire en justifiant que ça ne servait qu’à le déstabiliser. 

Danny Maciocia et Mario Cecchini dans l'Antichambre

« Je lui ai parlé depuis la transaction, on s’est textés, c’est cool. C’est juste un peu de mesquinerie sportive », a soutenu Sewell. 

Tout de même, le directeur général Danny Maciocia a jugé pertinent de sonder Sewell avant de boucler cette transaction. 

« J’ai dit à Danny exactement comme il est : un bon coéquipier et ça ne peut pas mal tourner », a noté Sewell. 

« J’en ai discuté avec Almondo en particulier parce qu’il a une approche très professionnelle. Il m’a dit de compléter la transaction si je le pouvais, que Trevor cadrerait bien avec nous », a confié Maciocia. 

Alors pourquoi a-t-on déjà entendu de mauvais commentaires à son sujet? 

« Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui, ce sont les commentaires d’autres joueurs. Je sais qu’il va aider les autres pour le bien de l’équipe », a rétorqué Sewell à ce sujet. 

Harris s’entraînera la semaine prochaine

Quelques précisions à propos de Harris avant d’aller plus loin. Il n’était pas présent à l’entraînement des Alouettes lundi et il répondra aux questions des médias, mardi. Harris devra cependant se soumettre à une quarantaine et il pourra pratiquer à partir de la semaine prochaine. 

Trevor Harris : très bonne affaire pour les Alouettes

Cette quarantaine pourrait indiquer que Harris n’est pas doublement vacciné. 

Quant à sa réaction par rapport à la transaction, Maciocia était emballé. 

« Je lui ai parlé plusieurs fois et il est vraiment content. Il réalise qu’on jouera pour le premier rang de notre section vendredi. Il connaît notre formation et il pense que notre club peut exceller. Il veut aider comme il le pourra », a raconté Maciocia qui s’attend à le voir agir comme un bon coéquipier.  

Lui et Jones balaient du revers de la main les avis selon lesquels Harris serait en déclin. 

« J’aime Trevor et sa façon de jouer. Il est un très bon joueur depuis plusieurs années dans la LCF. Les circonstances sont différentes dans chaque équipe, je l’ai vécu comme joueur et entraîneur. Je suis excité de son arrivée », a maintenu Jones qui croit pouvoir ajuster son système à ses forces qui ne ressemblent guère à celles de Vernon Adams fils et Matthew Shiltz.   

Un dossier à bien gérer avec Shiltz et Adams fils

L’acquisition d’un vétéran de neuf saisons dans la LCF provoque assurément des remous. Maciocia et l’entraîneur Khari Jones ont donc pris le temps de s’adresser à Shiltz et Adams fils pour expliquer leur geste. 

« J’ai parlé aux deux et il n’y avait pas d’enjeu. Dans le fond, c’était de leur dire que ça aide notre équipe. J’ai rappelé à Matt que j’ai une immense confiance en lui et que je le sens prêt pour ce défi. Je lui ai dit de ne pas se soucier de ce qui arrive autour de lui et d’uniquement se préparer pour le prochain match », a décrit Jones. 

« Tous ses coéquipiers voulaient bien jouer pour Matthew, tout le monde s’entend bien avec lui. Ils étaient tous très content de voir sa performance », a précisé Maciocia. 

Pour ce dernier, ce geste s’imposait malgré tout. Le DG des Alouettes possédait une entente avec Edmonton environ 90 minutes avant le dernier match, samedi, à Ottawa. Quand Shiltz a tardé à se relever à la suite d’un solide plaqué, ça n’a que validé sa décision. 

« Personne n’était plus nerveux que moi dans ce stade. Il aurait fallu se tourner vers un quart-arrière avec trois semaines d’expérience. J’ai une obligation envers ce club et les partisans de déployer la meilleure équipe possible », a exposé Maciocia. 

À 28 ans, Shiltz semble bien accepter le tout dans les circonstances. 

« Un joueur ne peut pas obtenir tout ce succès sans raison. Je suis content qu’il soit ici, c’est un bon vétéran qui connaît bien des choses de la LCF. J’ai hâte d’apprendre de lui », a mentionné Shiltz en pensant à sa manière de lire les défenses, d’aborder les pratiques, les matchs et les ajustements ainsi que la préparation mentale.

Shiltz l’admet sans détour, il ne peut pas tomber dans la spéculation pour les prochaines semaines. N’empêche que le poste de partant semble lui revenir grâce à sa performance convaincante à Ottawa. 

« Présentement, c’est mon tour et je vais continuer d’avancer ainsi. Bien sûr, chaque joueur veut être sur le terrain. Si ce n’est pas le cas, je vais continuer d’aborder chaque jour avec confiance et reconnaissance », a assuré Shiltz. 

Inévitablement, la pression sera amplifiée, vendredi soir, sur les épaules de Shiltz. Une prestation décevante de sa part ne ferait qu’augmenter les probabilités d’accorder un essai à Harris. 

« La pression est toujours présente dans le sport professionnel. Je ne sais pas si la pression jouera un rôle, mais on se prépare beaucoup plus pour Toronto qui est une bonne équipe. J’aime tous mes coéquipiers, les gars sont affamés par rapport à nos possibilités », a rétorqué Shiltz.