MONTRÉAL – « Le plus plaisant de ce trophée, c’est que ça équivaut à si on te donnait une tape dans le dos pour te remercier d’être toi-même. »

 

Pour Luc Brodeur-Jourdain, le récipiendaire 2017 du trophée des anciens combattants Jake-Gaudaur, c’est tout simplement naturel de se comporter ainsi.

 

Mais aux yeux des décideurs, sa contribution correspond parfaitement à ce prix qui récompense la persévérance, le courage, la camaraderie et l’implication communautaire démontrés par un joueur canadien de la LCF. Le Québécois de 34 ans devient donc le troisième membre des Alouettes à recevoir ce trophée depuis sa création en 2010.

 

« C’était déjà une très belle marque d’appréciation et de reconnaissance d’être choisi au sein de l’équipe et encore plus à travers la Ligue », a confié Brodeur-Jourdain.

Le vétéran joueur de centre des Alouettes accueille donc ce trophée avec reconnaissance et il s’empresse de donner raison à la décision finale par sa prochaine réponse.

 

« Le football, c’est un sport d’équipe et c’est ma passion. Les honneurs collectifs, comme une coupe Grey ou une coupe Vanier, vont assurément rester le plus prestigieux et le plus extraordinaire.

 

« Les honneurs individuels, c’est un peu bizarre, parce que j’ai le sentiment que mon équipe n’est pas là. Ça me rappelle en 2007 quand on avait perdu la demi-finale canadienne avec le Rouge et Or et que je devais me rendre à Toronto la semaine suivante pour le gala des équipes d’étoiles. Je n’ai jamais été quelqu’un axé sur les honneurs individuels. Pour moi, c’est la plus grande chose individuelle que je vais recevoir au niveau sportif », a-t-il exprimé.

 

Luc Brodeur-JourdainJeff Perrett, en 2015, et Shea Emry, en 2013, l’ont devancé comme lauréats de ce trophée dans le camp des Oiseaux. Ça ne pourrait guère mieux tomber puisque ça signifie que le nom de Brodeur-Jourdain sera gravé tout près de celui de Perrett avec lequel il a forgé un immense lien d’amitié.

 

« C’est spécial pour moi, j’ai une grande estime pour lui. Quand je regarde la liste des gagnants depuis 2010, ça reste dans la même veine, ce sont de bonnes personnes. C’est un trophée aussi pour la persévérance donc des gens qui ont traversé différentes difficultés dans leur parcours, mais qui sont demeurés actifs et impliqués socialement », a retenu LBJ.

 

La persévérance de Brodeur-Jourdain se lit de plusieurs manières. D’abord, parce qu’il a atteint un statut d’athlète fort respecté depuis neuf saisons même s’il a été repêché au tout dernier rang de l’encan 2008. Mais aussi car il s’agit d’un athlète qui a terminé un match malgré des ligaments déchirés dans un genou ! Deux ans plus tard, dans une saison qui ne menait nulle part, il est demeuré sur le terrain en dépit d’une blessure à une cheville.

 

« Je ne sais pas si ce facteur a été déterminant. Mais jouer au football, c’est la chose que j’aime faire et d’avoir mal dans ce sport, ça va de soi. Oui, j’ai continué à jouer blessé, mais je me dis toujours que si je peux contribuer d’une façon positive à notre équipe, c’est ce que je veux faire. Que tu sois blessé ou non, tu dois continuer d’aider d’une manière positive et j’ai la même approche au quotidien dans la société », a témoigné celui qui souhaite revenir pour une 10e saison en 2018.

 

Brodeur-Jourdain a profité de son association avec les Alouettes pour laisser un héritage à l’extérieur du terrain également. Année après année, il donne l’exemple à ses coéquipiers en étant parmi les plus impliqués dans la communauté.

 

« Tout ce que tu peux faire à l’extérieur du terrain qui peut influencer positivement ta société, ton équipe ou ta personne, tu ne devrais pas t’empêcher de le faire. Tu devrais t’impliquer et en faire le maximum. À mes yeux, quand je donne des conférences, j’en tire autant de bénéfices que l’auditoire », a confié le colosse qui a justement participé à une visite dans un hôpital quelques heures avant de recevoir son trophée.

 

Luc Brodeur-JourdainChaque fois qu’il rend visite à des enfants malades dans des hôpitaux, Brodeur-Jourdain en ressort plus grand.

 

« Ce sont des leçons de vie qui te sont données par des gens qui ont énormément d’expérience de vie, mais peu de temps de vie. Ils sont jeunes, mais ils passent à travers des épreuves énormément difficiles et ils te regardent avec un sourire, ils t’accueillent dans leur intimité.

 

« J’avais eu une rencontre marquante avec un jeune homme de 12-13 ans qui avait un vélo stationnaire dans sa chambre. Pour le visiter, je devais enfiler un habit complet avec un masque sur la bouche, il ne voyait que mes yeux. Il était dans des traitements avancés et il était super fragile, mais il continuait à s’entraîner parce qu’il voulait recommencer à jouer au hockey. Ça m’avait donné une méchante leçon de vie. Quand t’es motivé et passionné par quelque chose, quand t’as une flamme puissante en toi, tu dois réaliser que t’es privilégié surtout quand c’est un jeune de son âge qui te l’enseigne », a raconté LBJ l’homme qui élève trois enfants avec sa conjointe.

 

Le diplômé de l’Université Laval a compris qu’il devait utiliser son influence.

 

« Quand t’es un athlète professionnel, une figure publique, un chanteur ou autre, tu peux utiliser ton visage et ton nom pour partager tes expériences de vie. Que ce soit en allant dans des écoles devant un auditorium plein de jeunes prêts à t’écouter ou en contribuant à faire un petit changement dans la journée d’enfants malades dans un hôpital. C'est quelque chose que je ne pourrais pas faire si j’avais commencé à travailler en finances après mes années universitaires. C’est un privilège social qui nous est accordé », a-t-il cerné.

 

À travers tout ça, Brodeur-Jourdain s’assure de ne jamais perdre son sens de l’humour.

 

« Dans mon quotidien, j’essaie de mettre un sourire dans la face des gens. J’essaie de faire rire les personnes autour de moi. Je ne suis pas un grand comique, mais il paraît que je dis des choses drôles. C’est ça qui compte, faire sourire les gens, c’est ça la vie. Le monde du sport, c’est un peu une prolongation de la jeunesse qui nous est accordée dans le sens qu’on peut continuer à jouer pour gagner sa vie. C’est une autre grande chance », a conclu le volubile athlète qui représente bien Jake Gaudaur, le commissaire qui a régné le plus longtemps sur la LCF et qui est un vétéran de la Deuxième guerre mondiale.