MONTRÉAL – « Je pense que ça rend immédiatement les Argonauts menaçants dans l’Est » ou encore « Ça pourrait devenir dangereux pour toute la LCF ». Ces pensées sont apparues dans la tête de deux joueurs réfléchis à la suite des embauches de Jim Popp et Marc Trestman pour diriger les Argonauts de Toronto.

Les commentaires proviennent respectivement de Luc Brodeur-Jourdain, un membre actif des Alouettes de Montréal, et de Brian Bratton, un ancien receveur des Oiseaux. Ces deux athlètes ne sont pas reconnus pour leurs déclarations impulsives et leur analyse de la situation mène à ces constats.

Brodeur-Jourdain a entamé sa carrière sous les ordres de Trestman, il a profité de sa confiance pour s’établir comme un partant et il a surtout soulevé la coupe Grey à deux occasions à ses côtés. Il peut bien trouver particulier de l’imaginer sur les lignes de côté du rival torontois.

« Ça m’a surpris, je ne mentirai pas », a répondu LBJ à propos du retour de Trestman dans le circuit canadien.

« C’est difficile de le voir maintenant avec les Argos même si je suis super content et fier de le voir revenir dans la LCF. On retrouve un peu les mêmes ingrédients que lors de son association avec les Alouettes avec son système offensif et la présence d’un quart-arrière d’expérience (Ricky Ray). En plus, Ray a travaillé pendant quelques années avec Scott Milanovich », a confié Brodeur-Jourdain en citant l’entraîneur qui a grandi auprès de Trestman à Montréal.

Sondé quelques jours plus tôt par le RDS.ca, Bratton ressentait des sentiments similaires.

« Je ne pensais pas qu’il allait revenir (dans la LCF). Je croyais qu’il allait rester aux États-Unis, mais la LCF a été bonne pour lui comme Montréal l’a été et je suis certain que Toronto le sera aussi. Il a cette manière de bâtir un environnement et une culture pour que les joueurs puissent avoir du succès. Je pense qu’il va aussi se démarquer à Toronto. C’est surprenant, mais excitant en même temps », a indiqué l’entraîneur des receveurs et coordonnateur des unités spéciales à l’Université Furman, son alma mater.

Jacques Chapdelaine« Ce sera étrange et spécial de les revoir ensemble ailleurs. Sauf que si la recette a fonctionné une fois, pourquoi pas une autre fois ? », a demandé Bratton.

Jacques Chapdelaine, qui a hérité du mandat de redonner aux Alouettes ses lettres de noblesse, vit également des sensations spéciales. Il comprend que Trestman a connu de grands succès à Montréal et que les comparaisons avec son travail seront inévitables.

« Marc a accompli des choses qui ont un lien émotif avec nos partisans. Ils seront intéressés de voir ce qu’il va faire à Toronto en plus de leur intérêt envers notre équipe. […] Je pense que ce sera bon dans le portrait d’ensemble, ça va certainement jouter de l’engouement », a réagi Chapdelaine.

L’entraîneur québécois ne considère toutefois pas qu’une dose de pression additionnelle s’ajoute avec ce changement de contexte à Toronto.

« Il y a plusieurs autres équipes qui imposent de la pression sur nous. Que ce soit les Argos ou les Eskimos, il y a de nombreux clubs qui seront très compétitifs », a-t-il précisé.

Chapdelaine ne dispose pas d’un quart-arrière de la trempe d’Anthony Calvillo comme Trestman a pu le faire, mais son nouveau directeur général, Kavis Reed, est allé dénicher Darian Durant pour l’aider dans la refonte de la formation.

Une arrivée tardive à compenser

À la fin janvier, les Argos ont décidé de rompre leurs liens avec le directeur général Jim Barker et ils ont perdu les services de Milanovich, leur entraîneur-chef, quelques jours plus tard.

Plongé dans une situation inusitée, le club torontois a composé avec la période des joueurs autonomes sans un véritable capitaine à bord. Chapdelaine et Brodeur-Jourdain ont prétendu que l’option d’attirer du personnel d’expérience devenait donc encore plus alléchante.

Par contre, Popp reçoit un défi qui contraste avec sa longévité de 21 saisons à Montréal alors qu’il doit remodeler une organisation qu’il n’a pas assemblée.

« Est-ce que c’est juste l’embauche de Jim et Marc qui va tout changer ? Ce sont encore les joueurs qui se rendent sur le terrain. Ils ont beaucoup de questions à régler et ils n’ont pas été très actifs en ce qui a trait aux joueurs autonomes. C’était difficile d’avoir la confiance pour se lier à une organisation avec autant de points d’interrogation », a soulevé Brodeur-Jourdain. Brian Bratton

Tout de même, il admet que la présence de Trestman rendra la métropole plus attirante. Bratton pousse la note plus loin, il se dit persuadé que l’entraîneur pourra replacer l’équipe au haut du pavé.

« Je pense qu’il sera capable, j’ai une immense confiance en lui. Il est brillant évidemment, mais il fait aussi beaucoup de choses qui permettent de rassembler une équipe comme ce fut le cas avec les Alouettes. S’ils peuvent bâtir le club comme ils l’ont fait à Montréal, ils ont une bonne chance de répéter », a raconté Bratton qui croit à l’effet d’attirance qui sera provoquée par Trestman.

En songeant à cette dimension, Brodeur-Jourdain se réjouit des modifications effectuées, sans tarder, par le successeur de Popp à Montréal.

« Le travail de Kavis Reed depuis le début de la saison morte est indéniable. Ernest Jackson était le joueur le plus convoité offensivement et il a signé à Montréal. Tout le monde parlait du plafond salarial et il a négocié avec ça sans que ça ne l’empêcher d’embaucher Darian Durant. Il est parvenu à acquérir des joueurs à des positions clés et à renouveler des contrats de conserver de joueurs importants autant par leur leadership que leurs performances sur le terrain », a tenu à préciser Brodeur-Jourdain en prenant le soin de s’exclure de cette équation.

La discipline a également repris sa place dans le nid montréalais avec les gestes posés par Chapdelaine quand il a accédé au poste d’entraîneur pour le dernier droit de la saison 2016. La réputation de Trestman va exactement dans ce sens et il devra le prouver, une fois de plus, chez les Argos qui ont dû retrancher des receveurs de passes en fin de saison.

Aux yeux de Brodeur-Jourdain et de Bratton, l’influence de Trestman ne tardera pas.

« Il y a une valeur émotive au retour de Marc dans le sens que c’est un peu mon entraîneur mentor. C’est la personne qui, concrètement, m’a donné une chance sur le terrain. Il a cru en moi et m’a laissé jouer alors que nos équipes étaient performantes et aspiraient au championnat », a témoigné le vétéran de 33 ans.

« J’apprécie ce métier en grande partie grâce à lui. Je pense à sa façon de nous diriger, de traiter chaque personne et le succès qu’on a eu. C’est un mentor pour moi, je pense qu’il va bien faire et je lui souhaite le meilleur », a noté Bratton qui recevra peut-être un appel de sa part éventuellement.