MONTRÉAL – On avait déjà évoqué le scénario selon lequel Johnny Manziel tenterait de se libérer de son contrat avec les Alouettes pour retourner jouer en sol américain. Finalement, c’est la LCF qui a forcé le club montréalais à résilier son contrat puisqu’il a violé une clause de son entente.

Selon les informations récoltées par le RDS.ca en soirée, Manziel n’a pas respecté sa part de son pacte confidentiel. Le hic, c’est que le sceau de confidentialité empêche de connaître la nature de sa faute.

D’après ce que l’on a pu savoir, il ne s’agirait pas d’un bris majeur de condition. Les Alouettes, la LCF et l’Association des joueurs lui ont présenté des options, mais il a refusé ces modifications.

« Nous croyions que Manziel améliorerait notre équipe »

Au final, la LCF a émis une directive indiquant à l’organisation de mettre un terme à son contrat. 

Voici la dernière tuile qui est tombée sur la tête de l’organisation et principalement du directeur général Kavis Reed qui a payé une fortune (le choix de première ronde en 2020 et 2022, Jamaal Westerman et Chris Williams) pour obtenir ses services. C’est donc dire que le joueur de ligne offensive Tony Washington demeure l’unique pièce restante de cette transaction coûteuse.

On aurait pu croire que Manziel en était arrivé à cette sortie peu élégante uniquement pour poursuivre sa carrière en sol américain. C'est plutôt le résultat. Cela dit, il n’a pas caché, publiquement, son souhait de tenter sa chance dans le nouveau circuit américain, l’AAF, dans les derniers jours.

« Je ne sais pas ce qui arrivera avec ma carrière lors des prochaines années, mais il existe plusieurs options maintenant. Mon agent et moi essayons de se retrouver dans la meilleure situation possible et c’est notre principal objectif », a-t-il mentionné dans la balado Comeback SZN.

Environ 90 minutes après l’annonce de la décision, Manziel s’est tourné vers Twitter pour remercier l’entraîneur Mike Sherman, ses coéquipiers à Montréal et les partisans du circuit canadien. Selon ce qu’il affirme, son passage au Canada lui a permis de retrouver l’amour du football et le travail que nécessite ce métier. Il a surtout conclu en disant qu’il allait regarder pour d’autres options aux États-Unis.

Le directeur général des Alouettes a expliqué son point de vue en fin d’après-midi. La deuxième fois que Reed a été invité à commenter le fait que Manziel semblait surtout vouloir poursuivre sa carrière dans son pays, il a tenu à rappeler l’enjeu.

« Manziel a violé une condition. Il a eu l’occasion de rectifier la situation et il a choisi de ne pas le faire. Notre équipe et la LCF ont beaucoup investi pour qu’il puisse connaître du succès dans la LCF, mais ça n’a pas fonctionné », a-t-il dit.

Reed a aussi reconnu qu’il n’aurait pas laissé partir Manziel si la LCF n’était pas intervenue.

« Non, ses performances sur le terrain ont démontré qu’il avait de belles habiletés, mais il n’a pas respecté les conditions et il faut s’y plier », a confié Reed en répétant plusieurs fois qu’il ne pouvait pas en dire davantage sur la condition qui n’a pas été respectée.

Étant donné que le verdict final provient du commissaire, on aurait pu s’imaginer que la LCF accorderait une forme de compensation aux Alouettes, mais ce n’est pas le cas.

« Non, quand on a pris la décision de procéder à cette transaction, on connaissait les risques qui venaient avec ce choix. On trouvait qu’on avait nos devoirs. Selon des informations venant de la LCF et de Hamilton, Manziel était prêt à se plier aux conditions », a réagi Reed. 

Reed défend sa décision d'acquérir Manziel

Pour une énième fois, le DG des Alouettes a tenté de défendre l’acquisition de Manziel qui a viré au fiasco.

« On va toujours prendre des décisions pour essayer de rendre notre équipe meilleure. On trouvait que c’était le cas avec celle-ci. La situation au poste de quarts, sa relation avec notre entraîneur (Mike Sherman) et les informations du moment pointaient dans cette direction. On est agressifs pour gagner des matchs et on ne s’excusera pas pour avoir tenté d’améliorer notre équipe », a tranché Reed.

Le dirigeant refuse de se sentir « embarrassé » par cette décision audacieuse.

« Dans le milieu du sport, il faut faire les choses pour gagner des matchs. On ne sera pas embarrassé par une décision qui avait été bien étudiée et faite pour nous permettre de gagner des matchs. […] Je trouve qu’on avait pris la bonne décision à ce moment », a-t-il jugé.

À lire les réactions déjà échaudés, il ne fait aucun doute que l’acquisition de Manziel passe de travers. Reed refuse de la décrire comme un échec.

« Ce serait le cas si on la laisse le devenir. Au football, on doit être prêts pour la pire éventualité. Maintenant, on a un plan stable qui nous permet d’avancer », a mentionné l’ancien joueur devant des médias qui se devaient d’insister.

On a également voulu mesurer son niveau de frustration après avoir perdu un si grand investissement contre un retour inexistant.

« Il n’y a pas de frustration. La frustration viendrait de ne pas avoir de plan. S’il s’était blessé, on n’aurait pas arrêté de jouer pour autant. On a pris un risque calculé et ça n’a pas fonctionné. Voilà ce qui s’est passé. »

Les propriétaires Bob et Andrew Wetenhall ont sans doute pesté en apprenant le verdict surtout que bien du budget avait été consacré sur la présence de Manziel pour reconquérir des partisans.

« Nos conversations vont demeurer privées, mais on est sur la même longueur d’onde et on collabore sur les décisions », a assuré Reed.

En terminant, le DG n’a pas voulu critiquer le comportement de Manziel durant son bref passage à Montréal. Si son implication n’a pas été digne d’une perfectionniste à la Anthony Calvillo, Reed prétend tout de même qu’il lui « souhaite le meilleur ».

Du côté positif, les Alouettes économisent le boni de 75 000$ qu’ils auraient dû verser à Manziel le 1er mars tout comme son salaire autour de 200 000$. Ce budget permettra d’investir ailleurs et pourrait éviter quelques petites crises de vedette comme celle piquée par Manziel l’an passé quand il n’avait pas repris son poste de partant immédiatement après une absence.

Manziel : un échec sur toute la ligne