MONTRÉAL - À force de bûcher sur le terrain et de limiter les dégâts pour le reste de l’équipe, les joueurs de l’unité défensive des Alouettes pourraient être envahis par la frustration.

Ce sentiment mélangé avec l’exaspération serait légitime puisque l’attaque montréalaise se contente d’une maigre récolte de 21,2 points, en moyenne, par partie. En cumulant seulement les six défaites encaissées en neuf matchs, ce nombre baisse à 14,2 points.

Nul doute, ces données sont inquiétantes en considérant tout le talent qui se retrouve au sein du contingent offensif. À vrai dire, à moins que ce groupe ne prenne son envol, on peut supposer que les Alouettes (3-6) seront exclus des éliminatoires pour une deuxième année consécutive.

« Notre fiche n’est pas aussi bonne qu’on le voudrait. On pourrait vous raconter toutes sortes de choses et chercher une multitude d’explications, mais la réalité demeure que notre dossier est de 3-6. Cependant, on perçoit de l’amélioration même si ça ne se reflète pas au pointage pour le moment. On espère qu’on pourra changer ça en deuxième moitié », a avoué Jim Popp, le directeur général et entraîneur-chef.

Un revirement de situation serait impressionnant étant donné que les matchs de la deuxième moitié du calendrier s’annoncent très exigeants. En plus du duel de jeudi face au Rouge et Noir d’Ottawa, les Alouettes se rendront ensuite à Vancouver et à Hamilton. De plus, ils devront composer avec deux duels contre les puissants Stampeders de Calgary et un autre contre les Tiger-Cats à travers les quatre dernières semaines de la saison.

Malgré ce portrait, les meneurs de la défense contredisent les affirmations selon lesquelles la frustration se serait emparée de quelques joueurs.

« Ça fait partie de notre travail de ne pas se laisser emporter par ce qui arrive au sein des autres unités. On sait que les gars de l’attaque accomplissent leur boulot et que les points vont venir. On doit demeurer patient et continuer de progresser comme défense », a suggéré le demi défensif, Jovon Johnson.

« Je ne sens pas du tout de frustration de notre part. C’est un sport d’équipe, on doit se concentrer sur donner le plus de chances de gagner à notre formation. On a perdu le dernier match parce qu’on a écopé de trop de punitions à de mauvais moments sans arrêter de longues séquences de l’adversaire », a poursuivi Johnson.

« Non, on n’est pas frustré envers l’attaque ou les entraîneurs, on forme une équipe », a rassuré Bear Woods qui ne manque jamais d’intensité.

En raison de son inconstance et de sa position névralgique, le quart-arrière Kevin Glenn a essuyé son lot de critiques. Bien au courant de cette réalité, il affirme toutefois qu’aucun joueur de la défense ne lui a fait part d’une frustration envers lui et son unité.

« Si des joueurs pensent ainsi, je ne l’ai pas entendu et ils ne sont pas venus me le dire. Si une personne est habitée par ce sentiment, elle doit se dire qu’on perd et qu’on gagne en équipe. Je peux confirmer qu’on travaille pour s’améliorer semaine après semaine », a répliqué Glenn qui était surpris par la question.

La fiche négative des Alouettes n’empêche pas que son unité défensive se classe au troisième rang du circuit. Pendant la défaite la plus récente, aux mains des Blue Bombers, elle n’a concédé qu’un touché. Peu importe, les joueurs ont l’intention de rehausser leur niveau d’un cran pour la prochaine partie.

« En défense, on est animé par une fierté de ne pas laisser l’adversaire marquer des touchés. Quand celui de la fin de match est survenu, je ne peux pas vous exprimer à quel point c’était difficile. Je n’ai même pas été capable de dormir. Ils ne méritaient pas d’inscrire ce touché », a témoigné Woods.

Le secondeur espère que ses partenaires de l’attaque présenteront la même détermination.

« Je m’attends donc à voir les gars réagir avec une mentalité de guerriers. Je ne veux pas les voir couler ou s’effondrer. C’est correct s’ils ne marquent pas, pourvu qu’ils donnent leur effort maximal », a-t-il souhait.

Woods trouve que les arbitres sont injustes envers les Alouettes

Cette autre belle performance de la défense a été ternie par les punitions coûteuses qui ont nourri la séquence victorieuse de Winnipeg. Le manque de discipline de John Bowman (25 verges) et Chip Cox (15 verges) a propulsé les visiteurs vers la victoire.

« Il faut être meilleur, les gars qui ont été punis ont pris le temps de s’excuser dans nos rencontres d’équipe. On doit être plus intelligent et bien comprendre le contexte du match. Il faut éviter de se faire punir dans certaines occasions déterminantes », a confié Johnson.

Quant à Woods, il n’en revenait pas encore des sanctions imposées à Bowman. À vrai dire, il a été jusqu’à prétendre que les Alouettes ne reçoivent pas un traitement égalitaire des officiels.

« Malheureusement, on parle d’une punition envers un futur membre du Temple de la renommée qui n’a reçu aucune considération sur la séquence. Regardez les films, c’est atroce ce qui s’est passé.

« Mais c’est juste la réalité quand tu portes un uniforme des Alouettes, tu n’auras pas le bénéfice du doute même si tu es un futur membre du Temple de la renommée », a jugé Woods avec déception et rage.

La bonne nouvelle dans cette histoire, c’est que les Tiger-Cats (4-5) ont subi une défaite face aux Stampeders, dimanche. Ce résultat redonne de l’espoir à la troupe montréalaise.

« C’est la LCF, ce n’est pas la première fois que ça arrive. J’ai vu des équipes gagner la coupe Grey à 8-10. La parité est présente et c’est pourquoi il faut limiter les erreurs », a exprimé Glenn.

« On est encore dans le coup. On est chanceux qu’aucune équipe dans l’Est n’ait plus de quatre victoires. On est donc à un seul match du meilleur total. C’est juste une question de qui pourra enchaîner les victoires d’ici la fin de la saison », a conclu Johnson, un sympathique vétéran de 10 saisons.