MONTRÉAL – Tant que les Alouettes de Montréal ne redeviendront pas une puissance offensive de la Ligue canadienne de football, la pression sur le botteur sera considérable. Boris Bede devra s’y habituer et réduire ses défaillances occasionnelles.

 

Lors du revers contre les Roughriders de la Saskatchewan, Bede a coûté trois points aux siens en ratant un placement de 37 verges – qui s’est transformé en simple - ainsi qu’un converti. Questionné sur le rendement de son botteur à la suite de cette confrontation, l’entraîneur-chef Khari Jones n’avait pas fermé la porte à l’idée de lui imposer de la compétition à l’entraînement.

 

Ce n’était pas le cas, mardi, quand les Alouettes ont entamé leur semaine de préparation en vue du choc contre les Stampeders à Calgary, mais ce scénario pourrait se concrétiser sous peu.

 

« Présentement, on ne l’a pas fait, mais ça pourrait changer éventuellement. Boris admet lui-même qu’il joue un peu mieux avec de la pression qui lui souffle dans le cou. C’est correct, quelques joueurs sont ainsi. J’aimerais insérer de la compétition plus tard pour imposer de la pression sur ses épaules ou permettre à ce nouveau de se démarquer. La compétition, c’est la nature du sport. Il y a de la compétition à toutes les autres positions et ça ne devrait pas être différent pour les botteurs », a tranché Jones avec justesse.

 

Depuis le début de la saison, Bede a réussi 15 de ses 19 tentatives de placement. Son pourcentage de réussite s’élève donc à 78,9% ce qui place les Alouettes à l’avant-dernier rang de la LCF. Les Argonauts de Toronto (66,7%) se situent en queue de peloton tandis que le Rouge et Noir d’Ottawa (100%), les Lions de la Colombie-Britannique (94,4%) et les Tiger-Cats de Hamilton s’illustrent (91,3%).

 

Certes, la situation de Bede ne se compare en rien à son passage à vide en 2016 alors qu’il avait dû retrouver ses repères. N’empêche que les Alouettes ne peuvent guère se permettre d’échapper des points.

 

« Comme tout botté manqué, on passe au prochain. Ça arrive, il y a des jours comme celui-ci. On connaît parfois des journées off. J’ai regardé techniquement et j’ai vu que j’étais trop à droite sur les trois. On a essayé de corriger le tout à travers la semaine », a indiqué Bede.

 

« C’est certain que je ne dois pas en manquer, mais c’est arrivé et j’en suis conscient », a ajouté le botteur de 29 ans qui comprend le contexte dans lequel il est plongé.

 

La mécanique d’un botteur se compare parfois à celle d’un golfeur. C’est sans doute le lien le plus facile à tisser puisqu’il s’agit d’un geste très technique dans lequel des détails peuvent gâcher le résultat.

 

Bede a accepté de dévoiler ce qui a déraillé pour lui contre les Roughriders.

 

« J’ai eu un peu de mal durant l’échauffement. J’avais un peu de misère à fermer ma hanche. Voilà ce qu’on a regardé, j’ai eu de l’attention médicale », a-t-il précisé.

 

C’est là que Jones y est allé de l’allusion avec le golf pour expliquer l’inconstance de son joueur.

 

« Les athlètes vivent des hauts et des bas. On a discuté ensemble, c’est une situation difficile quand tu ne te sens pas à ton meilleur. N’importe qui ayant déjà joué au golf peut comprendre la sensation quand l’élan n’est pas au niveau désiré pour une journée », a soutenu Jones. 

 

« En espérant qu’il pourra corriger le tout afin de nous aider. Je sais qu’il en est capable, on a besoin de lui et il le sait très bien. Quand on se tourne vers lui, on doit obtenir des résultats la plupart du temps », a ensuite insisté l’entraîneur.

 

Le botteur des Alouettes, qui joue avec un statut de joueur international, ne raffole pas de devoir répondre aux questions sur ses prestations. Sa capacité à gérer la pression est parfois remise en question. Jones ne veut pas marcher sur des œufs avec lui pour autant.

 

« On a parlé ensemble, je ne m’en soucie pas trop. Les gens disent souvent que les botteurs sont différents, mais ce sont des joueurs de football donc ils doivent être capables de composer avec la pression et de bloquer les distractions. Il sait que ses performances doivent au rendez-vous. Si ce n’est pas le cas, des changements peuvent survenir. On espère ne pas se rendre jusqu’à ce point, on aime Boris et ses atouts, mais on doit soutirer le meilleur de lui. On va continuer de travailler avec lui pour que ça se produise », a argué Jones.

 

Pourquoi pas un délai supérieur à 60 minutes ?

 

Sans surprise, la fin de match pour le moins particulière contre les Riders a encore retenu l’attention dans l’entourage des Alouettes.

 

Après vérification, la LCF a précisé que c’était la deuxième fois de son histoire qu’un match se terminait en raison de la météo. C’était aussi arrivé en 1954 alors que du brouillard avait incité le commissaire de l’époque à trancher dans ce sens.

 

L’Association des joueurs a émis des critiques envers le nouveau règlement qui a été appliqué vendredi dernier. Quant à eux, les dirigeants des Alouettes se posaient encore des questions sur les clauses de cette règle.

 

« Je continue de croire qu’on aurait pu recommencer à jouer. En retournant à la maison, je ne pouvais m’empêcher de me dire que c’était une belle température pour jouer au football. Probablement qu’un délai de 60 minutes est trop court. C’est difficile quand on parle d’une saison de 18 matchs, ce n’est pas comme au baseball », a lancé Jones avec pertinence.

 

L’entraîneur a même admis qu’il aurait choisi une approche plus agressive au niveau stratégique s’il avait su les conditions météorologiques qui guettaient le stade Percival-Molson.

 

« Je ne savais pas que ça s’approchait autant. Si je l’avais su, on aurait pu risquer davantage dans notre approche. J’aurais agi d’une manière différente », a-t-il convenu.

 

Bede a confirmé que c’est essentiel de se concentrer sur la prochaine partie, mais il a aussi reconnu que la frustration régnait dans le vestiaire des Oiseaux quand la décision a été officielle.

« C’était plus de la colère parce qu’on sentait qu’on était sur le point de remonter la pente et qu’on gagnait de l’élan. Je pense qu’on aurait fini avec une victoire, on commençait à s’établir dans le match. On se fait enlever 17 minutes, ça fait quand même beaucoup de possessions. Il y avait de la colère, je ne vais pas m’en cacher. J’étais en colère aussi, mais ce sont les règles », a conclu Bede qui ignorait, comme bien d’autres coéquipiers, que ce règlement avait été changé