MONTRÉAL – « Je pourrais envoyer DeMarcus Ware ou Elvis Dumervil sur le terrain et ils n'y arriveraient pas non plus ».

On sent que le sujet agace John Bowman, la machine à sacs des Alouettes de Montréal. Depuis le début de la saison, sa formation s’est contentée d’un minuscule total de trois sacs, le pire du circuit canadien.

Le thème refait donc surface assez souvent et il est identifié parmi les problèmes de l’unité défensive. Ironiquement, ce groupe se classe pourtant au premier rang de la LCF dans la colonne la plus importante, la moyenne de points accordés (21,8) par rencontre.

« Tout le monde dit qu’on n’obtient pas assez de sacs, mais les quarts décident de lancer le ballon en moins de deux secondes contre nous. Pas beaucoup de joueurs peuvent réussir des sacs dans de telles circonstances », a lancé Bowman alors que la question ne portait pas sur ce sujet.

D’après le vétéran de 35 ans, le tout s’explique par l’approche privilégiée par leurs adversaires.

« On visionne des vidéos et on s’imprègne de leur philosophie. Cependant, chaque équipe qu’on affronte joue de manière différente puisqu’on est une défense qui fait mal à l’adversaire », a relevé Bowman.

À ses yeux, la faible récolte de sacs ne représente pas un problème.

« Pas du tout. Je réponds aux gens : demandez-vous si notre défense est bonne ? Regardez les points alloués. Les équipes sont intelligentes et les quarts également. Ils parviennent à se débarrasser du ballon en moins de deux secondes. Il n’y a personne dans le monde qui pourrait obtenir un sac avec ce temps », a commenté Bowman en y allant de sa référence à Ware et Dumervil par la suite.

Ça ne signifie pas que Bowman est satisfait du rendement de sa bande.

« On doit avant tout trouver le moyen de stopper les séquences de nos adversaires plus rapidement. C’est vraiment notre but. On finit par s’empêcher de sortir du terrain avec de mauvaises punitions ou des erreurs. »

Le secondeur Nicolas Boulay – qui obtient plus de temps de jeu en défense récemment – a confirmé le tout en ajoutant une précision.

« C’est exactement ça et il ne faut pas oublier que les nouvelles règles quant à la couverture sur les receveurs ont mené les défenses à jouer de manière plus reculée. Dans le fond, les passes courtes sont plus disponibles et les receveurs peuvent plus facilement gagner sept ou huit verges. Ça crée des premiers essais plus facilement et ce sont aussi des passes plus faciles à compléter », a souligné Boulay.

Une chance pour Drew de renverser la tendance ?

La pression peu soutenue sur les quarts adverses n’explique peut-être pas la fiche des Alouettes, mais les entraîneurs ont quand même l’intention de modifier leur plan.

En effet, le joueur de ligne défensive Ray Drew devrait avoir la chance de disputer son premier match de la saison régulière, jeudi soir, face aux Blue Bombers à Winnipeg.

L’Américain de 24 ans a été la plus récente victime du ratio de joueurs canadiens et internationaux qui prévaut dans la LCF. Le colosse de six pieds cinq pouces et 276 livres a donc été forcé d’exercer sa patience pendant que les Alouettes (2-3) peinaient à embêter les quarts des autres équipes.

Les entraîneurs des Alouettes ont mijoté plusieurs scénarios pour corriger la situation afin de l’insérer dans la formation et il semble que cette fois sera la bonne.

Drew a failli reprendre sa place le 14 juillet face aux Stampeders de Calgary. Le retour du receveur canadien Samuel Giguère devait permettre à l’état-major d’envoyer Drew dans la mêlée, mais Giguère a subi un recul dans sa remise en forme.

Cette fois s’annonce comme la bonne pour celui qui a endossé l’uniforme des Alouettes pour quatre rencontres en 2016, sa première année à Montréal.

« Il a obtenu plusieurs répétitions cette semaine. On essaie de structurer notre formation pour lui permettre de jouer », admis Jacques Chapdelaine, l’entraîneur-chef.

« On dirait que ce sera le cas. Je suis un joueur donc je suis évidemment très content d’être de retour sur le terrain », a exprimé Drew, un athlète jovial.

L’ancien de l’Université Georgia ne voulait pas du tout se plaindre du contexte, mais il a quand même lâché un soupir révélateur quand on lui a demandé à quel point l’attente a été longue.

« N’importe quel joueur préfère aider son équipe en étant sur le terrain, mais je comprends que certains facteurs sont hors de mon contrôle. Je dois m’y faire et en profiter quand je peux jouer », a-t-il réagi.

Le constat devient de plus en plus évident, la perte d’Alan-Michael Cash au centre de la ligne défensive complique la vie de l’unité du coordonnateur défensif Noel Thorpe. L’insertion de Drew pourrait tempérer le tout s’il parvient à contribuer à la hauteur de son potentiel.

« Je ne veux pas tenter de trop en faire sur le terrain. Les entraîneurs nous ont préparé un plan de match intéressant et je crois qu’on va bien se débrouiller comme unité », a noté celui qui a appartenu aux Dolphins, aux Browns, aux Packers et aux Panthers avant de faire le saut dans la LCF.

Les partenaires défensifs de Drew ont bien hâte de voir son impact.

« Évidemment, c’est une méchante pièce d’homme et ça peut juste nous aider. On espère qu’il pourra causer plus de pression, provoquer des déplacements de leur attaque et on sait qu’il est très fort contre la course », a analysé Boulay qui devrait continuer d’être plus sollicité en défense.

Parmi les conséquences, le Canadien Dondre Wright pourrait être encore plus impliqué dans l’action. Il peut camper le poste de maraudeur ce qui déplacerait Chris Ackie comme secondeur. Frédéric Plesius risque également de pouvoir exposer ses aptitudes en défense.

Ce n’est pas le seul changement à prévoir puisque le receveur Tiquan Underwood a subi une blessure et il sera remplacé par Eugene Lewis qui se contentait d’un rôle sur l’équipe d’entraînement.

Quant à Tyrell Sutton et Samuel Giguère, ils sont encore blessés et ils ont sauté sur le terrain après l’entraînement de l’équipe mardi. Il aurait été bête de précipiter le retour de Sutton jeudi avec la semaine sans match qui attend les Alouettes après le duel contre Winnipeg.