Anthony Calvillo a été le seul quart-arrière que j'ai connu durant ma carrière avec les Alouettes de Montréal et je peux témoigner qu'il est l'image même d'un vrai athlète professionnel. C'est l'héritage qu'il me laisse.

Je n'ai pas souvenir d'une seule fois où il s'est présenté au stade après moi. Il était celui qui arrivait avant tout le monde et qui partait après tout le monde. Il prêchait par l'exemple et se préparait méticuleusement. Il dirigeait les rencontres de son attaque et il s'assurait que tous les joueurs étaient impliqués et qu'aucun d'entre eux n'avait de laisser-aller. Anthony était un leader par ses actions. Quand tu le voyais agir, tu ne pouvais pas faire moins que lui.

Je lui dois beaucoup aussi, car il m'a permis de gagner la coupe Grey à deux reprises. Le football est un sport d'équipe, mais le quart est le joueur le plus important du club et j'ai eu le privilège de jouer avec lui, le plus grand de tous les temps. Quand Mark Trestman est arrivé, il nous a vite fait comprendre l'importance de miser sur un bon quart pour gagner et il nous a fait comprendre la chance que nous avions de miser sur un grand quart à la tête de notre équipe. Trestman nous a conseillé de profiter de sa présence le plus longtemps possible, car on ne savait jamais quand cette vague allait se terminer. Je lui serai redevable pour longtemps et il va demeurer un ami pour toujours.

Anthony est un homme modeste. Ayant grandi dans un milieu pauvre de la Californie, il n'a jamais rien tenu pour acquis et il était très reconnaissant des belles choses que la vie lui apportait. D'ailleurs, il est un homme très spirituel qui dirigeait les séances de prières et il était très près du révérend de l'équipe, Tom Paul.

Le nouveau retraité a donné bien des leçons d'humilité. Il ne posait pas des gestes ni pour lui ni pour la gloire. Chaque fois que l'on parlait de lui, lui il parlait de l'équipe. Ça démontre toute son humilité.

Sa vie a été difficile, mais il est toujours demeuré debout. Dès sa tendre enfance où il a connu les gangs de rues et la pauvreté jusqu'aux ennuis de santé qui l'ont affligé lui et sa femme, il est demeuré positif. Au football aussi, il ne l'a pas eu facile. À ses premières années avec les Tiger-Cats, les choses ont été difficiles et il avait presque tout lâché. À Montréal, les choses allaient, mais il a essuyé sa part de critiques. À travers les années, certains lui ont reproché qu'il ne pouvait pas gagner les gros matchs.

Il a beau être le quart qui a amassé le plus grand nombre de verges et de passes pour des touchés notamment, c'est de l'homme que l'on parlait lors de la conférence de presse. L'homme a eu un gros impact et c'est lui qui reste alors que ses statistiques sont appelées à s'envoler.

L'héritage de Calvillo

Les Alouettes lui doivent beaucoup

Le directeur général des Alouettes, Jim Popp, était émotif durant la conférence de presse. Sans doute se rendait-il compte comment Anthony Calvillo a été important dans les succès et l'histoire de la franchise au cours des 16 dernières années. Au football, si vous n'avez pas un bon quart, vous ne gagnerez pas. C'est vrai au Canada et c'est vrai aussi au sud de la frontière. Il a permis aux Alouettes d'être aussi dominants au fil des ans avec notamment sept saisons de plus de 5 000 verges. Il a bien sûr misé sur des receveurs de passes, mais il était avant tout un quart brillant avec un bon bras.

Les Alouettes doivent beaucoup à Anthony. Si la concession est aussi solide aujourd'hui, Calvillo a une importante part qui lui revient. D'ailleurs l'équipe a décidé de faire de lui un ambassadeur qui va s'impliquer dans le programme communautaire et au niveau du football amateur en plus de faire un stage au niveau des opérations. Il va donc graviter au sein de l'organisation pour permettre à tout le monde de recevoir de lui. On constate ce qu'il peut offrir ailleurs que sur le terrain. Juste sa présence va permettre de faire rayonner ce que représente être un professionnel. On veut que tout le monde puisse profiter de son bagage dans l'organisation.

À mes yeux, il est le plus grand joueur de l'histoire des Alouettes. Évidemment, je n'ai pas joué à l'époque des Sam Etcheverry ou des Peter Dalla Riva par exemple, mais j'ai du mal à imaginer un joueur qui a un aussi gros impact sur une organisation, qui a été aussi dominante pendant tant d'années. Anthony a rendu meilleurs les autres joueurs autour de lui. Ses succès ont eu un impact sur bien des gens, notamment sur Marc Trestman, qui a fait le saut comme entraîneur en chef des Bears de Chicago. Je ne connais personne qui a autant fait rayonner et a accompli autant que lui pour l'équipe.

Le poste appartient à Smith

Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent qu'Anthony a joué une année de trop, et ce, simplement parce qu'il n'y a jamais de bon moment pour partir. Quand on regarde sa dernière campagne, on peut en venir à la conclusion qu'il n'aurait pas dû revenir, mais cette dernière saison lui a permis de réaliser qu'il en avait assez. S'il n'avait pas joué cette saison, il aurait peut-être eu des remords et il se serait demandé s'il n’aurait pas dû continuer encore une saison ou deux.

Cette dernière année lui a permis d'avoir ce son de cloche qui lui a fait comprendre que le temps était venu de passer à autre chose. Ce n'est pas facile, mais c'est la réalité.

C'est difficile de partir après une blessure, mais il a quand même joué pendant 21 saisons et je pense qu'il se rend compte qu'il a poussé la machine au maximum. Il peut partir la tête haute et il a raison d'être fier.

Tout le monde savait que la fin de la carrière de Calvillo approchait. Je ne pense pas qu'en restant une année de plus avec l'équipe, il a nui aux Alouettes dans leurs recherches pour assurer la relève. C'est juste que l'organisation n'a pas trouvé le bon joueur et ce n'est pas la responsabilité de Calvillo de trouver un autre quart. Dans son esprit, il était clair qu'il allait jouer quelques saisons de plus alors il ne faisait que son travail.

Je pense que le poste appartient à Troy Smith et c'est à lui de le perdre. Si on peut aller chercher d'autres quarts pour faire la lutte, ça pourrait être intéressant.

On a vu déjà Josh Neiswander et Tanner Marsh, qui ont pris de l'expérience de la LCF. Dans l'équation, il faut ajouter Alex Brink qu'on a vu sur vidéo seulement. On verra s'il y aura d'autres acquisitions, mais l'organisation semble confiante avec Smith. Il reste à voir s'il va continuer à progresser.

*Propos recueillis par Robert Latendresse