MONTRÉAL – Pour Rakeem Cato, Brandon Banks n’était qu’un nom. Un mythe, une légende urbaine. 

« Je ne l’avais vu que sur vidéo, et encore, mais je n’arrêtais pas d’entendre son nom, confiait le quart-arrière des Alouettes, impressionné, après son troisième départ de la saison. On me parlait toujours de lui. Ce soir, c’était la première fois que le voyais jouer de mes propres yeux et je crois maintenant tout ce qu’on m’avait dit à son sujet! »

Et pourtant, Cato n’a absolument rien vu. Banks a pu l’impressionner sur le tout premier jeu de la deuxième demie, quand il a débordé du côté droit pour ramener le botté d’envoi de Boris Bede sur une distance de 110 verges, mais le jeu a été rappelé en raison d’une pénalité.

Sinon, que du vent. À l’exception de ce bref aperçu de son talent, le plus dangereux marchand de vitesse de la Ligue canadienne a été complètement neutralisé par les unités spéciales des Alouettes dans une victoire de 17-13 aux dépens des Tiger-Cats.

Banks refait le coup... mais

Banks avait été sensationnel la dernière fois que les Alouettes avaient eu le malheur de se mettre à sa poursuite. En finale de l’Est, il avait amassé 226 verges sur cinq retours de bottés de dégagement et inscrit deux touchés dans une victoire de 40-24. Cette saison, la petite bombe de 5 pieds 7 pouces avait inscrit un majeur dans chacun de ses deux premières parties et affichait des gains moyens de 22,3 verges par retour avant de débarquer à Montréal.

Mais jeudi, Banks a été contenu de façon admirable par l’unité de couverture montréalaise. Il n’a gagné que 33 verges en cinq retours, son plus long s’étirant sur seulement onze verges. Il a été une préoccupation constante et jamais il n’a été en mesure de faire la différence.

Les ballons et les mouchoirs du match

« La peur s’empare de nous chaque fois qu’on botte le ballon contre lui parce qu’on sait qu’on lui donne une chance », a admis l’entraîneur des Alouettes, Tom Higgins, après avoir vanté la précision démontrée par le botteur recrue Boris Bede tout au long de la soirée.

« Le plan quand tu joues contre Banks, c’est toujours d’être discipliné dans ta couverture, de bien placer le ballon sur tes bottés et de ne pas lui permettre de se rendre à l’extérieur de ta couverture. On a réussi à faire ça aujourd’hui », a expliqué Marc-Olivier Brouillette.

En début de semaine, Higgins avait lancé à la blague qu’il connaissait bien des entraîneurs qui dormaient d’un sommeil léger quand le nom de Banks faisait partie du prochain plan de match à échafauder. En riant, il s’est dit convaincu que le coordonnateur des unités spéciales des Alouettes, Kavis Reed, dormirait comme un bébé maintenant que la menace avait été éteinte.

« Même chose pour l’entraîneur-chef, a blagué Higgins. Sérieusement, ils ont fait un travail formidable. Notre botteur s’améliore à mesure qu’il prend de l’expérience et je suis convaincu que nous avons tous les ingrédients pour continuer de nous améliorer. »

Stefan Logan, le vis-à-vis de Banks chez les Alouettes, a gagné le duel en amassant 51 verges sur les retours de bottés de dégagement et 46 autres sur les bottés d’envoi.

Échappé belle

L’attaque des Alouettes a mal paru au deuxième quart lorsqu’elle a été stoppée à trois reprises alors qu’il ne lui restait qu’une verge à franchir pour pénétrer dans la zone des buts des Tiger-Cats. Le pointage était alors de 7-4 en faveur de Hamilton.

« Ça aurait pu revenir nous hanter, mais ça n’a pas été le cas, a constaté Higgins. C’est difficile d’opérer à partir de la ligne d’une verge. Et puis l’un de nos gardes partants (Philip Blake) a raté trois jeux et on avait un autre joueur (Fred Stamps) blessé. Mais peu importe, il faut être capables de convertir des opportunités de la sorte. On a fait du bon travail sur des 3e et 1 un peu plus tard en milieu de terrain, mais ça n’excuse en rien notre manque de production sur cette séquence. »

Higgins était toutefois convaincu qu’il avait fait le bon choix en gardant son attaque sur le terrain. 

« Un entraîneur veut toujours suivre son intuition et je savais que je voulais nous donner une chance supplémentaire. J’ai pris la décision sans hésiter, j’ai dit à Turk (Schonert, le coordonnateur offensif, NDLR) : ‘On va y aller sur le troisième essai’. »

L’entraîneur s’est également défendu d’avoir commandé trois jeux semblables, une course en plein centre de son quart-arrière, pour tenter d’obtenir le résultat escompté.

« Quand vous êtes si près du but, vous ne voulez pas commencer à courir vers l’arrière. On voulait garder le ballon dans les mains de notre quart. On avait besoin d’une bonne poussée et on ne l’a pas eue. Si on avait perdu le match, la décision serait plus importante, mais ce n’est pas le cas et j’en suis bien heureux. »