MONTREAL (PC) - Le numéro 30 des Eskimos d'Edmonton ne s'attendait pas à voir beaucoup d'action, samedi, avant le match face aux Alouettes de Montréal, mais le simple fait d'être en uniforme était un exploit en soi pour Mathieu Bertrand.

Bertrand, de Chambly, a excellé durant cinq saisons au football universitaire canadien avec le Rouge et Or de l'Université Laval. C'est pourtant en qualité de centre-arrière et de spécialiste des unités spéciales que le Québécois a arraché un poste lors du camp d'entraînement des champions en titre de la coupe Grey.

"La transition n'a pas été si difficile, explique le sympathique colosse qui mesure six pieds quatre pouces et pèse 230 livres. C'est formidable pour moi. Bien sûr, tout est nouveau, mais ce n'est pas si différent au plan mental."

Habitué à recevoir des coups quand il décochait ses passes, Bertrand en donne plus souvent qu'à son tour au sein des unités spéciales et dans le champ arrière, quand il doit faire des blocs.

"Le jeu est beaucoup plus physique pour moi. Ca, c'est la grande différence. Mais les entraîneurs Dany Maciocia et Rick Campbell m'ont bien préparé."

Si Bertrand est plutôt modeste, d'autres estiment que sa percée au camp des Eskimos est remarquable. Maciocia, le coordonnateur à l'attaque, croyait en lui, tout comme Justin Ethier qui occupe le même poste avec le Rouge et Or. Mais Bertrand devait démontrer son potentiel.

"C'est au plan technique qu'il a le plus impressionné, estime Ethier, qui est venu à Montréal pour voir son ancien poulain. Il n'avait jamais joué à ces positions et ce n'est pas évident de saisir toutes les nuances. Au plan stratégique, cela a été plus aisé. On pratique le style de jeu canadien à Laval et Mathieu est familier avec ça. Mais malgré son talent, il m'a impressionné. J'avais beau croire en lui, qu'il soit en uniforme pour le premier match, c'est assez incroyable."

Un autre qui a été étonné fut le vétéran plaqueur défensif Steve Charbonneau.

"Je ne le connaissais pas, mais j'avais l'impression qu'il avait toujours joué au poste de centre-arrière, explique Charbonneau. Il a le gabarit pour jouer à cette position, il peut bloquer, mais je pense qu'il a pris goût à frapper l'adversaire. Il semble y prendre plaisir."

Bertrand, pour un, n'a pas eu de mal à s'intégrer à sa nouvelle formation.

"Mon coeur débattait un peu quand je suis entré la première fois dans le vestiaire de cette équipe, a expliqué Bertrand. Il y a beaucoup d'histoire. Mais j'ai été bien accueilli par les gars. C'était évident au fur et à mesure que le camp progressait."

"Je suis très fier de ce qu'il a accompli, a souligné Maciocia. Après cinq ans de football universitaire, c'est tout un accomplissement. Il va bien s'insérer à notre système de jeu."

Tout est finalement une question d'attitude, soutient Ethier, qui a côtoyé Bertrand durant ses années à Laval.

"Il n'a jamais ménagé les efforts ni les sacrifices. Et ça, ce sont les choses que remarquent les entraîneurs."