La longue et éreintante - mais ô combien passionnante - saison régulière de la Ligue canadienne est en marche. Au cours des prochaines semaines, vous verrez des joueurs courageux laisser tout sur le terrain, des athlètes méticuleux dans leur préparation et désireux de surmonter l'épreuve physique du calendrier régulier.

Qui sont ces joueurs? À quoi ressemblent leur quotidien? Comment se préparent-ils pour un match?

Je profite de ma chronique hebdomadaire sur le RDS.ca pour répondre à ces questions. Alors sans plus tarder, voici à quoi ressemble le journal de bord d'un joueur des Alouettes dans la semaine précédent un match.

Le retour à l'entraînement

L'allure de la semaine dépend généralement de la durée de la pause qu'il y a entre deux rencontres. Plus il y a de temps, plus le congé est long. Généralement, les joueurs bénéficient d'une journée de repos afin de permettre aux entraîneurs de visionner la vidéo du dernier match et de préparer le prochain plan de match.

Généralement, les équipes convoquent leurs joueurs à 9h le matin. Lorsqu'ils arrivent, une séance vidéo les attend. Ils revoient les bons et les moins bons coups du dernier duel. S'ensuit une rencontre de deux heures avec l'entraîneur-chef et avec les entraîneurs des différentes unités afin de faire vraiment le tour de toutes les facettes du jeu, histoire d'évaluer quels correctifs doivent être apportés.

La convention collective de la LCF permet aux équipes d'avoir les joueurs pendant quatre heures et demie par jour. Elles n'ont pas le droit de retenir leurs athlètes plus longtemps que cela. Évidemment, c'est la limite imposée - limite qui s'applique seulement aux réunions et aux entraînements - par la Ligue. Les joueurs sont libres d'en faire plus s'ils veulent. Souvent, ceux-ci vont faire des réunions entre eux pour visionner des films. D'autres vont s'entraîner ou recevoir les traitements physiques dont ils ont besoin. Cela n'est pas inclus dans le quatre heures et demie.

Une fois que le dernier match a été passé en revue, le nouveau plan de match est présenté aux joueurs. C'est là que seront instaurées les techniques et les tactiques qu'ils devront utiliser contre le prochain adversaire.

Ces stratégies bien établies, vient le temps d'une courte pratique qui dure environ une heure. Une pratique courte en terme de temps, mais pas en terme d'intensité. Les pratiques de Marc Trestman sont toujours intenses et les moments de relaxation se font plutôt rares.

C'est que Coach Trestman tient à ce que ces pratiques se déroulent avec l'intensité la plus élevée possible et le plus rapidement possible. L'objectif visé est de créer une situation de chaos pour que le temps de remise en jeu - le fameux time clock - paraisse s'écouler plus lentement lors des matchs. En faisant pratiquer ses joueurs à un rythme effréné, en les forçant à réfléchir rapidement, Trestman s'assure qu'ils ne seront pas déstabiliser en situation de match tant tout semblera se dérouler au ralenti.

Ce tempo élevé lors de l'entraînement est d'ailleurs une grosse clé expliquant le succès des Alouettes.

Analyses et discussions des assignations

Dans les jours qui suivent ce retour à l'entraînement, les joueurs se concentrent à assimiler leurs assignations respectives. Pour guider leurs joueurs à travers les particularités d'un plan de match, les entraîneurs organisent ce qu'on appelle des walk through, ou des « marches à travers nos assignations ».

Il s'agit d'une réunion « physique ». Le personnel d'entraîneurs amène l'équipe dans des gymnases ou d'autres salles ouvertes où ils peuvent jouer douze contre douze, unité par unité. L'unité défensive se réunit, à l'instar de l'unité offensive, et chaque membre s'attarde à bien lire les jeux.

Cela se passe debout et les joueurs analysent et discutent des différents tracés tout en les exécutant en marchant. Il y a des joueurs en défensive qui vont imiter le tracé d'un receveur de l'équipe adverse, et vice versa. Les joueurs des Alouettes font cet exercice environ une demi-heure chaque jour.

Pour le reste, le programme des autres journées préparatoires au match ressemble à ceci : rencontre avec l'entraîneur-chef en matinée où celui-ci fait part de sa perception quant au cheminement de l'équipe à l'entraînement, rencontre par unité, rencontre par position et pratique d'une heure et demie avec casque, mais sans épaulettes, histoire de protéger les joueurs des commotions et des coups à la tête. Généralement, les joueurs sont libérés vers 14h30.

Les lumières du samedi soir

Lorsque les Alouettes disputent un match dans l'Ouest canadien, l'équipe part généralement une journée avant la rencontre. Cette semaine, la formation montréalaise affronte les Roughriders de la Saskatchewan samedi à 16h, alors ils partiront tôt vendredi matin. Ils devraient arriver en Saskatchewan vers midi le vendredi et ils prendront part à des réunions et à un walk through dans l'après-midi. Mais il n'y aura pas de pratique. La soirée sera consacrée à un souper d'équipe et à une autre réunion.

Le samedi matin, jour de match, les joueurs seront convoqués pour une autre réunion d'environ une heure et demie, deux heures avant d'aller se reposer dans leurs chambres d'hôtel. Sieste et visionnement de films sont au menu.

Finalement, l'équipe arrivera au stade deux heures avant le début de la rencontre, histoire de se laisser obnibuler par l'adrénaline entourant la présentation d'un match de football.

Le Mosaic Stadium, le Centre Bell de LCF

Jouer un match de football au Mosaic Stadium, le domicile des Roughriders, est toujours très particulier. Il y a du bruit et beaucoup d'intensité. La formation de Regina est la seule équipe professionnelle de la Saskatchewan, et les gens sont fiers de leurs Riders. La Rider Nation est composée de partisans extrêmement loyaux à leur équipe qui connaissent leur football et qui savent quand et comment encourager leurs favoris.

Sans hésiter une seule seconde, je peux vous assurer que c'est là que se trouve la meilleure foule au Canada. C'est la Mecque du football canadien, et les gens sont aussi maniaques pour ce sport que nous le sommes ici à Montréal envers le hockey et le Canadien.

Le ballon du match

Petite note en cette fin de chronique pour décerner mon prix orange - ou le ballon du match, c'est comme vous le voulez - et mon prix citron de la première semaine chez les Alouettes.

Mon prix orange, je le remets à deux joueurs : Jamel Richardson et Brandon Whitaker. Le premier mérite une mention spéciale avec ses 169 verges de gains aériens et ses deux touchés. Il s'agit là d'une performance inspirée d'un grand receveur.

Whitaker mérite également une bonne main d'applaudissement. On était curieux de voir ce qu'il pouvait faire en situation de match depuis le départ d'Avon Cobourne en février. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a rassuré plusieurs sceptiques. On savait qu'il était capable de courir, comme en témoignent ses 137 verges de gain au sol, mais j'ai également trouvé qu'il avait fait un bon boulot pour protéger Anthony Calvillo.

Chapeau à Trestman et son équipe d'entraîneurs pour avoir su mettre en valeur les forces de Whitaker en l'entourant de manière adéquate, notamment en le supportant par un sixième joueur de ligne offensive.

Je n'ai d'autre choix que de remettre mon prix citron aux unités spéciales. Les Alouettes devront améliorer la couverture sur cet aspect du jeu, eux qui se sont fait marquer trois touchés depuis le début de la saison si on tient compte des parties préparatoires.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest.