Les Saints de La Nouvelle-Orléans participaient pour la première fois au Super Bowl. Par surcroît, ils affrontaient les Colts d'Indianapolis, les favoris. Même s'ils tiraient de l'arrière 10-0 après le premier quart et que rien ne fonctionnait pour eux, les Saints ne se sont pas écroulés.

L'importance de la patience

Quand je pense à la performance des Saints, le mot « patience » me vient en tête. Autant en attaque qu'en défensive, ils ont été patients dans leur plan de match.

L'attaque des Saints aime beaucoup lancer dans les zones profondes et se nourrir de gros jeux explosifs. Quand les joueurs ont remarqué que la défensive des Colts déployait beaucoup d'énergie pour enrayer ce genre de jeux, ils ont été très patients et ont plutôt mis l'accent sur les zones intermédiaires.

Quand tu es habitué d'être agressif dans tes choix de jeux, ce n'est pas évident d'agir d'une manière différente, surtout lors du plus gros match de l'année, mais La Nouvelle-Orléans a bien relevé le défi.

Gregg Williams est un coordonnateur défensif qui aime attaquer. Par nature, il n'est pas très patient et veut imposer son style. Comme Peyton Manning est très habile pour battre la pression, les Saints ont été patients et ne se sont pas entêtés à en exercer trop. Williams a bien varié ses stratégies, et il faut croire que la défensive des Saints possédait un plan de match différent pour chaque quart. Ils ont attendu le bon moment pour envoyer des blitz.

Cette patience a porté fruit, car l'interception de Peyton Manning, retournée pour un touché par Tracy Porter, est survenue sur un blitz. C'est comme si Gregg Williams avait caché quelques jeux spécialement pour le quatrième quart.

Tracy Porter avait aussi intercepté la passe de Brett Favre en fin de match contre les Vikings du Minnesota en finale de l'Association nationale. Sur le jeu, la réaction de Porter était sans équivoque. Cette interception a été étudiée dans la salle de vidéos bien avant le Super Bowl.

Les Saints ont bien analysé les tendances des Colts. Ils connaissaient leurs jeux favoris, et Porter a flairé l'opportunité. Je dis bravo à cette initiative parce qu'en fin de compte, ce jeu a été le tournant du match.

Drew Brees a pu prendre son rythme

Au premier quart, les Colts ont appliqué un peu de pression sur Drew Brees, mais durant les trois quarts suivants, on aurait cru qu'il participait à un entraînement, sans ligne à l'attaque ni ligne défensive, et qu'il s'amusait tout simplement avec ses receveurs de passes.

Ce manque de pression d'Indianapolis a permis à Brees de prendre son rythme. Au début du match, il a réussi trois de ses sept premières passes, mais par la suite, il n'en a raté que trois sur 32, un exploit spectaculaire. De plus, parmi les passes qu'il a manquées, Reggie Bush en a échappé une, et plus tard, Brees a volontairement jeté le ballon au sol pour arrêter le chronomètre.

Voler du temps de possession à Manning, une stratégie gagnante

Lors de mes récentes chroniques, j'ai souvent mentionné l'importance de voler des possessions de ballon à Peyton Manning. Dans un match, en moyenne, un quart touche douze fois au ballon, soit environ trois fois par quart.

Toutefois, durant le Super Bowl, les Colts n'ont eu que huit possessions parce que les Saints ont réussi à leur voler du temps de possession. Après le premier quart, La Nouvelle-Orléans a dominé le temps de possession avec un avantage de six minutes, ce qui a laissé moins de temps à Peyton Manning pour exécuter des jeux.

Le botté court au début du troisième quart a été une excellente stratégie pour voler du temps de possession aux Colts. Manning, durant la mi-temps, avait déjà en tête son plan pour la prochaine séquence offensive, et ce botté l'a déstabilisé. Pour moi, le vol du temps de possession est toujours un élément-clé du plan de match quand une équipe affronte Manning, et les Saints l'ont réussi à la perfection.

Une tache au dossier de Peyton Manning? Pas vraiment.

Les Tom Brady et les Joe Montana de ce monde ont réussi les gros jeux en fin de match et n'ont pas commis d'erreur comme Peyton Manning, mais il ne faut pas trop s'en faire pour le moment parce que sa carrière est loin d'être terminée et il aura amplement le temps de se reprendre. C'est l'un des grands quarts-arrière de la NFL, et une fois sa carrière terminée, on pourra mieux juger ses performances lors des moments cruciaux.

Sean Payton est demeuré lui-même

J'ai toujours dit que les entraîneurs au football sont ceux qui ont le plus d'impact sur un match, tous les sports confondus. Ils ont un énorme travail de vendeur à effectuer auprès de leurs joueurs pour gagner un match. Reconnu pour être très agressif dans sa sélection de jeux, Sean Payton dirigeait son premier Super Bowl et il est resté lui-même.

C'était la première fois dans l'histoire du Super Bowl qu'un botté court surprise était tenté pour commencer la deuxième demie. Habituellement, ces bottés avaient lieu en fin de match quand c'était une nécessité. Il fallait avoir du cran pour tenter ce jeu! Si l'on rajoute sa décision d'y aller pour un converti de deux points et de demander une reprise vidéo, Payton est resté fidèle à lui-même en faisant preuve d'agressivité.

Au final, les Saints auront stoppé Kurt Warner, Brett Favre et Peyton Manning durant leur quête du trophée Vince-Lombardi, une très belle brochette de quarts-arrière vedettes.

*Propos recueillis par François Parenteau