Le mot "dominant" n'est pas trop fort pour décrire la performance que nous avons offerte en défensive en fin de semaine contre les Roughriders de la Saskatchewan.

Sans farce, on a excellé dans tout ce qu'il fallait faire. On a frappé, on leur a arraché le ballon, on l'a intercepté. Je ne veux pas nous vanter, mais c'est vrai que les choses vont vraiment bien pour nous en ce moment.

Je ne me souviens pas d'avoir fait partie d'une équipe qui dominait autant ses adversaires depuis mes belles années avec le Rouge et Or de l'Université Laval. À cette époque, on gagnait tous nos matchs de cette façon, par des écarts de 30 ou 40 points. On en avait gagné un 94-0! On surclassait littéralement nos adversaires et présentement, je vis ce sentiment pour la première fois depuis le début de ma carrière dans la LCF.

Évidemment, c'est une très, très longue saison et nos succès ne veulent absolument rien dire pour l'instant. Nos performances sautent peut-être encore plus aux yeux parce qu'elles sont les trois premières de la saison, mais si on veut vraiment être exceptionnels, on sait qu'il faudra maintenir le rythme pendant 15 autres parties. Dans notre tête, on est vraiment très loin de notre profit.

Mais n'empêche, on vient de coller trois excellents matchs de suite et c'est ce qui me rend le plus heureux. Ce n'est pas nécessairement le fait qu'on soit invaincu, qu'on soit une équipe "parfaite". C'est le fun de faire partie d'une unité aussi efficace.

Les attaques adverses ne semblent pas avoir de réponse à ce qu'on leur propose. Pourtant, on ne fait rien de très compliqué, mais on le fait très bien. Je peux encore dresser une comparaison avec mes années chez le Rouge et Or. À l'époque, on jouait toujours une "Couverture 3", mais on la jouait tellement bien que personne ne pouvait rien faire.

Il n'y a présentement pas de défaut dans notre exécution, mais je donne quand même beaucoup de crédit à nos entraîneurs. Ils appellent constamment les bons jeux, nous déploient dans un bon mélange de "homme à homme" et de zone, nous demandent parfois d'appliquer de la pression, parfois d'en mettre moins.

Pour moi, la base de notre succès demeure le travail étincelant de nos joueurs de ligne défensive. Depuis le début de la saison, Keron Williams, John Bowman, Anwar Stewart et cie traversent la ligne offensive ennemie avec une facilité déconcertante. Ils se rendent au quart-arrière, la pochette protectrice n'a aucune chance de garder sa forme contre leurs assauts. Le quart adverse n'a jamais le temps de se planter les pieds et de faire ses lectures parce que nos joueurs sont toujours dans sa face.

Pour les secondeurs et les membres de la tertiaire, c'est beaucoup plus facile de faire notre boulot parce qu'on sait que le quart n'a pas beaucoup de temps pour faire son jeu. On peut se permettre d'être plus agressifs, de sauter sur des tracés plus rapidement. Dans une défensive "homme à homme", on sait que si on couvre notre gars pendant deux ou trois secondes, tout devrait être correct. Ça vous donne une idée... Vraiment, ce n'est pas exagéré de dire que tout part de la ligne défensive.

Succès contre l'Ouest : il ne fait pas en faire un plat

La plupart des observateurs aiment bien souligner que nos trois victoires sont d'autant plus impressionnantes qu'elles ont été acquises contre des équipes de l'Ouest qui nous ont donné du fil à retordre l'année dernière.

Pourtant, à l'intérieur des cadres de l'équipe, je vous jure que ce n'est pas quelque chose qui nous emballe particulièrement. Jamais Coach Trestman n'a mis l'accent sur ce point et ça n'a jamais été un sujet de discussion dans le vestiaire.

Le pire, c'est que l'an dernier, on a vraiment bien joué contre les équipes de l'Ouest. C'est vrai qu'on ne le saurait pas seulement en se fiant sur notre fiche quand on est allé jouer là-bas, mais on a tout de même disputé de bons matchs et ça, tout le monde le sait dans notre équipe.

Deux vétérans inspirants

Deux coéquipiers ont atteint des plateaux intéressants contre les Roughriders. Anthony Calvillo a rejoint Ron Lancaster au deuxième rang de l'histoire de la LCF en complétant sa 333e passe de touché en carrière tandis que Bryan Chiu a établi un record d'équipe en disputant une 204e partie dans l'uniforme des Alouettes.

Anthony a longtemps été la cible de critiques injustifiées depuis qu'il est le quart partant des Alouettes - j'ai personnellement entendu des gens lui faire porter le blâme pour les malheurs de l'équipe - mais je crois que tout ça s'est arrêté l'année dernière. Avec la saison qu'il a connue, il a fait taire tous ses dénigreurs. Personne ne peut plus rien dire de mal à son sujet. À son âge, de remporter le titre de joueur par excellence de la Ligue, c'est exceptionnel. Il est l'un des meilleurs à sa position et je crois qu'il n'a pas fini de nous impressionner.

Pour ce qui est de Chiu, Trestman lui a remis le ballon du match après la rencontre. Il nous a dit que n'importe qui, à n'importe quelle position, dans n'importe quel sport professionnel, devait avoir quelque chose de spécial en lui pour être capable d'accomplir pareil exploit. Ce n'est pas tout le monde qui a ce qu'il faut pour faire ça, mais Bryan est tout un spécimen. Il faut être fait dur pour jouer pendant si longtemps à une position aussi exigeante physiquement.

Parmi nous, Bryan est un gars apprécié de tous. Il est toujours de bonne humeur, simplement content d'être là. Il est gentil avec tout le monde. Ça fait cinq ans que je joue avec lui et je l'ai toujours admiré. Je ne pourrai jamais être assez élogieux à son endroit.

Cette année, les vétérans dans notre équipe sont vraiment cools. Il n'y a pas de pommes pourries dans l'équipe (et n'essayez pas ici de lire entre les lignes et de faire référence à l'an passé, ça n'a rien à voir!) et ça aussi, ça nous aide. Un gars comme Bryan amène les jeunes dans sa lignée et c'est ce qui nous permet de développer une culture gagnante.

Hamilton, une équipe améliorée

Une séquence victorieuse comme celle qu'on connaît peut toujours nous faire pencher de deux côtés. C'est soit un boost de confiance, soit un boost d'égo. Il faudra éviter de tomber dans un piège jeudi contre les Tiger-Cats de Hamilton.

En ce moment, on ne pourrait pas être plus conscient qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. Très loin. Comme ça nous est arrivé souvent de nous rendre loin dans les éliminatoires et de perdre la coupe Grey, on sait qu'il faut être bon du début à la fin. On ne peut pas se permettre des hauts et des bas. Il faut passer à travers la saison en force et je sens cette volonté là dans l'équipe.

Après tout, on n'est qu'au quatrième match de la saison. On se bat encore pour s'établir, se développer comme équipe. Je suis très confiant que les gars n'embarqueront pas dans le piège de la complaisance.

Je suis très surpris du début de saison des Ti-Cats, qui ont remporté deux de leurs trois premiers matchs. Ils ont fait beaucoup de changements dans la saison morte et c'est plus difficile de connaître du succès au début quand il n'y a pas de continuité. Mais les changements effectués semblent avoir fonctionné.

Ce qui m'a le plus impressionné, c'est qu'ils ont battu les Lions en Colombie-Britannique. Ça, ce n'est pas un match facile! Je ne sais pas c'est quoi ma fiche à Vancouver, mais ce n'est rien de reluisant. Les Lions sont très forts devant leurs partisans et ce n'est jamais facile de jouer là-bas à cause du décalage horaire.

Voilà trois ou quatre jours qu'on étudie les Ti-Cats sur vidéo et ils semblent grandement améliorés. Quinton Porter joue bien au poste de quart, ils ont un bon nouveau porteur de ballon et la défensive est quand même agressive. Je m'attends à un très bon match.

Comme nous n'aurons pas beaucoup de temps pour nous reposer entre les deux matchs, je suis pas mal content de jouer à la maison. Les Tiger-Cats n'auront pas eu plus de repos que nous - ils jouaient immédiatement après nous samedi - mais en plus, ils vont devoir voyager pour venir nous affronter. Ce n'est pas facile quand tu dois voyager pour aller jouer un match après un congé écourté. Pour cette raison, si quelqu'un peut aller chercher un avantage dans cette situation, c'est nous!

On se reparle en fin de semaine!

Propos recueillis par Nicolas Landry.