Phénomène un peu méconnu des amateurs québécois de football, de jeunes Canadiens s’expatrient au sud du pays pour évoluer dans les circuits des écoles secondaires américaines afin d’obtenir une plus grande plateforme en vue de dénicher des bourses universitaires.

Privé de son poste d’entraîneur à l’école St Matthew d’Ottawa en raison de la COVID-19, Jean-Sorphia Guillaume se retrouve entraîneur des porteurs de ballon et des demis défensifs du côté de Clearwater en Floride, une école secondaire américaine qui fait place à un nombre impressionnant de jeunes joueurs canadiens affamés de prouver leur valeur aux universités américaines. « Il doit y avoir 90% de joueurs canadiens ici! Juste à l’attaque, sur la formation partante, on ne retrouve que deux Américains. En défense, je crois qu’on a un seul Américain. C’est une équipe canadienne! », avoue Guillaume cachant à peine sa fierté.

« Clearwater reçoit beaucoup de talent canadien et beaucoup de joueurs du Québec. La transition a été un succès depuis trois ans parce que nous avons du bon talent et les jeunes ont bien été préparés pour se rendre là-bas. Les joueurs qui ont un bon niveau de football et qui ont de bons résultats académiques peuvent venir ici et profiter d’une plateforme contre certains des meilleurs joueurs secondaires au pays ou de l’État. C’est là qu'ils sont reconnus à leur juste valeur. » Preuve de ce talent, les Knights de Clearwater ont battu Vero Beach, une école secondaire américaine qui n’avait pratiquement pas perdu depuis cinq ans. Un exploit qui avait surpris et quelque peu choqué les Américains.

D.K. Bonhomme (Université de l’Indiana) et Akheem Mesidor (Université West Virginia) sont deux Canadiens qui ont emprunté cette voie afin d’obtenir une bourse d’études d’une équipe de première division. À ces noms s’ajouteront plusieurs autres selon Jean-Sorphia Guillaume. « La liste devient de plus en plus longue, on voit aussi Geri Theodore qui joue à l’Université de Toledo. Un joueur que je prépare présentement, c’est le porteur de ballon Brendon Barrow. »

Barrow est un jeune demi offensif originaire de Mississauga en Ontario qui est classé comme le huitième meilleur espoir à sa position aux États-Unis et il poursuivra son parcours académique à l’Université de Stanford. Un joueur plein de promesses, mais qui n’est pas l'exception à la règle. « Il y a également un jeune de la région d’Ottawa, Shakespeare Louis, qui lui va aller à l’Université Robert Morris. »

Si l’entraîneur n’hésite pas à vanter les vertus du programme de Clearwater, il reconnaît cependant que le système canadien demeure une bonne option pour un bon nombre de joueurs. « Est-ce que c’est pour tout le monde? Pas nécessairement. On me demande si on doit absolument aller à un « prep school », ça peut faciliter les choses, mais les parcours du CÉGEP et du junior dans l’Ouest canadien peuvent aussi être un bon parcours. Tout chemin mène à Rome. »