Le tableau indicateur affichait un pointage de 11-2 en faveur des Blue Bombers de Winnipeg, dimanche dernier, lorsque notre entraîneur Marc Trestman a décidé d'appeler un jeu truqué sur un botté de dégagement.

Ce petit tour de passe-passe, nous avons passé les deux dernières années à le peaufiner à l'entraînement. Il faut dire que Coach Trestman est plutôt conservateur lorsque vient le temps d'appeler des feintes et des jeux truqués, lui qui mise beaucoup sur le fait de gagner la bataille de positionnement sur le terrain. Mais la première demie achevait et nous étions dans une zone favorable pour réaliser ce genre de jeu-surprise.

C'est que la plupart du temps, les feintes sur des bottés de dégagement surviennent entre les deux lignes de 40 verges. Dans l'éventualité où la tactique échoue, l'adversaire n'est alors pas en position pour réaliser un placement.

Ainsi, avec le ballon situé au 48 dans notre territoire et avec 5:12 à écouler au deuxième quart, Coach Trestman a cru bon sortir un lapin de son chapeau pour qu'on puisse garder la possession du ballon tout en limitant le temps de jeu des Bombers qui prenaient avantage de jouer avec le vent dans le dos.

Il faut dire que la formation présentée par Winnipeg était favorable à la mise sur pied de notre petite surprise. Dans le caucus, nous avions planifié que s'il y avait moins de joueurs sur le côté long du terrain, Kerry Carter allait porter le ballon. Mon rôle serait d'agir comme bloqueur principal.

Mais les Bombers nous ont présenté une formation où il y avait moins de joueurs sur le côté court, ce qui signifiait par conséquent que ce serait ma tâche de porter le ballon, Kerry agissant quant à lui comme bloqueur principal.

Je dois avouer que j'étais très excité lorsque j'ai compris que j'allais porter le précieux objet ovale entre mes mains. À un point tel que je suis d'ailleurs parti un peu trop tôt sur la séquence, comme on peut le voir sur la reprise vidéo.

Une fois la remise effectuée, Kerry s'est assuré de sceller le côté court du terrain afin d'éviter qu'il y ait pénétration pour que je puisse éventuellement tourner le coin. Sur la séquence, Michael Giffin a fait un bloc clé et Ramon Guzman et Jeff Robertshaw ont tous deux été en mesure de neutraliser complètement leurs adversaires respectifs.

Quand j'ai vu qu'il y avait beaucoup de circulation dans le milieu du terrain, j'ai couru vers l'extérieur où j'ai vu un demi de coin qui avait lu le jeu venir en ma direction afin de me plaquer.

Je n'avais que trois verges à franchir afin d'obtenir le premier essai. J'ai donc mis mes deux mains sur le ballon, puis j'ai tourné en direction verticale avant de repartir vers le milieu du terrain. En cours de route, j'ai brisé deux plaqués pour finalement terminer ma course un peu plus loin avec un gain de 22 verges.

Avec du recul, c'est définitivement un jeu que je vais prendre plaisir à raconter à l'avenir. Rares sont les fois où je vais pouvoir courir avec le ballon dans la Ligue canadienne, alors ça vraiment été une expérience particulière.

Mais au-delà de mon petit plaisir personnel, il y a le fait que j'ai été en mesure de contribuer à changer l'erre d'aller dans un match serré où la première place de la division Est était à l'enjeu. Et ça, c'est vraiment tout ce qui compte.

La fierté de notre unité défensive, prise 2

Pour un deuxième match consécutif, notre unité défensive a connu une excellente journée au bureau. C'est que les succès de notre front défensif sont intimement liés à notre tertiaire.

Notre ligne défensive a su semer la confusion chez la ligne offensive adverse en étant constamment en mouvement, cela permettant d'appliquer une plus grande pression sur leur quart-arrière, Steven Jyles.

Quand le front défensif est capable d'exercer une bonne pression, cela aide évidemment la tertiaire. Et à l'inverse, si nos demis défensifs couvrent bien les receveurs adverses, alors on est en mesure d'acheter une ou deux secondes supplémentaires pour que la ligne défensive puisse se rendre au quart.

À l'instar de notre dernière sortie, nous avons appliqué une bonne couverture homme à homme afin de couvrir leurs rapides receveurs. Nous avions d'ailleurs établi un bon plan de match afin de surveiller l'un d'eux, Greg Carr.

C'est un grand receveur, mais mis à part le touché qu'il a réalisé en début de partie, nous avons été en mesure de le contrer en étant agressif avec lui et en ayant toujours nos mains bien posées sur son uniforme. Et à chaque fois que nous parvenions à accomplir cette tâche, Carr ralentissait et il sortait de son tracé de course.

Mais au final, tout n'a pas été parfait et notre offensive a laissé des points sur le terrain. Nous avons échappé des ballons que nous n'aurions pas dû échapper. Il en va de même pour quelques placements qui n'ont pas été réussis.

Reste que dans l'ensemble, cela est loin d'être bien inquiétant puisque lorsque ton quart-arrière s'appelle Anthony Calvillo, tu as une chance légitime de gagner à chaque partie. Il est le meilleur quart de la LCF, et il peut compter à nouveau cette année sur des receveurs de qualité.

Et l'objectif, c'est que l'équipe soit en mesure de trouver la clé de la victoire, peu importe les conditions. Encore une fois cette semaine, nous avons réussi à accomplir cette mission.

Garder le cap d'ici la finale de l'Est

Même si nous ne sommes qu'à une seule victoire d'une participation à la finale de la coupe Grey, cela ne doit pas signifier une période de relâchement.

D'autant plus que nos trois derniers duels en saison régulière auront lieu contre les Tiger Cats de Hamilton et les Argonauts de Toronto, soit les deux équipes contre lesquelles nous pourrions nous mesurer lors de la finale de l'Est.

On veut leur lancer un message. On veut établir que nous sommes l'équipe dominante dans l'Est, et que par surcroît, nous les attendrons de pied ferme au Stade olympique le 21 novembre prochain.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest