MONTRÉAL - Surprise chez les Alouettes de Montréal: Larry Smith a annoncé qu'il se retirait après 12 ans passées à titre de président et chef de la direction du club de la Ligue canadienne de football, lundi.

L'homme de 59 ans a indiqué qu'il étudiait ce scénario depuis quelques mois et qu'il était maintenant le temps de relever de nouveaux défis. Il sera en poste jusqu'au 31 décembre, après quoi, Paul Harris assumera l'intérim jusqu'à l'entrée en fonction d'un successeur.

Personnellement, Larry Smith prendra ensuite un mois de vacances avant de se "chercher un emploi" pour février. "J'aimerais participer à une dernière grande aventure, parce que j'ai encore de l'essence dans le réservoir et j'estime avoir beaucoup à donner."

Smith a refusé de donner du poids aux rumeurs qui l'envoient en politique _ le député de Bourassa, Denis Coderre, l'envoie déjà chez les Conservateurs.

"Je ne sais pas encore si ce sera en politique, mais pour l'instant, tout ce que je veux, c'est organiser ma vie. J'aime travailler avec les gens, j'aime diriger et j'ai de l'expérience en affaires", a indiqué celui qui a notamment occupé des postes de direction à la Brasserie Labatt et au quotidien anglophone The Gazette.

C'est un cheminement personnel qui a entraîné cette décision annoncée lundi. Smith a expliqué qu'il révisait son planning de vie à tous les cinq ans et qu'il s'était fixé comme date butoir la fin de 2010 pour décider de son avenir avec les Alouettes. Il a dit en avoir discuté depuis quelques mois avec le propriétaire de l'équipe, Robert Wetenhall.

"Avec le succès que connaît l'équipe sous la direction de Jim Popp, avec les succès que nous connaissons aux guichets après avoir joué 105 matchs consécutifs à guichets fermés, avec les succès philanthropiques de l'équipe et après avoir mené à terme le projet de rénovation du stade Percival-Molson, je croyais que c'était le meilleur temps pour moi de laisser la place à quelqu'un d'autre."

Si Smith a bien le droit de réorienter sa carrière, le timing n'en est pas moins surprenant: il ne reste qu'un maximum de trois semaines à la saison des Alouettes.

"M. Wetenhall et moi sommes d'accord: il faut chercher un remplaçant. Le timing est idéal pour commencer cette recherche. Deux ou trois semaines de plus peuvent faire toute la différence à ce niveau. Nous avons une pause avant notre prochaine rencontre. Nous pouvons lancer nos recherches et afficher une transparence dans le marché: on ne voulait pas amorcer nos recherches sans avertir le public."

Wetenhall absent

Autre surprise lors de cette annonce: l'absence de Wetenhall à la conférence de presse. Il apparaît surprenant qu'après avoir été son homme de confiance pendant 12 ans dans l'aventure des Alouettes, Smith n'ait pas droit à une "tape dans le dos" et aux mots d'encouragements d'usage.

"L'heure prévue (13 h 30) n'était pas un bon moment pour M. Wetenhall", a laconiquement indiqué Smith. Le propriétaire de l'équipe s'est limité à louanger le travail de Smith par communiqué.

Le président sortant a d'ailleurs évité les questions portant sur les raisons précises qui l'ont poussé à ce départ. Est-ce que le congédiement de son fils Wes, qui était vice-président aux ventes corporatives, a pesé dans la balance? "Non", a répondu Smith, même si des rumeurs de congédiement à son endroit avaient circulé à la suite de cette décision, prise en août dernier.

Est-ce sa mauvaise relation avec le directeur général Jim Popp? "Je ne sais pas d'où vous tenez que Jim et moi ne nous entendons pas, a dit Smith. Mis à part une petite période au cours de laquelle Jim était l'instructeur-chef et qu'il ressentait beaucoup de pression, nous ne nous sommes jamais mal entendu."

Bilan positif

Smith a occupé le poste de président du club une première fois de 1997 à 2001 et une seconde fois, de 2005 à aujourd'hui. Entre ces deux mandats, il a occupé le poste d'éditeur du quotidien The Gazette.

Le bilan de Smith à la tête des Alouettes est positif. Sur le terrain, il a grandement participé aux succès de l'équipe qui a remporté la coupe Grey en 2002, en plus d'être à la tête de celle qui l'a emportée en 2009. Sous son règne, Montréal a organisé deux finales du football canadien, soit en 2001 et 2008, quand les Alouettes se sont inclinés face aux Stampeders de Calgary.

Smith s'est dit fier notamment de la réalisation du projet d'agrandissement du stade Percival-Molson, et aussi de la série de plus de 100 matches consécutifs à guichets fermés. "Quand je suis entré en fonction, nous n'avions que 1868 abonnements de saison. Maintenant, nous avons joué 105 matchs à guichets fermés", a-t-il noté.

Il a présidé au transfert des matchs des Alouettes du Stade olympique, où les foules étaient éparses, au stade Percival-Molson, où l'équipe joue depuis à guichets fermés. Il a aussi été impliqué dans le projet de rénovation du stade, où la capacité est passée de 20 000 à 25 012 sièges.

Comme demi et receveur de passes, Smith a gagné deux coupes Grey avec les Alouettes dans les années 1970.

Il a été commissaire de la LCF de 1992 à 1996, menant le court projet d'expansion de la ligue vers les États-Unis.

Quand la ligue a quitté les États-Unis, il a participé au déménagement des Stallions de Baltimore vers Montréal, où le club a repris le nom des Alouettes après une éclipse de presque dix ans du football canadien à Montréal. L'année suivante, il a été nommé président lorsque Wetenhall a acheté le club de Jim Spiros.