Après un début de saison pitoyable (1-7), la troupe de Tom Higgins a maintenant une fiche de sept victoires et huit défaites et se retrouve au premier rang de la Division Est.

On ne peut pas dire que c’est seulement une chose qui a fait en sorte que les Alouettes se sont améliorés. C’est important de mentionner qu’il s’agit plutôt d’un ensemble de facteurs, mais s’il fallait réellement s’améliorer à un endroit c’était en attaque.

C’est donc ce que les Alouettes ont fait en améliorant plus précisément deux aspects de leur offensive.

Premièrement, on a procédé à une restructuration du groupe d’entraîneurs en attaque. Ces changements ont fait en sorte qu’on a été en mesure de libérer Ryan Dinwiddie qui est un jeune coordonnateur offensif. Il avait besoin d’acquérir plus d’expérience, mais avant tout, il avait besoin de plus de temps.

En début de saison, en plus de coordonner l’attaque, il était l’entraîneur des quarts-arrière et ne profitait pas d’assez de support. Il ne pouvait donc pas donner l’attention qu’il aurait voulu aux quarts-arrière et il ne pouvait pas passer assez de temps avec l’unité offensive. Il devait partager son temps entre beaucoup trop de choses, ce qui faisait en sorte que ce n’était pas efficace.

L’arrivée de Jeff Garcia comme entraîneur des quarts-arrière et de Turk Schonert, responsable des receveurs de passe, a permis à Dinwiddie de passer plus de temps sur la gestion de l’offensive en générale et de devenir un meilleur coordonnateur à l’attaque.

L’autre amélioration au sein de l’offensive est simple et se nomme Jonathan Crompton. On ne peut pas passer ça sous silence.

En début d’année, Troy Smith ne complétait pas de passe, il ne courait pas quand il le fallait et il ne protégeait pas le ballon.

Jonathan Crompton protège très bien le ballon. Il a seulement lancé deux interceptions à ses cinq derniers matchs. Il a terminé la partie avec quatre courses pour 36 verges lors de la dernière rencontre et il a complété près de 70% de ses passes contre Toronto.

C’est la recette pour gagner. Une bonne défensive, tu contrôles et tu protèges le ballon et c’est exactement ce que font les Alouettes récemment.

Crompton est-il une solution à long terme?

Pour l’instant, je crois qu’on peut espérer voir Crompton mener l’attaque de Montréal pour un bon moment. Il ne faut toutefois pas partir en peur et s’emballer trop vite avec sa fiche de six victoires et une défaite, mais l’important pour le moment c’est qu’il gagne.

J’ai eu la chance de parler avec quelques joueurs et ils ont vraiment confiance en lui. C’est un gars investi et engagé dans l’équipe. Il a tout ce qu’il faut pour réussir. Il a un bon bras, une bonne mobilité, une bonne tête et un bon leadership. Alors s’il est capable de continuer à progresser, c’est ça qui va déterminer s’il est ici pour rester ou non.

Il a quand même eu des hauts et des bas, mais c’est normal avec un quart-arrière qui n’a pas beaucoup d’expérience. Seul  le temps va nous dire qui sera le quart-arrière dans quelques années, mais il a clairement les outils pour conserver son poste.

Les Alouettes peuvent également se considérer chanceux de la situation « après Calvillo ». De la mi-saison l’an passé jusqu’à la mi-saison cette année on s’est cherché, mais pour une situation qu’on avait un peu mal préparée, on s’en est bien sorti avec un gars qui fait très bien le travail pour l’instant.

De son côté, la défensive joue très bien depuis le début de la saison. Les blessures commencent toutefois à s’accumuler  et on a hâte de voir le statut de Gabriel Knapton et Aaron Lavarias plus particulièrement. Ce sont deux joueurs importants sur la ligne défensive et on doit les avoir dans l’alignement si on veut connaître du succès.

Lors du dernier match contre Toronto, on a vu qu’on avait des substituts capables de faire le travail et c’est une bonne nouvelle, mais on veut quand même voir nos partants en santé le plus rapidement possible.

Les Alouettes sont-ils l’équipe de l’heure?

Sans aucun doute, je dirais que les Alouettes sont l’équipe de l’heure dans la Division Est. La semaine dernière, Hamilton n’a pas été convainquant contre Ottawa, Montréal a battu les Argonauts et il y a une aura de gagnant autour de l’équipe. Les joueurs n’abandonnent jamais, ils sont en confiance et surtout il y a une bonne chimie dans le vestiaire. Cette chimie a vraiment un effet contagieux sur le rendement de l’équipe.

Dans la Ligue canadienne, je pense par contre que ce serait poussé un peu. Je sais qu’on a renversé la tendance du début de saison alors que les équipes de l’Ouest dominaient, mais c’est difficile d’enlever ce titre aux Stampeders de Calgary qui ont une fiche de 13 victoires et deux défaites en ce moment.

Ça a été l’équipe de l’heure toute la saison dans la Ligue canadienne. Ils n’ont pas connu de creux et ils jouent du football très constant. Ils ont l’une des meilleures lignes à l’attaque, ils ont une excellente défensive et le meilleur porteur de ballon de la ligue. Ils sont également assurés du premier rang dans l’Ouest. Bref, ils ont tous ce qu’il faut pour être considéré l’équipe de l’heure.

Les Alouettes ont quand même réussi à profiter du succès de Calgary pour relancer leur saison. La victoire du 21 septembre dernier contre les Stampeders a définitivement été une bougie d’allumage. On venait de perdre contre les Eskimos et la semaine suivante, on bat la meilleure équipe de la ligue. C’est toutefois loin d’être le seul point tournant.

Quand Crompton a commencé comme quart-arrière partant et qu’il est allé chercher une victoire contre Ottawa, ça a déjà donné un sentiment de confiance. Après ils ont perdu contre Edmonton, mais ils sont revenus en force contre Calgary et ça a prouvé quel genre d’équipe ils étaient devenus.

Certains disent que les Stampeders étaient privés des services de plusieurs joueurs clés, mais c’est exactement ce que tu dois faire quand tu as un adversaire dans les câbles. C’est ce que les bonnes équipes font et c’est ce que les Alouettes ont fait.

Éviter le piège que représente Ottawa

Quand tu commences ta saison avec une victoire et sept défaites, tu ne peux pas te permettre de prendre personne à la légère. Malgré leurs victoires, les Alouettes n’ont pas écrasé leurs adversaires. À part la rencontre contre les Roughriders il y a deux semaines, ça a toujours été des matchs serrés.

Malgré leur fiche, Ottawa est une équipe qui se défend bien et on ne peut pas perdre l’avantage qu’on est allé chercher en battant les Argonauts, en plus qu’ils affrontent Hamilton en fin de semaine. Il y a une de ces deux équipes-là qui va avoir une défaite et c’est l’occasion parfaite de prendre encore de l’avance au classement.

Le sport comme remède?

Les tristes événements survenus mercredi à Ottawa ne devraient pas forcer la ligue à annuler la partie de vendredi.

Toutefois, si ça a un effet quelconque sur cette rencontre-là, ce dont je ne suis pas convaincu, ça serait de rallier le Rouge et Noir. Dans n’importe quelle situation de crise où les gens ont besoin de quelque chose pour se rallier, le sport a souvent été la solution.

 Je pense aux Séries mondiales en 2001 lorsque Georges Bush est venu sur le terrain après les attentats du 11 septembre, ou ce qui est arrivé au marathon de Boston en 2013. Malgré les moments difficiles, le sport a ce côté positif de rassembler les gens et de les faire célébrer ensemble.

Donc, si ça peut influencer la partie, selon moi ce serait de créer une ambiance spéciale dans le stade qui avantagerait le Rouge et Noir.

Tranquillement, le portrait commence à se dessiner

Ça va être extrêmement difficile pour trois équipes dans l’Est de se qualifier pour les éliminatoires, parce que tout le monde joue l’un contre l’autre. En plus de ça, il ne manque qu’une victoire en trois matchs aux Lions de la Colombie-Britannique pour s’assurer d’une place en série. Advenant que les Lions se qualifient, il ne resterait que deux places pour les équipes de l’Est. L’importance de remporter tous ces matchs pour les Alouettes devient donc encore plus cruciale.

Propos recueillis par Raphaël Bergeron-Gosselin