L'expert football Matthieu Proulx revient sur cinq éléments qui l'ont marqué dans la Ligue canadienne de football.

Une décision judicieuse

Je veux revenir sur la décision de la Ligue canadienne la semaine dernière de limiter les contestations vidéo à une seule par équipe par rencontre. Je trouve que c’est un excellent verdict de la part de la Ligue. Je sais que bien des personnes sont contre l’utilisation de la reprise vidéo pour certains jeux, notamment sur les pénalités d’obstruction, mais, au contraire, je crois que c’est une bonne idée. C’est un outil de plus pour les entraîneurs afin de réparer une erreur des officiels qui serait flagrante. C’était ça l’objectif initial de la reprise vidéo.

Par contre, on a vu avec le temps que les entraîneurs utilisaient systématiquement à chacun des matchs leurs deux contestations. Dès qu’il y avait un gros jeu ou que la situation représentait un possible point tournant dans le match, ils allaient à la pêche en espérant avoir gain de cause. De toute façon, ils en avaient une deuxième en réserve. Le problème, c’est que cette manière d’agir ralentit considérablement l’allure des rencontres.

Le dernier clou dans le cercueil aura été le match du 28 juillet dernier entre les Lions de la Colombie-Britannique et les Eskimos d’Edmonton. Je décrivais alors le match en compagnie de Pierre Vercheval et nous avons eu droit à quatre contestations consécutives au début du quatrième quart. Au cadran du match, il s’était écoulé seulement deux minutes, alors qu’en réalité, toute la séquence a duré près de 25 minutes. Ces interruptions ont fait mal au rythme de la rencontre et on sentait que les amateurs étaient quelque peu exaspérés de voir les entraîneurs aller à la pêche dans ce genre de situation.

Je suis donc heureux que la Ligue n’ait pas attendu la fin de l’année pour agir et que le problème a été corrigé en cours de saison.

Deux autres bijoux des receveurs

C’est véritablement l’année des gros attrapés dans la LCF. On assiste à de nombreuses réceptions spectaculaires chaque semaine et plusieurs receveurs se signalent lors des différentes rencontres. C’est spectaculaire de voir les receveurs réussir autant de jeux offensifs à couper le souffle. Deux attrapés ont particulièrement attiré mon attention au cours de la dernière semaine.

J’ai parlé la semaine passée du superbe attrapé de Duron Carter et il a de nouveau fait parler son talent lors du dernier match contre les Lions. Il restait trois minutes à faire au match lorsqu’il est parvenu à saisir la longue passe de Brandon Bridge pour le touché encore une fois en n’utilisant qu’une seule main.

Un autre receveur s’est aussi signalé dans ce match, mais cette fois du côté des Lions. Avec une 1 min 50 à faire au troisième quart, Bryan Burnham a complété l’attrapé en milieu de terrain alors qu’il y avait trois joueurs défensifs autour de lui. Ce sont des bijoux à voir et si vous n’avez pas eu la chance de les visionner, je vous le suggère fortement.

Un beau problème attend les Lions

Ce match nous a aussi permis de voir un Travis Lulay qui était encore en pleine possession de ses moyens. C’est un vétéran qui a occupé le poste de substitut, même s’il a déjà gagné la Coupe Grey et qu’il en a été le joueur par excellence.

Il est venu en renfort à Jonathon Jennings, alors que celui-ci s’est blessé, et depuis, il a permis à son équipe de présenter un dossier de trois victoires contre un seul revers.

Son attaque fonctionne à plein régime. Je dirais même que l’unité offensive joue mieux sous ses ordres qu’avec Jennings, mais je ne lance pas de flèche au jeune quart ici. En début de saison, il n’est pas rare de voir l’attaque chercher son rythme et avec Lulay, elle l’a trouvé. Depuis qu’il est en poste, il accumule en moyenne 360 verges par match, complète 62 % de ses passes qui voyagent plus de 20 verges tout en tirant avantage de son groupe de receveurs.

Cette situation montre encore une fois qu’au football il faut miser sur deux bons quarts-arrière et les Argonauts de Toronto risquent de devoir l’expérimenter avec la blessure à Ricky Ray. Les Lions auront donc un beau problème sous peu, alors que Jennings est près d’un retour au jeu. J’ai hâte de voir quelle sera leur décision dans ce dossier.

Un scénario qui se répète

Encore une fois cette année, l’Ouest est plus fort que l’Est. Je sais que c’est un thème qui se répète, mais c’est flagrant. Chaque année, on croit que ce sera serré, mais après un temps on jette un œil à la fiche des équipes dans l’Ouest contre celles de l’Est et c’est à sens unique.

Les formations dans l’Ouest ont un dossier de 15-2-1 contre les organisations de l’Est depuis le début de la campagne. C’est une domination complète. Les quatre équipes de l’Est ont un différentiel de points qui est négatif, tandis qu’une seule équipe dans l’autre association a ce problème et ce sont les Roughriders de la Saskatchewan qui sont en dernière place.

C’est difficile d’expliquer une telle domination, car il n’y a rien en apparence qui avantage les équipes de l’Ouest au détriment de celles dans l’Est. Il faut dire que le meilleur football se joue présentement dans cette partie du pays. Je dirais que les Eskimos, les Stampeders et les Lions sont actuellement les trois meilleures équipes du circuit et elles sont toutes dans cette association.

Les partisans des Alouettes peuvent donc se consoler avec cette situation, car malgré leur mauvaise séquence ils sont toujours dans le coup. Comme les autres équipes perdent, les Alouettes ne se retrouvent qu’à un seul match des Argonauts et du premier rang.

Une série déterminante des Alouettes

Ce facteur amène mon dernier point qui déroge un peu de mes anciennes chroniques où je parle de ce que j’ai retenu de la dernière fin de semaine, mais avec la semaine de congé des Alouettes, je dois mettre de l’avant ce qui s’en vient de leur côté.

Avec la situation que je viens d’aborder alors que les équipes de l’Est ne peuvent amasser de victoires, c’est une excellente opportunité qui se présente pour la troupe de Jacques Chapdelaine avec sa série aller-retour contre les Argonauts de bien se positionner pour le premier rang dans l’Est.

C’est certain que c’est le retour de Marc Trestman et S.J. Green, pour ne nommer que ceux-là, qui va retenir l’attention. Il y a tellement de joueurs qui ont évolué pour l’équipe adverse que ce sera intéressant à voir comme dénouement.

Ces deux semaines pourraient être déterminantes pour la fin de la saison des Alouettes et le classement dans l’Est.

Propos recueillis par Maxime Tousignant