L'expert football Matthieu Proulx revient sur cinq éléments qui l'ont marqué durant la dernière semaine dans la Ligue canadienne de football.

Un plateau pour un vieux routier

On dirait que chaque semaine il y a des plateaux qui sont atteints dans la Ligue canadienne, et la dernière ne fait pas exception. Tout d’abord, le quart des Roughriders de la Saskatchewan, Kevin Glenn a atteint le cap des 50 000 verges par la voie des airs. Il devient le septième quart seulement dans l’histoire de la Ligue à franchir ce plateau ce qui est tout un exploit pour celui qui a surtout été considéré comme un quart substitut tout au long de sa carrière. Kevin Glenn est le véritable Journeyman de la LCF. Il a entamé sa carrière en 2001, a joué pour six équipes, dont trois passages en Saskatchewan, tout en faisant partie de huit des neuf formations du circuit (il n’a pas disputé de match avec les Argonauts et le Rouge et Noir, même s’il était dans leur formation).

Chaque fois que Glenn arrivait dans une nouvelle organisation, il parvenait à se tailler une place comme partant, soit par ses performances ou en raison d’une blessure à un joueur. Le quart de 38 ans a toujours été en mesure de générer des résultats sur le terrain, même s’il n’a jamais été considéré comme un quart de concession qui pouvait amener un championnat. C’est malgré tout un joueur très constant et c’est ce qui explique qu’il ait atteint ce plateau fort impressionnant.

Nik Lewis ne dérougit pas

L’autre plateau qui a été atteint et qui mérite d’être souligné, c’est celui du receveur Nik Lewis avec maintenant 1000 réceptions dans sa carrière. C’est incroyable comme accomplissement pour celui qui a été nommé recrue de l’année en 2004 et qui n’a pas dérougi depuis. Il a enregistré dix saisons de plus de 1000 verges, il s’est retrouvé plusieurs fois sur l’équipe d’étoiles et il a remporté la Coupe Grey à deux occasions. Ce qui m’a fait écarquiller les yeux, c’est qu’il a obtenu le plus d’attrapés l’an dernier avec 102.

Donc même en fin de carrière, il est en mesure de livrer la marchandise. Chaque année lorsqu’il se présente avec les Alouettes, on peut penser que c’est bientôt terminé pour lui, mais il est du rendez-vous et il attrape tous les ballons lancés dans sa direction.

C’est évident que Lewis a perdu beaucoup de sa vitesse depuis ses débuts, lui qui était retourneur à son entrée dans la Ligue. Il a toujours su s’adapter à l’évolution du jeu. Il est devenu un étudiant du football, alors qu’il décortique beaucoup sur le terrain les différentes stratégies afin de savoir où se placer. Il improvise à plusieurs occasions, car il pense avoir la meilleure réponse selon ce que la défense lui présente. On ne peut nier qu’il a connu énormément de succès au cours de sa carrière.

Les Tiger-Cats sur la bonne voie

La semaine dernière, j’ai fortement critiqué les Tiger-Cats de Hamilton, mentionnant que cette équipe n’allait nulle part, et force est d’avouer que je dois maintenant nuancer mon propos alors qu’ils ont offert une prestation inspirante contre l’équipe qui est considérée comme étant la meilleure à travers la ligue, les Eskimos d’Edmonton.

C’est une équipe qui a encore des problèmes, mais on voit maintenant une progression. Pour ceux qui ont regardé la rencontre, ils ne peuvent ignorer qu’ils ont un front dominant avec Ted Laurent et Davon Coleman. Les joueurs défensifs ont donné des maux de tête à la ligne à l’attaque des Eskimos et à Mike Reilly. Ils ont une jeune tertiaire avec Larry Dean et Simoni Lawrence qui couvrent beaucoup de terrain tout en pouvant frapper solidement.

Si le coordonnateur défensif Jeff Reinebold peut canaliser cette intensité, il a les éléments sous la main pour connaître plus de succès. C’est certain que ce n’est pas rose en ce moment à Hamilton, comme les Tiger-Cats n’ont pas encore signé de victoire, mais il y a un espoir avec ce match. Ils ont presque vaincu la meilleure équipe, alors qu’ils ont laissé filer une avance en toute fin de rencontre pour s’incliner 31 à 28.

Un jeu similaire, décision différente

Wilder reçoit un coup de main

Lors du match entre Toronto et Ottawa lundi, avec moins de dix minutes à écouler au quatrième quart, une course de James Wilder se termine, mais c’est évident que son coéquipier William Campbell le prend et le tire vers l’avant pour lui faire gagner quelques verges supplémentaires. Il n’y a aucune ambiguïté sur la séquence et c’est ce qu’on appelle un "bloc en tandem". On se souviendra en début d’année dans la rencontre entre les Alouettes et les Eskimos, Tyrell Sutton avait été tiré dans la zone des buts par Philip Blake et le touché a été refusé.

Le dénouement fait en sorte que ce jeu a eu une incidence directe sur le résultat de la partie puisque les Alouettes ont été vaincus 23-19. La pénalité avait été décernée sur cette séquence, ce qui n’a pas été le cas dans l’affrontement entre les Argonauts et le Rouge et Noir. Cette pénalité n’est à toute fin pratique jamais appelée par les officiels et nous en avons eu la preuve hier. C’est le bon moment, pour tenter de changer le règlement afin qu’il n’existe plus pour permettre aux joueurs de ligne à l’attaque d’aider leur coéquipier à progresser avec le ballon.

Un début de saison prometteur

Nous sommes au quart de la saison et le spectacle est impressionnant depuis le début de l’année, mis à part l’arbitrage qui est critiqué, et ce peu importe le sport, et avec raison en certaines occasions. De bons jeunes joueurs s’illustrent dans une ligue qui a beaucoup de parité ce qui offre des fins de matchs excitants. Chaque semaine, des rencontres se décident dans les dernières minutes de jeu. C’est sans compter que beaucoup de points sont inscrits et nous avons droit à des attrapés spectaculaires en prime. La défense et les unités spéciales ne sont pas en reste également lorsque vient le temps d’animer le spectacle.

Nous avons été bien servis jusqu’à maintenant et c’est de bon augure. Habituellement, le premier quart de la saison est un peu plus brouillon, et même si certains matchs l’ont été, ça promet pour la suite de la campagne.

Propos recueillis par Maxime Tousignant