Le virage vers les jeunes se poursuit
LCF vendredi, 13 mai 2016. 00:33 dimanche, 15 déc. 2024. 15:33MONTRÉAL - En dévoilant les nouveaux chandails de ses neuf équipes, jeudi, la Ligue canadienne de football ne voulait pas seulement piquer la curiosité des gens, elle poursuivait aussi son offensive pour séduire un public plus jeune.
Sans jamais renier sa tradition et son audience fidèle d’un océan à l’autre, la LCF a définitivement emprunté un virage jeunesse dernièrement. L’association avec Adidas pour élaborer l’allure des uniformes cadre parfaitement dans ce sens.
Mais la démarche ne s’arrêtait pas là. L’accent avait vraiment été placé vers la prochaine génération de partisans avec l’offensive sur les réseaux sociaux et les lunettes vidéo 3D qui ont pu être essayées par des amateurs et des joueurs.
« Notre approche doit s’assurer de conserver nos partisans de longue date, mais on se concentre aussi à attirer la prochaine génération d’amateurs avec nos projets », a commenté le commissaire Jeffrey L. Orridge, qui était de passage en ville.
Également présent à cet événement, le président des Alouettes de Montréal, Mark Weightman a confirmé que son organisation se situait exactement dans cette orientation. D’ailleurs, les effets se font déjà sentir de manière remarquable.
« Pour toutes les ligues sportives, le futur consiste à accrocher les jeunes partisans. L’an passé, la moyenne d’âge au Stade (Percival-Molson) a rajeuni de 4,6 ans comparativement à 2014. C’est très encourageant de constater ça pour une seule année », a rapporté Weightman, évoquant aussi des progrès sur les cotes d’écoute à la télévision et à la radio.
Le vent de changement se ressent également sur le terrain alors qu’une multitude de jeunes joueurs occupent un rôle important dans les formations. Boris Bede, le puissant botteur des Alouettes, se classe dans ce groupe et il apprécie le courant qui secoue la LCF.
« On voit un renouveau un peu partout, autant dans les règlements que dans les partenaires corporatifs et ça amène une certaine fraîcheur. C’est la réalité, les jeunes poussent pour remplacer les vétérans. Étant donné que le football progresse, les jeunes sont plus prêts quand ils arrivent donc ils font leur place plus rapidement. Ils n’ont pas à attendre deux à trois ans avant de se faire valoir », a fait remarquer Bede sans vouloir minimiser l’importance des vétérans.
Bede, qui est âgé de 26 ans, était définitivement à son aise durant cette présentation des nouveaux gilets. Une photo par-ci, une photo par-là, une discussion avec un partisan, une entrevue ensuite... Le Français ne cache pas que lui et les joueurs de son groupe d’âge apprécient ces petites attentions aux détails.
« Comme on dit : "You look good, you play good". Adidas est en expansion au football et c’est la plus grosse compétition à Nike dans la NFL. Ils veulent apporter du nouveau pour bâtir leur réputation », a convenu l’athlète qui sympathisait avec Laurent Ciman qui n’a pas été sélectionné pour l’Euro.
En ce qui concerne les Alouettes, l’organisation a préféré se limiter à de minuscules changements à ses deux chandails principaux pour des motifs compréhensibles.
« On a voulu miser sur la tradition. On les avait changés assez souvent dans les premières années à Montréal, mais cet uniforme demeure assez récent. Pour le côté plus moderne, on est l’une des équipes qui a gardé son troisième uniforme (le gris élaboré en l’honneur de l’escadron 425) », a expliqué Weightman qui a admis que les déboires traversés par les Alouettes en 2015 ont quelque peu ralenti la vente de billets.
Mettre en valeur le talent des joueurs
La stratégie n’a rien de révolutionnaire, mais elle a été utilisée avec brio notamment par la PGA, la NFL, la LNH et le baseball majeur. Cette approche vise à démontrer aux gens à quel point les athlètes de la LCF sont talentueux et hors de l’ordinaire.
Le commissaire Orridge a insisté sur cette orientation entamée depuis quelques mois.
« On va raconter plus d’histoires fascinantes de nos athlètes. On veut exposer les efforts qu’ils ont effectués pour se rendre à ce sommet. Ces joueurs accomplissent aussi des choses sur le terrain que les personnes normales ne peuvent pas faire, on doit le mettre en relief », a-t-il lancé avec conviction.
Le commissaire désire également que les joueurs se rapprochent encore plus des partisans qui consomment le football canadien. Lui et la dizaine de joueurs présents ont montré l’exemple en conversant avec plusieurs amateurs venus assister au lancement.
« On veut parler aux gens, se rapprocher d’eux et connaître leurs préférences. C’est important que les amateurs puissent être en contact avec les joueurs », a rappelé le patron de la LCF.
Depuis son entrée en poste au printemps 2015, Orridge s’est attardé à rehausser la sécurité des joueurs. De nouvelles mesures ont été prises dans ce sens et il espère ne plus assister à une hécatombe comme celle de la dernière saison.
« On a eu une vague de blessures qui a frappé les quarts-arrières et c’était dommage. Au total, 28 différents quarts ont entamé des matchs. Si tout le monde peut rester en santé, et je ne parle pas juste des quarts-arrières, on pourra voir les meilleurs athlètes en action », a-t-il souhaité.
À propos des meilleurs athlètes, les joueurs canadiens sont plus nombreux qu’avant à se faire recruter par la NFL si bien que la LCF perd des atouts intéressants. Le commissaire du circuit canadien comprend que c’est inévitable.
« Cette réalité remonte à bien longtemps, c’est naturel que les équipes de la NFL dépistent le talent et déterminent les joueurs qui peuvent les aider. On fait la même chose et on a quand même pu voir une autre sélection très talentueuse au dernier repêchage. Le talent était assez réparti », a répondu Orridge.
En terminant, le commissaire a joué de prudence quant à l’éventualité de la présentation de la Coupe Grey à Montréal, ce qui n’est pas arrivé depuis 2008.
« Il y a toujours dans l’air le plan de tenir cet événement à Montréal. Ça viendra au moment opportun et je ne peux pas spéculer. Chaque année, on décide de l’endroit avec les gouverneurs qui reçoivent les candidatures et évaluent le tout », a conclu Orridge sans vouloir en dire davantage.