Depuis dimanche dernier, Samuel Giguère peine à évacuer son esprit de la défaite encaissée à la Coupe Grey et c’est en poussant à fond de train sur un bobsleigh qu’il espère se libérer la tête.

Une semaine après avoir tenté, en vain, d’aider les Tiger-Cats de Hamilton à soulever le précieux trophée de la LCF, Giguère s’envolera à destination de Calgary pour viser son autre objectif, une participation aux Jeux olympiques de Sotchi.

L’athlète de 28 ans est emballé par le défi d’envergure de se tailler une place sur les deux premières équipes de bobsleigh qui représenteront le Canada en Russie, mais il réalise que son arrivée froissera plusieurs égos.

« C’est sûr que je devrai vivre cet accueil. Chaque fois que tu arrives dans une équipe établie et que tu peux prendre la place d’un membre, certaines personnes ne sont pas contentes de te voir débarquer », a-t-il reconnu.

Samuel GiguèreCe phénomène, d’une entrée en scène tardive, se produit également du côté féminin avec le retour de l’expérimentée Heather Moyse, mais Giguère en a vu d’autres après avoir vécu la rigoureuse compétition de la NFL, de la LCF et du sport amateur d’élite l’an dernier.

« C’est peut-être moins fréquent dans le sport amateur, mais je suis habitué de vivre ces situations dans le sport professionnel », a commenté Giguère en soutenant qu’il ne sera pas affecté par les regards aussi froids que la piste de bobsleigh qu’ils risquent de recevoir.

Avec une telle compétition qui l’attend, le billet pour la Russie ne lui sera pas confié facilement. Tout de même, Giguère aborde cette mission avec confiance car il a prouvé que c’était possible en 2012 (avec son équipe sur la photo).

« Quand tu décides de quitter pour le football, ils te remplacent sans tarder surtout que tu pourrais subir des blessures. Voilà pourquoi je dois arriver à Calgary et pousser plus vite que ceux qui ont pris ma place, c’est ça mon défi », a admis Giguère qui était parvenu à se mériter un poste sur la deuxième équipe canadienne l’hiver dernier.

Le numéro 11 des Tiger-Cats est le premier à reconnaître que le parcours sera encore plus éprouvant durant une année olympique alors que les athlètes amateurs bâtissent leur programme de quatre ans pour arriver à leur sommet.

« Tout le monde poussera plus fort et plusieurs vétérans sont revenus en vue des JO. La compétition est forte au Canada ce qui est une bonne chose parce qu’on obtiendra de bons résultats peu importe la composition de la délégation. »

Attaché aux Tiger-Cats

En février 2010, Giguère – en tant que membre de l’équipe d’entraînement - a eu le privilège d’accompagner ses coéquipiers des Colts d’Indianapolis en Floride dans la frénésie du Super Bowl. Trois ans plus tard, il a accédé au championnat du circuit canadien et il était ravi d’occuper un rôle plus important.

« C’est certain que j’avais déjà vécu plus gros avec le Super Bowl, mais quand j’étais plus jeune, je suivais davantage les Alouettes et la LCF que la NFL. Je me souviens qu’on faisait toujours un souper en famille pour regarder la coupe Grey avec mes deux frères », s’est-il rappelé.

« Bien sûr, c’était vraiment intéressant de contribuer cette fois même si ce n’était pas la fin que j’avais imaginée. »

Sur le terrain des Roughriders, dans les plaines de la Saskatchewan, les Tiger-Cats s’étaient creusés un trou – un déficit de 31-6 à la demie - dont ils n’ont pu s’extirper par la suite. Giguère préfère cette hypothèse pour expliquer leur défaite.

« Je ne pense pas que nous avons été affectés par l’ampleur du match parce que c’est toujours bruyant et intimidant dans ce stade, mais on a commis trop d’erreurs en début de match et on ne pouvait pas se permettre cela contre un adversaire aussi redoutable », a-t-il expliqué. 

Samuel GiguèreIl s’agissait de la première présence à la Coupe Grey pour Hamilton depuis 1999, mais l’ancien du Vert & Or prétend que la saison 2014 s’annonce encore plus intéressante.

« J’aime mes coéquipiers ainsi que le groupe d’entraîneurs et je pense qu’on peut retourner à la Coupe Grey l’an prochain et la gagner », a avancé le père d’une petite fille.

Ce scénario demeure possible, mais il l’est tout autant que celui selon lequel Giguère pourrait être sélectionné au repêchage d’expansion du Rouge et Noir d’Ottawa s’il n’est pas protégé par son organisation.

« Je ne crains pas vraiment de quitter l’équipe et c’est certain que j’aimerais demeurer avec Hamilton. Ceci dit, si ça arrivait, ce ne serait pas si terrible de se retrouver à Ottawa », a confié le Sherbrookois qui comprend la réalité du sport.

Sa deuxième saison dans la Ligue canadienne a été amputée de sept matchs en raison d’une blessure et il est persuadé de pouvoir en offrir encore plus l’an prochain grâce à un facteur bien important.

« Quand j’étais en santé, j’ai pu accomplir des choses intéressantes et notre groupe actuel d’entraîneurs m’a fait plus confiance que l’ancien donc j’étais content. Je commence à être plus à l’aise dans la LCF où il y a plusieurs nuances à assimiler. J’étais beaucoup plus confortable sur le terrain et je crois que ça va continuer dans ce sens », a conclu celui qui se réjouit de l’excellente saison de son ami Pierre Garcon avec les Redskins de Washington.