MONTRÉAL – Puisque la dernière édition remontait à 2019, on savait que ce serait facile de dénicher une ou deux belles histoires au camp régional de la LCF, mais elles étaient tellement nombreuses qu’on vous en propose six ! 

On peut dire sans se tromper que l’attente en valait la peine puisque six joueurs ont suffisamment impressionné pour être invités au camp national à Toronto du 25 au 27 mars. De plus, il y a fort à parier que d’autres athlètes présents, vendredi, à Baie-d’Urfé, seront repêchés le 3 mai. 

Chapitre 1 : Chasser le négatif de cette blessure

Après la saison annulée de 2020, Ryth-Jean Giraud devait tout casser sur son passage en 2021. Le porteur de ballon des Carabins de l’Université de Montréal avait épaté en 2019 et il était pressenti pour dominer le circuit québécois. 

« Le fait de me blesser a travaillé mon caractère »

Giraud s’est toutefois blessé au tout début de la dernière saison et il a eu à puiser très loin dans ses ressources pour surmonter cette épreuve survenue à un horrible moment. 

« Je ne mentirai pas, ça m’a fait mal de me blesser et c’était tough au début. Ça m’a permis de travailler sur ma personne et mon caractère pendant toute la saison. Le fait que je puisse démontrer mon talent aujourd’hui et que je sois sélectionné, c’est le meilleur sentiment », a confié l’athlète de cinq pieds dix pouces et 200 livres. 

Son entraîneur, Marco Iadeluca, était particulièrement fier de voir qu’il a eu le dessus, comme c’est son habitude sur le terrain, face à cet obstacle. 

« C’est sûr qu’il a été frustré au début, mais voilà ce qui a été impressionnant. Au lieu de se laisser abattre, il a travaillé extrêmement fort. C’était le fun de le voir persévérer, il avait tellement faim avant la saison », a souligné le pilote des Carabins. 

Sans cette blessure, il aurait été étonnant que Giraud ne soit pas convié directement au camp national. Puisque la qualité de son arsenal appartient à ce créneau. 

« Ouais, ce n’est pas pour être arrogant, je connais mon talent. J’ai vu la compétition et je n’ai pas froid aux yeux », a convenu Giraud qui n’a pas ménagé plusieurs adversaires vendredi. 

Chapitre 2 : Répondre aux attentes

Dès le début de la journée, en bavardant avec quelques dirigeants de la LCF, il ne suffisait que d’insister quelques secondes pour qu’on se fasse souffler à l’oreille de surveiller le receveur Vincent Forbes-Mombleau. 

« C'était dans mes objectifs d'être invité au camp national »

Cela dit, l’athlète du Rouge et Or de l’Université Laval était si dominant lors des tests qu’il aurait fallu dormir pour ne pas le remarquer. Forbes-Mombleau a terminé premier au bench press, premier aux trois cônes, troisième au saut vertical, quatrième au saut en longueur ainsi que cinquième au sprint de 40 verges et au test shuttle

« Je suis très content, je ne cacherai pas que c’était mon objectif. J’ai travaillé fort avec Guillaume Rioux, mon préparateur physique, pendant les deux derniers mois. Je suis heureux que ça porte fruits », a commenté Forbes-Mombleau. 

« C’était une légère déception de ne pas avoir été invité directement (au camp national à Toronto), mais c’est parfois relié à des circonstances », a-t-il reconnu. 

Forbes-Mombleau s’est assuré de gagner d’autres points dans les confrontations individuelles, il s’est distancé de ses couvreurs avec une belle aisance. 

Chapitre 3 : La découverte tardive du football américain 

Chris Ciguineau, un sympathique demi défensif originaire de Montréal, a été l’un des premiers joueurs à attirer notre œil à l’arrivée. Mais on ignorait que ce porte-couleurs des Gee-Gees d’Ottawa a débuté le football uniquement au CÉGEP. 

« J'ai commencé le football au Cégep et je suis tombé en amour »

« J’ai commencé à Ahuntsic en troisième division. J’ai joué au soccer de 7 à 18 ans, mais j’avais arrêté le sport et j’avais perdu la passion pour l’école. Jusqu’à ce que je vois un match de football, l’équipe de mon CÉGEP a perdu, mais j’ai vu une interception ramenée pour un touché et je me suis dit ‘Wow, c’est trop cool, je veux faire ça!’ », a expliqué l’athlète de six pieds deux pouces et 193 livres. 

« L’entraîneur m’a donné une chance et, depuis ce jour, j’ai travaillé fort pour rattraper ceux qui jouaient depuis neuf ou dix ans. Tout est possible », a ajouté Ciguineau qui a d’abord été recruté comme botteur avant de vouloir prouver qu’il pouvait jouer ailleurs. 

Pour ajouter à son histoire savoureuse, Ciguineau était encore plus heureux pour ses coéquipiers que pour lui-même. Ils seront quatre membres des Gee-Gees à Toronto. 

Chapitre 4 : Rêver éveillé 

Le sourire de Frednick Éveillard brillait jusqu'au sommet du dôme de Baie-d’Urfé. Coéquipier et ami de Ciguineau, l’athlète de six pieds trois pouces et 222 livres rayonnait après avoir appris l’heureux verdict. 

« Être invité au camp national ça veut dire veaucoup pour moi »

Ça s’explique non seulement par cette nouvelle positive, mais aussi puisqu’il a réussi sa transition de receveur à joueur de ligne défensive. 

« C’est très satisfaisant. Quand j’ai changé de position, je ne savais pas dans quoi je me lançais. J’y suis allé par instinct et j’en suis bien content. J’ai pu jouer avec mes amis de la défense et ils m’ont tout appris. Les entraîneurs (dont le coordonnateur défensif Jean-Vincent Posy-Audette) m’ont accueilli et j’ai vraiment eu du plaisir. Je ne peux pas demander mieux », a commenté le joueur au physique impressionnant. 

« Je suis vraiment, vraiment content. J’ai investi beaucoup d’efforts dans les dernières années et de voir que ça me permet d’être invité au camp national, ça veut dire beaucoup à mes yeux », a-t-il ajouté. 

Petite confession des coulisses, Ciguineau et Éveillard étaient pratiquement plus heureux de rencontrer le collègue Didier Orméjuste, une inspiration pour eux, que d’être choisis pour cette grande étape. Après deux ans de pandémie, c’était simplement beau à voir.  

Chapitre 5 : de la France à la LCF

Le rêve d’Edris Jean-Alphonse semblait encore plus audacieux. 

« Je suis parti de la France pour accomplir un rêve »

« Je n’ai pas de mots, ça fait longtemps que je travaillais pour ça. Je suis parti de la France à 19 ans pour accomplir un rêve. Aujourd’hui, j’ai saisi l’occasion. Beaucoup de gens comptaient sur moi », a prononcé Jean-Alphonse avec émotion. 

« Je joue depuis que j’ai 14 ou 15 ans parce que papa jouait avant. J’y ai pris goût, j’ai monté dans les équipes junior et senior. Je suis arrivé au Canada à Thetford, on ne connaît pas du tout ce qui nous entoure. On se fait recruter à l’Université Laval, une grosse équipe. On fait le parcours assez tumultueux à Laval, mais on reste très attaché à l’équipe. J’aime les expériences vécues là-bas. On se retrouve ici avec des joueurs de talent et les dirigeants LCF. J’étais stupéfait surtout que je suis quelqu’un qui stresse beaucoup en plus. Et j’entends mon nom, je suis très heureux », a narré le demi défensif de six pieds et 209 livres. 

Jean-Alphonse a dominé ses rivaux au sprint de 40 verges avec un chrono de 4,57 secondes. 

Chapitre 6 : S’accrocher à l’espoir

Une délégation de sept joueurs des Carabins était présente au camp régional. Tyson-Otis Copeland a failli accompagner son coéquipier Ryth-Jean Giraud à l’étape suivante. 

Le demi défensif s’est très bien débrouillé dans la majorité des tests, mais ce ne fut pas suffisant pour obtenir l’invitation recherchée. Cela dit, il est permis de croire que sa performance lui permettra d’être repêché dans moins de deux mois. 

« Je pensais vraiment être choisi pour le camp national, mes tests ont été assez bons même si je prévoyais un peu mieux. Mais de belles choses m’attendent et je crois quand même que je serai repêché », a également jugé cet étudiant en génie électrique.

Il admet que sa blessure, le privant de plusieurs matchs en 2021, l’a forcé à effectuer un rattrapage physique. 

Aux dires de son entraîneur, Copeland mérite la confiance d’une équipe de la LCF. 

« C’est l’un de nos plus beaux espoirs. C’est un super athlète, il a un bon gabarit, il est grand, il court aisément et il joue bien le ballon. Il a assurément le profil pour jouer dans cette ligue », a insisté Iadeluca qui l’a employé notamment comme demi de coin partant du côté court. 

Le mot de la fin revient à Danny Maciocia, le directeur général des Alouettes. Conscient de l’importance de repêcher des joueurs québécois, il pourrait piger dans cette liste. 

« Dans un camp comme celui-ci, ce sont des joueurs auxquels tu commences à réfléchir à partir de la quatrième ronde. L’an passé, on a été chanceux d’ajouter (le botteur) David Côté (en cinquième ronde). C’est un chemin un peu différent que celui pris par les autres, mais ça ne veut pas dire que ça ne mène pas au même endroit. »