Le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) a frappé un grand coup mercredi alors que quatre joueurs des universités québécoises ont accédé au top-5 du classement de la LCF des meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage.

Il s’agit de la meilleure récolte pour les six équipes québécoises depuis la création du Bureau du recrutement amateur du circuit professionnel canadien en 2008. Ce n’est pas tout puisqu’un total de six athlètes du RSEQ ont été répertoriés dans ce top-15.

Patrick LavoieCe résultat prouve la progression du football québécois et les anciens acteurs de ce programme se réjouissent de cet accomplissement.

« Je ne suis pas vraiment surpris et je me réjouis pour eux. Ce n’est pas étonnant avec la qualité des entraîneurs dans le RSEQ et parce qu’il existe tellement de bons programmes dont le développement des joueurs leur tient à cœur. Il y a aussi de gros investissements qui sont effectués à Laval, Montréal et Sherbrooke », a commenté Patrick Lavoie (photo), un choix de deuxième ronde des Alouettes de Montréal en 2012.

« Ça reflète le talent des joueurs et des entraîneurs du Québec. Il faut aussi souligner le travail des entraîneurs aux niveaux collégial et secondaire. Avec les programmes collégiaux, les joueurs sont plus prêts et matures quand ils arrivent au niveau universitaire », a ajouté son coéquipier Marc-Olivier Brouillette (photo ci-dessous) qui a effectué une admirable transition de quart-arrière à joueur défensif depuis qu’il a été repêché par les Alouettes en troisième ronde en 2010.

Considéré comme un maître du recrutement, Jim Popp n’est guère surpris par ce résultat encourageant. Au fil des ans, le directeur général des Alouettes a déniché plusieurs perles à travers le Québec et ce, autant tôt que tard dans le repêchage comme le prouve la sélection de Luc Brodeur-Jourdain en sixième ronde en 2008.Marc-Olivier Brouillette

« On repêche toujours les meilleurs joueurs et ça tombe bien que plusieurs d’eux proviennent des universités québécoises ce qui rend le tout plus facile pour nous. Les universités québécoises ne cessent pas de grandir et ils préparent bien leurs athlètes pour les rangs professionnels », a-t-il avoué.

Sur cette liste provisoire, le haut du pavé appartient au joueur de ligne offensive Laurent Duvernay-Tardif des Redmen de McGill. Cette récompense a été ressentie comme un soulagement et une motivation pour le colosse de six pieds cinq pouces et 305 livres.

« Ouf… j’étais vraiment content », a-t-il décrit comme sa première réaction. « Quand je suis allé au Défi Est-Ouest, un classement préliminaire avait été publié et j’avais été placé au premier rang. Bien sûr, j’étais très heureux sauf que j’y croyais un peu moins. C’est pourquoi je m’étais imposé beaucoup de pression pour les deux premières rencontres et je suis soulagé de voir que ce n’était pas éphémère. »

Un potentiel illimité jusqu’à la NFL?

L’exploit s’avère encore plus grand pour le doué étudiant en médecine car il doit rater une multitude d’entraînements en raison de son exigeant programme scolaire.

Laurent Duvernay-TardifAbsent du camp d’entraînement pour cette même raison, l’agile mastodonte ne s’était pas encore entraîné avec son équipe mercredi soir en vue de la partie de samedi contre Mount Allison.

Devant négocier avec cette réalité, Duvernay-Tardif compense par son travail pour convaincre les recruteurs.

« Je veux donner l’image d’un joueur qui se donne en entier et qui ne lève pas le pied sur certaines répétitions. Je veux aussi montrer mes capacités athlétiques parce que sans critiquer l’Université McGill, on ne m’a pas enseigné énormément en tant que joueur de ligne offensive puisque j’amorce seulement ma troisième saison à cette position », a expliqué l’ancien joueur de ligne défensive.

« Même si je n’utilise pas toujours une technique parfaite, l’important c’est que le travail soit accompli et c’est ce que les recruteurs vont observer. Ils savent que je ne joue pas à cette position depuis longtemps et que mes entraînements sont limités dans une semaine », a-t-il ajouté.

Le classement de la LCF pourrait bouger au cours du calendrier universitaire, mais l’imposant joueur des Redmen risque surtout de gagner en efficacité grâce à une expérience plus vaste.

« Je crois que j’ai le potentiel de me développer à cause de ce facteur. J’ai tout à gagner à être plus coaché quand j’aurai plus de temps », a admis le robuste numéro 66.

À sa quatrième saison dans le circuit québécois, Duvernay-Tardif possède son explication menant au succès du Rouge et Or, des Carabins, du Vert & Or, des Gaiters, des Stingers et des Redmen. Laurent Duvernay-Tardif

« Il y a plusieurs raisons, mais je dirais que la médiatisation de notre football fait en sorte que nous avons plus d’argent et d’importance ce qui nous donne accès à de meilleurs entraîneurs. Il ne faut pas se le cacher, cet encadrement est une grande partie de la réussite », a avancé celui qui est ravi que David Foucault (Montréal), Pierre Lavertu (Laval) et Adam Thibault (Laval) l’accompagnent dans le top-5.

Inévitablement, le parcours de Duvernay-Tardif rappelle celui de Jean-Philippe Darche qui s’est établi dans la NFL après avoir étudié en médecine à McGill. Celui qui attirera sans cesse les regards cette saison au football universitaire est loin d’écarter l’option de la NFL.

« Ce n’est pas que je suis de nature pessimiste, mais je commence par donner mon 100 % et on verra la suite. Bien sûr, je ne cracherais jamais sur une chance de jouer dans la NFL et je prévois d’ailleurs m’entraîner cet hiver pendant deux ou trois mois aux États-Unis. Jouer dans la LCF pendant quelques années serait satisfaisant pour moi également », a-t-il détaillé.

Les ressemblances se poursuivent car Duvernay-Tardif désire aussi reprendre ses études en médecine une fois « l’opération » football de sa carrière terminée. 

« J’aime trop la médecine, c’est certain que je vais y revenir plus tard. C’est inspirant de savoir que quelqu’un d’autre l’a déjà fait. J’ai même eu la chance de souper avec Jean-Philippe récemment. Il m’a donné des conseils et il est devenu un exemple », a remercié le diamant à l’étape du polissage.