MONTRÉAL – Difficile de trouver un meilleur exemple que l’histoire de Bear Woods pour illustrer l’expression : tourner le fer dans la plaie.

 

Six mois après avoir été libéré à la grande surprise de tous par les Alouettes de Montréal, Woods a atteint le match de la coupe Grey pour la première fois de sa carrière. Il n’a eu besoin que de quelques jours pour renouer avec Jim Popp et Marc Trestman qui venaient de prendre les rênes des Argonauts de Toronto.

 

Woods était arrivé dans la famille des Alouettes, en 2011, tout juste après leurs deux conquêtes consécutives du trophée emblématique de la LCF. Il croyait bien pouvoir vivre cette expérience avec les Oiseaux, mais il aura fallu qu’il soit sacrifié par la nouvelle administration montréalaise pour atteindre son objectif.

 

Le départ du secondeur étoile avait provoqué de secousses sismiques chez les Alouettes. Certains joueurs avaient même versé des larmes en apprenant la nouvelle. Finalement, Woods ne fait que se dire qu’il n’aurait pas pu demander mieux comme scénario.  

 

« C’est exactement ça, quand tout ça s’est produit, je gardais confiance que Dieu allait me réserver de belles choses et c’est arrivé en pouvant être réuni de nouveau avec Jim Popp et Marc Trestman. C’est vraiment une belle histoire qui s’est écrite cette année chez les Argos », a exprimé Woods au RDS.ca.

 

Si la séparation avec S.J. Green pouvait s’expliquer, à certains égards, par l’éprouvante blessure dont il devait se remettre, le lien brisé avec Woods avait dévoilé au grand jour le premier chapitre de divergence entre le directeur général Kavis Reed et l’entraîneur-chef du moment, Jacques Chapdelaine.

 

En déménageant à Toronto, Woods est arrivé en même temps que le courant d’air sain poussé par Trestman. En l’espace de quelques mois, l’entraîneur a implanté sa philosophie basée sur le respect et le sens des responsabilités qui a développé un climat verdoyant à Montréal.

 

« C’est une question d’apprécier au quotidien la chance qui s’offre à nous. Il faut se concentrer sur notre rôle et la progression dans notre rendement. On s’est attardé à se comporter de manière disciplinée et responsable. C’est le plan que suit toujours Marc Trestman et son approche a convaincu les joueurs », a souligné Woods.

 

Tyler HolmesLe joueur de ligne offensive, Tyler Holmes, a savouré ces changements qui sont survenus lors de sa cinquième saison avec les Argonauts.

 

« Dès que Jim et Marc sont arrivés, ils ont implanté une culture saine, c’était la meilleure ambiance que j’ai pu voir depuis mes débuts. Personne n’était égoïste, c’était vraiment bien à voir », a exprimé Holmes qui n’a pas manqué un match durant quatre saisons d’affilée.

 

Holmes se pince presque en constatant que cet effet s’est produit en quelques mois uniquement.

 

« C’est la partie incroyable de ce changement. Dès le premier jour, Coach Trestman a donné le ton et tout le monde l’a respecté depuis sa nomination. Il sait ce que ça prend pour bâtir une bonne équipe et les gars ont naturellement suivi son influence », a confirmé Holmes.

 

Trestman y est parvenu malgré une refonte complète, ou presque, de l’équipe. Le ménage a été tout aussi frappant chez les entraîneurs alors que Marcus Brady a été le seul adjoint à conserver son emploi.

 

L’entraîneur s’est fié sur Popp, son complice dans la LCF, pour dénicher des joueurs d’impact. Il ne s’est pas arrêté à Woods et Green, il a notamment ajouté les Johnny Sears fils, Rico Murray et Cleyon Laing du côté défensif. Ils sont venus appuyer d’autres piliers comme Shawn Lemon et Marcus Ball.

 

« C’est incroyable de penser que tous ces athlètes de ce talent ont pu aboutir avec la même formation », a maintenu Woods qui ne s’attendait pas à s’établir dans un tel contexte.

 

En attaque, les gestes de Popp ont également ramené le soleil à Toronto. Citons l’arrivée du receveur Armanti Edwards que Trestman ne cesse de vanter en le décrivant comme un jeune homme « brillant et compétiteur ».

 

Mais tout ce beau travail de transformation sera mis à rude épreuve, dimanche, face aux excellents Stampeders de Calgary.

 

« Le plus important sera d’exécuter nos jeux adéquatement. L’attaque de Calgary ne fait pas de choses très particulières, mais elle fait extrêmement bien ce qu’elle connaît. Ça fait des années que c’est comme ça donc ce sera à nous de tenir le coup », a commenté Woods. Marc Trestman

 

Certes, les Stamps seront perçus comme les favoris lorsqu’ils entameront la rencontre à Ottawa. Toutefois, le clan torontois peut ressentir la confiance nécessaire à la suite de sa remontée en fin de match contre les Roughriders de la Saskatchewan en finale de l’Est.

 

Les Argos avaient perdu l’avance avec 3 :19 à écouler au dernier quart. Lentement, mais sûrement, l’attaque torontoise a franchi le terrain pour reprendre son dû.  

 

« Je trouve que notre équipe a fait un très bon travail pour garder sa concentration tout au long de la saison. Le calme reste présent sur les lignes de côté », a visé Holmes.

 

« On s’attendait à ce que ce soit nécessaire. Ça fait longtemps qu’on sait que le résultat des matchs se décide dans les dernières minutes. Il restait encore beaucoup de temps, c’était pratiquement une éternité si bien que personne ne paniquait. On s’est rabattu sur nos meneurs, on tire notre inspiration de Trestman et Ricky Ray qui gèrent très bien leurs émotions », a conclu Woods qui s’est humblement exclu de cette équation malgré son influence dans cette équipe.