Après avoir perdu quatre de leurs cinq premiers matchs cette année, les Tiger-Cats de Hamilton semblaient sur le point de connaître une énième campagne difficile.

Les blessures et l’exil à Guelph en raison de la cure de rajeunissement que subissait le Stade Ivor Wynne expliquaient une bonne partie des déboires de l’équipe de la Ligue canadienne de football. Cependant, les joueurs ne se sont jamais laissés décourager, si bien que les Ticats sont parvenus à présenter un dossier gagnant à la fin de la saison pour la première fois depuis 2004.

Et pour ajouter un peu de lustre à cette histoire à première vue banale, les Ticats seront les représentants de la division Est au match de la Coupe Grey ce dimanche, alors qu’ils affronteront les Roughriders de la Saskatchewan sur leur propre terrain par-dessus le marché. Mais cet autre obstacle n’effraie pas le moins du monde Samuel Giguère et ses coéquipiers.

« C’est notre force de caractère qui nous définit avant tout », explique le receveur de passes québécois en entrevue téléphonique avec le RDS.ca. « Nous n’avons pas connu un début de saison facile, mais le match de la semaine dernière contre les Alouettes et celui de dimanche contre les Argonauts de Toronto reflètent bien (notre force de caractère). »

« Malgré les obstacles que nous avons connus cette année, nous avons toujours été capables de continuer, de persévérer et de connaître du succès dans les moments cruciaux. »

Face aux Alouettes en demi-finale de l’Est, les Ticats tiraient de l’arrière par 4 points avec un peu plus de 5 minutes à jouer avant qu’ils ne prennent les devants à la suite d’une incroyable poussée de 97 verges. Ils ont éventuellement remporté la rencontre en prolongation.

Puis contre les Argonauts en finale de division, les Ticats ont comblé un déficit de 14 points au 2e quart pour assurer leur participation au match de championnat du circuit canadien pour la première fois depuis 1999. Une éternité dans une ligue qui ne compte que huit clubs.

Et dire qu’ils ont réussi l’exploit sans grande vedette dans la formation. À l’exception du quart-arrière Henry Burris, rares sont les joueurs qui mènent dans l’une des différentes statistiques du circuit Cohon.

« Nous pouvons compter sur plusieurs vétérans, des gars qui jouent dans la ligue depuis plusieurs années », réplique Giguère. « Je pense à notre centre Marwan Hage, qui n’avait jamais connu une saison de plus de neuf victoires en neuf ans avec l’équipe. »

« D’être rendu là où il est aujourd’hui, c’est énorme pour lui. Les joueurs de ligne offensive n’ont pas de statistiques, mais toute l’année, et particulièrement dimanche, Hage a été un grand meneur. »

Une constante évolution

Même s’il n’en est qu’à sa deuxième saison complète avec l’équipe, Giguère peut néanmoins se considérer comme un vétéran du football professionnel. Après son passage avec le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke, il a évolué pendant quatre années avec les Colts d’Indianapolis et les Giants de New York de la Ligue nationale de football.

Le Québécois était d’ailleurs membre de l’équipe d’entraînement des Colts lorsque ces derniers ont participé au match du Super Bowl en février 2010. Il est donc bien placé pour connaître les pièges qui attendent les joueurs qui vivront la Coupe Grey pour la première fois.

Henry Burris et Kent Austin« Il faut essayer de se préparer comme nous l’avons fait pour chaque match tout au long de l’année », pense Giguère. « Nous devons surtout essayer de ne pas penser que ce match est plus gros qu’en réalité. Et il ne faut pas nous mettre trop de pression sur nos épaules. »

Heureusement, Giguère sera épaulé par des coéquipiers et un groupe d’entraîneurs qui sont déjà passés par là. L’entraîneur-chef Kent Austin (à droite sur la photo) et le demi inséré Andy Fantuz ont remporté la Coupe Grey avec... les Riders en 2007, tandis que Burris (à gauche sur la photo) a notamment été choisi joueur par excellence de la rencontre avec les Stampeders de Calgary en 2008.

« Tout au long de la semaine, ils vont partager leurs expériences passées et dire aux jeunes les choses à faire », continue Giguère. « Il y a beaucoup de distractions en marge d’un match de championnat comme celui-là. Comme joueur, tu dois t’isoler de tout ça pour te concentrer. »

Reste que le défi sera important pour les Ticats. Ils ont en effet perdu les deux rencontres qu’ils ont disputées contre les Riders cette année, dont une raclée de 37-0 le 21 juillet à Regina pendant la 4e semaine d’activités. Le Mosaic Stadium est loin d’être un terrain de jeu agréable.

« C’est un territoire hostile », confirme Giguère. « Les partisans font un excellent travail et dérangent les attaques adverses lorsqu’elles sont sur le terrain. Il faudra porter attention à ça dans notre préparation, parce que nous n’entendrons rien sur le terrain. C’est garanti! »

Mais comme l’expliquait Giguère d’entrée de jeu, les joueurs des Ticats sont convaincus d’avoir ce qu’il faut entre les deux oreilles pour mener l’équipe à son premier championnat en 14 ans.

« Nous avons beaucoup évolué depuis le début de la saison. Nous ne sommes pas du tout la même équipe qu’au mois d’août », conclut-il. « Notre force de caractère est à son apogée. »

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